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Destins croisés

Publié le mercredi 27 avril 2011 à 01h43min

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C’est dire si notre Chef de file de l’opposition se sent bien seul ; ce qui rend sérieusement suspect l’incendie d’une salle de son siège…
Son compère, Me Hermann YAMEOGO, Chef de file de l’opposition informelle ne dira pas le contraire puisque, lui aussi n’en mène pas large. Si ce n’est pas de l’audace, comment comprendre que des pyromanes revendiquent leurs actes en clair sur des chaînes internationales comme l’a fait le premier responsable de la coordination des élèves et étudiants de Koudougou qui a décrit au détail prêt l’attaque, le saccage puis l’incendie du siège du CDP.

Disons-le tout net. Me SANKARA, Chef de file de l’opposition, a manqué une occasion en or de se taire. Mais comme à son habitude, il suffit de lui tendre un micro pour qu’il se laisse aller à des propos qui laissent à désirer s’il ne fait pas tout simplement douter de sa capacité à assumer les responsabilités d’homme d’Etat qui vont avec ses fonctions. Il nous en donnera une parfaite illustration dans sa lecture des évènements qui ponctuent la vie sociopolitique nationale depuis quelques mois. En ruant dans les brancards à tout propos, et en prenant un malin plaisir à ruser avec les principes comme s’il pouvait les manipuler à sa guise, il a saisi toutes les occasions qui s’offraient pour faire sa propre promotion au détriment de l’intérêt général et de la défense des principes élémentaires de la démocratie.

On a l’habitude de le dire, tout ce qui est excessif est insignifiant. A l’écouter dimanche dernier sur les ondes d’une radio étrangère accuser le parti au pouvoir d’être responsable de la prétendue tentative d’incendier le siège de son parti la nuit précédente, on a comme l’impression du voleur qui crie au voleur tant les dégâts déclarés ont les allures d’un alibi. Pour une pièce brûlée mais dont le contenu a par ailleurs pu être sauvé en partie, notre Chef de file de l’opposition est monté sur ses grands chevaux renvoyant à nos esprits la vingtaine d’édifices publics saccagés et brûlés, la vingtaine de sièges et de domiciles de responsables du parti au pouvoir saccagés et brûlés, la centaine de magasins, boutiques et étals de petits et grands opérateurs économiques vandalisés, pillés et détruits, les dizaines de blessés par balles et autres violences, les femmes violées et personnes qui ont perdu la vie…

Et pourtant, à toutes ces occasions, personne n’a entendu notre illustre Chef de file de l’opposition si ce n’est pour tout au contraire se complaire dans des déclarations irresponsables et infantilistes qui laissent clairement percevoir que sa seule préoccupation en politique est la conquête du pouvoir et rien d’autre. C’est à peine si on l’a entendu exprimer sa compassion envers les victimes des violences des manifestations sa seule préoccupation ayant été d’apporter son soutien aux protestataires avec le secret espoir de capitaliser et endiguer leur colère vers une sorte de chienlit qui mettrait le pouvoir dans la rue. Ainsi, alors que les uns et les autres parlaient de conditions de vie et de travail à améliorer, de recherche de vérité et de justice, lui n’avait à la bouche que « démission de Blaise COMPAORE, gouvernement de transition, non révision de l’article 37, non présentation de Blaise COMPAORE en 2015 », etc.

Des propos dont l’anachronisme aurait donné des occasions de rire encore de lui si le contexte n’était pas aussi douloureux et dramatique pour de nombreux citoyens victimes de l’intolérance et de la bêtise d’autres citoyens. Tout naturellement la mayonnaise n’a pas pris et l’homme s’est retrouvé à hurler comme un loup solitaire qui n’a eu que l’écho pour lui répondre. En effet, une certaine presse qui s’inscrit dans la droite ligne de sa philosophie a tenté vainement de jouer les intermédiaires sans plus de succès. Même au niveau de la société civile, il a fait chou blanc les cornacs de la « vie chère » ayant plutôt jeté leur dévolu sur le Parti Communiste Révolutionnaire Voltaïque) PCRV, vedette incontestée de leur dernière manifestation. Un pied de nez que notre homme a du mal à encaisser.

C’est dire si notre Chef de file de l’opposition se sent bien seul ; ce qui rend sérieusement suspect l’incendie d’une salle de son siège, surtout que sans aucun début de preuve, il l’impute au parti au pouvoir ! On a tout l’air que l’homme travaille à se faire peur et finira par parvenir à ses fins s’il n’y prend garde ; auquel cas il ne devra s’en prendre qu’à sa propre personne. Son compère, Me Hermann YAMEOGO, Chef de file de l’opposition informelle ne dira pas le contraire puisque, lui aussi n’en mène pas large et a vu son domicile caillassé dans un paysage de ruines, d’incendies et de pillages systématiques des biens du parti au pouvoir et de ses responsables. C’est tout dire !

Deux personnages différents aux fortunes identiques et qui devraient s’associer pour partager leur spleen plutôt que de se tirer dessus dans une guerre de représentativité qui n’a aucun sens. Curieux que l’incendie chez l’un et le caillassage chez l’autre se déroulent au moment où il n’y a presque plus rien à brûler du côté du CDP. C’est le lieu de s’étonner du terrible silence radio constaté de ce côté comme si on avait choisi de faire profil bas dans une stratégie de ne pas en rajouter. Une stratégie dont on peut douter du bien fondé puisque les pyromanes ont redoublé d’audace et d’ardeur leurs derniers trophées n’étant rien d’autres que le siège national du parti à Ouagadougou, le domicile du tout dernier Premier ministre à Koudougou et le caillassage de l’Assemblée nationale.

Il faut reconnaître qu’on aurait pu difficilement faire mieux. C’est donc dire que la stratégie du laisser faire n’a pas été productive et qu’il faudra certainement chercher d’autres solutions si le parti ne veut pas voir ses adversaires et d’autres s’en prendre à d’autres militants et sympathisants dont le malheur serait les fortunes supposées ou réelles ou leur influence dans la vie des communautés dans lesquelles ils vivent. Si ce n’est pas de l’audace, comment comprendre que des pyromanes revendiquent leurs actes en clair sur des chaînes internationales comme l’a fait le premier responsable de la coordination des élèves et étudiants de Koudougou qui a décrit au détail prêt l’attaque, le saccage puis l’incendie du siège du CDP de cette ville. Une attitude pour le moins effrontée qui nécessite une réponse républicaine ne serait-ce que pour servir d’exemple à l’ensemble de la jeunesse de notre pays.

Par ailleurs, partout ailleurs, il s’impose que toutes les personnes lésées par les actes de vandalisme fassent valoir leurs droits devant les juridictions et toutes les structures habilitées à le faire. C’est une question de principe et il ne faudra pas lésiner dessus. Surtout pas sous le prétexte de ne pas envenimer la situation. En effet, que serait la démocratie sans le respect des principes sur lesquels elle repose ? C’est même une question de salubrité publique. !

Cheick Ahmed (ilingani2000@yahoo.fr)

L’Opinion

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