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CASCADES DE KARFIGUELA : La nécessité d’aménagements sécuritaires

Publié le mercredi 27 avril 2011 à 01h41min

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L’un des plus importants sites touristiques du Burkina Faso, à savoir les cascades de Karfiguela, un site situé à une dizaine de kilomètres de Banfora, risque de perdre de sa notoriété si rien n’est fait pour amoindrir "le danger de mort" lié à sa visite. Lorsqu’on y arrive, les chutes sont tellement belles et l’eau si claire que l’on ne peut s’empêcher de se baigner surtout lorsqu’on est nageur. Cependant, force est de constater qu’il ne se passe pas une année sans que des familles, aussi bien burkinabè qu’étrangères, ne soient endeuillées par ce que les habitués des cascades appellent la grande piscine qui se trouve malheureusement parcourue par un labyrinthe on ne peut plus criminel.

Le samedi 26 mars 2011, la liste des familles endeuillées par les eaux des cascades de Karfiguela, un site touristique situé à environ dix kilomètres de la ville de Banfora, s’est rallongée par la mort par noyade d’un jeune étudiant de Bobo-Dioulasso. C’est, d’ailleurs, ce site qui a donné son nom à la région des Cascades que constituent les provinces de la Comoé et de la Léraba. Naturellement, il passe pour être le plus important et le plus populaire des nombreux sites touristiques de la région. A lui seul, il attire plus de la moitié des touristes, nationaux comme étrangers. Facile d’accès, le site offre, en plus, un micro climat qui lui est propre. Du haut de ses falaises, on a une vue qui domine les champs de canne à sucre de la SN-SOSUCO et les quartiers périphériques de la cité du Paysan noir, Banfora.

En termes de ressources, les cascades de Karfiguela génèrent une bonne partie des ressources engendrées par le secteur du tourisme dans la région en même temps qu’elles permettent à la longue chaîne d’acteurs du tourisme à savoir les agences de voyage, les taximen, les guides, les hôteliers et autres agents du péage en poste à l’entrée du site, de gagner chacun son pain quotidien.

Cependant, c’est ce site qui, depuis une dizaine d’années, a régulièrement fauché des vies humaines. Touristes nationaux et étrangers, noirs comme blancs, ils sont nombreux à y avoir perdu la vie alors qu’ils s’y sont rendus pour découvrir les merveilleuses chutes d’eau et se baigner. Malgré ces noyades, relayées chaque fois dans la presse, l’engouement des Burkinabè et des étrangers pour se site ne faiblit pas. Elèves comme étudiants, ils sont des milliers qui viennent chaque année en convois organisés pour découvrir ce site dont la renommés dépasse les frontières nationales. Que de devises pour le secteur du tourisme si ces sorties étaient mieux encadrées ! Autrement, quelle ressource pourra générer le site de Karfiguela si les cas de noyade continuent de se multiplier ? Pour sûr, la notoriété des chutes sera entamée si les cascades de Karfiguela continuent d’être le "bourreau de ses visiteurs".

Par exemple, pour ramener à la maison le corps de leur fils qui s’est noyé récemment à Karfiguela, une famille s’est vue obligée de débourser 35 000 F CFA. Autrement, l’enterrement devait se faire sur place. Ne craint-on pas qu’à cette allure Karfiguela devienne un cimetière de touristes quand on connaît le niveau de vie des familles burkinabè qui ne peuvent pas toutes trouver une telle somme pour payer les frais d’enlèvement de dépouilles ? C’est pourquoi il est urgent que des actions visant à sécuriser le séjour des touristes dans ce site soient engagées. Pour commencer, les autorités en charge de la gestion du site de Karfiguela devront s’atteler à l’identification des causes de ces noyades répétées qui se sont presque toutes produites au même endroit à savoir la grande piscine.

De plus en plus, des voix s’élèvent pour dire que le fond de cette piscine est parcouru par de labyrinthes desquels il est difficile de s’extraire lorsqu’on s’y perd malencontreusement. N’est-il pas possible d’isoler cette piscine de sorte que les touristes n’y accèdent plus au cours de leur baignade ? Les dépositaires de la tradition du site, puisque la cascade est aussi un lieu d’adoration et de culte, pourraient être associés. Une concertation entre les autorités en charge du tourisme, celles locales, les guides touristiques, les soldats du feu et aussi et surtout les autochtones du village de Karfiguela s’impose. Elle pourrait déboucher sur les mesures qui, si elles sont prises à bras le corps, pourront effectivement sécuriser et exorciser la cascade comme ce fut le cas récemment pour une salle de classe dans le Tuy qui avait l‘habitude de "bouffer" des enseignants.

Mamoudou TRAORE

Le Pays

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