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Quand ils manquent à leur parole !

Publié le mercredi 27 avril 2011 à 01h44min

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La violence des pillages des militaires est montée d’un cran à partir du jeudi 14 avril dernier. C’est d’abord le RSP (Régiment de sécurité présidentielle) qui a donné le ton, dans la nuit du 14 au 15, avec pour revendications : le paiement de primes d’alimentation et d’indemnités de logement. Celui-ci verra ses pas emboîtés par des groupes de soldats d’autres unités qui vandaliseront des commerces, des domiciles privés, des hôtels, des stations d’essence, des véhicules privés et publics avec des violences faites sur des personnes. Des actes qui trahissent les propos du Président du Faso quand il disait que « La crise est terminée… ».

Ils avaient portant promis au président du Faso et aux burkinabè qu’aucun coup de feune sera encore tiré. C’était mal les connaître .Que vaut aujourd’hui la parole d’un militaire ? Ce qui est sûr, aucun Burkinabè ne s’hasardera à prendre un pari sur nos bidasses qui se sont souillés eux-mêmes. Après leur rencontre avec le Président du Faso, gonflés à bloc, ils claironnaient par la bouche d’un des leurs : « Dites seulement à la population qu’elle peut toujours faire confiance à l’armée du Burkina Faso… N’ayez pas peur, les manifestations sont finies. La population n’a qu’à nous respecter et je crois qu’on leur doit aussi beaucoup de respect.

Ce n’est pas la peine de nous voir en ville et nous humilier ou bien commencer à nous insulter, ça ne sert pas. Je crois que ce qui est arrivé, nous avons commis une erreur. Si on est humain, je crois qu’on est appelé à commettre des erreurs… » Oui, on peut en tant qu’humain se tromper mais c’est persévérer dans l’erreur qui est diabolique dit le penseur et nos bidasses ont donné l’impression d’avoir à la place du ceinturon qui enserre leur taille un moignon de queue du pied fourchu (le diable). Leurs propos rassurants n’ont-ils pas amené Blaise COMPAORE à dire que la grogne de la soldatesque était finie ? C’est au moment où les paisibles citoyens commençaient à se remettre de leurs émotions et à panser leurs plaies que le bruit des armes ont recommencé à crépiter.

Ainsi, les choses se gâtaient le 14 avril.
Tout a commencé aux environs de 21h. Et cette fois, c’était, on ne pouvait le croire chez les « gardiens du Boss » la Garde de sécurité présidentielle ! Pour, dit-on, revendiquer le paiement de leurs indemnités de logement et primes d’alimentation. Ceux-là mêmes qui n’avaient pas pris part à la première mutinerie et que l’on pensait à tort au-dessus de la mêlée, sont entrés dans la danse macabre. Pour un spectacle désolant c’en était un. En effet, les coups de feu ont éclaté du côté du palais présidentiel de Kosyam, à peine quelques heures après le départ des Gardes de sécurité pénitentiaire, dernier groupe des corps paramilitaires à être reçus par Blaise COMPAORE dans le cadre des concertations entreprises avec les différentes couches socioprofessionnelles relativement justement à cette situation de malaise que connaît le pays.

Et le 15 avril au matin, c’est des Ouagalais qui n’avaient que leurs yeux pour pleurer qui constateront les dégâts : des magasins pillés, des domiciles vandalisés... Mais ce que le RSP a commis n’a aucune commune mesure avec ce qu’ont fait les soldats (ceux des camps Guillaume OUEDRAOGO et Sangoulé LAMIZANA et ceux de la base aérienne) qui ont pris d’assaut armes au poing les biens de la ville et de ses habitants dans la nuit du 15 avril jusque dans la journée du 16 avril.

Des pillages jamais égalés

Les commerçants eux, n’ont que douleur et rage. La désolation est totale. Leurs commerces ont été vandalisés. Supermarchés, caves, boutiques de matériels divers dont Marina market, Bessel équipements, SONACOF, DIACFA automobiles, Burkina Pas cher, Kastouprix, maquis Ouaga-Lyon, Grande Cave, les hôtels Splendid, Palm beach, Pacific et autres, ont été visités. A toutes ces structures, il faut ajouter celles des petits commerçants et autres anonymes dont les commerces et les biens privés ont été vandalisés. Le domicile du chef d’Etat-major particulier de la Présidence du Faso, le Général de brigade Gilbert DIENDERE, a été incendié.

Les domiciles des maires d’arrondissements de Boulmiougou et de Nongr Massom ont été également visités. La radio Savane FM a également subi la furia de la soldatesque : deux ordinateurs emportés, rédaction, studio, secrétariat, salle de production, bureaux du directeur général (DG) et du président-directeur général (PDG) détruits.

Comme rattrapés par une lueur de conscience, les soldats hors-la-loi vont chercher à légitimer leur forfait aux yeux de la population. C’est ainsi qu’ils vont forcer l’entrée d’un magasin de stockage de riz d’un grand opérateur économique du pays. Jouant aux « Zorro », ils demanderont à la population de se servir après s’être d’abord royalement servis. Idem chez le maire de Nongr-Massom où des couvertures, des nattes et des pagnes ont été distribués aux populations.

Le couvre-feu décrété, le samedi 16 avril 2011, aura permis de ramener le calme à Ouagadougou pendant que dans le Sud du pays, à Pô et à Tenkodogo, à Kaya dans la région du Centre-Nord, des mutineries prenaient corps pour connaître leur dénouement le dimanche après des rencontres entre la hiérarchie militaire et les mutins. Ouagadougou, meurtrie, se remet difficilement de cette virée de la soldatesque, le pays aussi.o

Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

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