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Fatah/Hamas : Un calumet de la paix entre frères jadis ennemis

Publié le vendredi 29 avril 2011 à 01h33min

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La surprise est de taille ! Le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas islamiste viennent de convenir, au Caire, de former ensemble un gouvernement transitoire dans le but de permettre la tenue d’élections présidentielles et législatives d’ici un an. Inouï, incroyable, mais vrai ! Et c’est bien là un signe des temps : les deux frères ennemis auront fini par comprendre qu’ils ne sont pas condamnés à se vouer une haine viscérale et morbide ad vitam aeternam. Et ce, d’autant plus qu’ils ont un solide adversaire commun, l’Etat hébreu, qui ne demande pas mieux, pour se délecter, que les tourments que leur infligent les haines et mésententes de leurs propres divisions.

Ils auront mis du temps à le réaliser, ils auront déploré des morts de part et d’autre, fauchés par des balles de soldats des frères du camp adversaire, alors que paradoxalement, tous, qu’ils soient du Fatah ou du Hamas, se réclament combattants de la même cause palestinienne. Ce projet de réunification suppose déjà un assouplissement consenti de part et d’autre, de même qu’il traduit que les deux tendances auront enfin compris que c’est dans la seule union que résidera leur plus grande force ainsi que leur capacité à davantage résister à la politique répressive du puissant Etat voisin.

A supposer que ladite initiative voie le jour et aboutisse, la donne devrait changer dans la région. Cependant, tout ne se fera pas comme par enchantement, et les écueils sont ce qui manque le moins. Nul doute que, dans chaque camp, se trouvent des irréductibles qui rejettent même jusqu’à l’idée de compromis et refusent d’envisager le concept même de la conjugaison des forces des frères palestiniens, jusqu’à une date récente encore, ennemies.

L’une des tâches ardues et du Hamas et du Fatah sera de convaincre les extrémistes présents en leur sein de la nécessité de l’initiative envisagée. Un autre écueil et pas des moindre sera de persuader l’Etat hébreu de la bonne foi de cette réunification. Des deux tendances palestiniennes, si le Fatah jouissait d’une réputation de modération, le Hamas, lui, a toujours été perçu comme une aile irréductible aux méthodes dures et volontiers terroristes. Le Premier ministre hébreu, d’ailleurs, traduit déjà les inquiétudes d’Israël, puisqu’il trouve que « l’Autorité palestinienne doit choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas ».

Ce qui, quelque part, laisse percevoir que des trois ensembles, peut-être seul le Fatah se montre le plus malléable, le plus compréhensif et le plus désireux d’une évolution positive du problème qui se pose depuis de si longues années en terre palestinienne. Reste à savoir si ce mouvement de Mahmoud Abbas sera en mesure de contenir, d’une part, le désormais ex-frère ennemi, et, d’autre part, l’ennemi de toujours, en les amenant à arrondir leurs angles respectifs et à envisager de façon plus réaliste et raisonnée cette question palestinienne, vielle de plusieurs décennies et qui, au-delà de la zone du Moyen-Orient, secoue régulièrement de nombreuses régions du globe. Le Fatah est en mesure de le faire. Mais sa seule bonne foi ne pourra que se révéler piteusement insuffisante.

Par Jean Claude Kongo

L’Observateur Paalga

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