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SITUATION NATIONALE : Les refondateurs nationaux veulent des réformes protégées de toute volonté de récupération

Publié le lundi 25 avril 2011 à 22h56min

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Les refondateurs nationaux, à travers cette déclaration, exigent une "relecture juste" de la situation nationale, et appellent à "une Alliance nationale pour de vraies réformes".

Le mouvement de refondation nationale entame sa quatrième année d’existence dans un climat national fait d’interrogations angoissées. Après les émeutes, mutineries et autres manifestations qui se sont violemment emparées du pays, l’opinion publique nationale a pensé qu’une première réponse du pouvoir viendrait de la nomination d’un nouveau Premier ministre et de la formation d’un gouvernement apte à faire face au sérieux de la situation. C’est du reste ce que les premières déclarations du nouveau PM avaient laissé croire. Mais c’est oublier que depuis des années, le régime du Président Blaise Compaoré n’a que très rarement écouté son peuple, préférant écouter sa propre voix !

Tout semble logique au regard de l’histoire et de la nature du régime. Comme beaucoup de Burkinabè, nous constatons que le chef de l’Etat ne semble pas avoir pris toute la mesure de la dangerosité de la crise puisqu’il n’a pas montré des gages de s’y attaquer avec toute l’attention que les Burkinabè attendaient de lui. Il s’est encore montré tout à fait en déphasage de l’opinion en formant un gouvernement du système CDP/FDAP-BC, dans lequel, bien entendu, les Burkinabè ne se reconnaissent pas.

Le pays se trouve plus que jamais à la croisée des chemins. C’est le lieu de rappeler à l’opinion que le 12 juin 2008, nous interpellions déjà, le chef de l’Etat dans une lettre restée sans réponse, en ces termes : « La vérité que nous vous devons enfin, en appui à notre demande, c’est que notre pays voit grandir en lui, alors que la perte de confiance des citoyens s’accuse vis-à-vis des institutions et vis-à-vis des hommes qui les animent, des instincts populaires de prédation, gratuits ou vengeurs, qui se combinent de plus en plus à des relents régionalistes. Il faut éteindre au plus tôt ces mèches quasiment mises à feu. On peut y aider par des mesures conjoncturelles de nature politique, administrative, économique, fiscale, mais il faut aller plus loin car à problème structurel, il faut des réponses structurelles.

Pour y pourvoir, la demande que nous formulons et requerrons officiellement de vous, c’est le dialogue refondateur, républicain et inclusif qui aura l’avantage, si vous y consentiez, de verser pendant qu’il est encore temps, de l’eau sur ces mèches". Le dédain réservé depuis des années par le président du CDP et son équipe à l’objet de nos mises en garde a contribué grandement à l’aggravation constante de la situation que vit en ce moment le pays. Ici, c’est l’occasion de prendre à témoin les autorités morales, les chancelleries et autres institutions sur toutes nos démarches répétées auprès du chef de l’Etat et qui sont restées sans réponse.Et des personnes de bonne foi se demandent aujourd’hui si de simples réformes sont encore en mesure de résoudre ce mal devenu si profond !

Qu’à cela ne tienne, ou le système CDP se résout à s’adapter à l’évolution des Etats démocratiques modernes-ce qui semble très difficile- ou il persiste dans sa logique actuelle et il est condamné à disparaître comme le PNP en Egypte et le RCD en Tunisie. Tout en souhaitant que le basculement du pays dans des ruptures irréversibles ne confirme à nouveau nos prédictions, nous adressons solennellement et publiquement au Chef de l’Etat, le message selon lequel, s’il ne trouve pas suffisamment de ressources en lui, de courage et d’humilité pour engager le pays dans le dialogue refondateur, il l’exposera à des difficultés inextricables. En effet, au train où vont les choses, les Burkinabè sont de plus en plus nombreux à penser que nous sommes confrontés à deux alternatives : ou bien nous nous engageons sans plus tarder dans les réformes profondes et structurelles pour rattraper ce qui peut l’être encore et recréer les conditions d’une confiance qui aide à remettre la gouvernance sur les rails ou nous nous laissons aller à cette fausse assurance tranquille et c’est la descente aux enfers qui ouvrira la porte à la chienlit.

Au regard de la personnalité du chef de l’Etat et de sa vision du pouvoir politique, nous voyons qu’il s’incline davantage vers celle-ci. C’est pourquoi nous, les Refondateurs, nous le mettons en garde contre cette tendance et lui demandons de faire une relecture juste de la situation nationale.

Les Refondateurs ne peuvent pas se résoudre au constat que tout espoir soit perdu d’avance, d’aboutir aux changements structurels que demande le pays. Au demeurant, après les manifestations de la jeunesse scolaire et estudiantine, des syndicats des travailleurs, de la société civile et des forces armées, les forces politiques sont aujourd’hui dans l’obligation de prendre davantage leurs responsabilités dans l’évolution du mouvement démocratique national. C’est pourquoi, nous lançons encore une fois l’Appel à une Alliance nationale pour de vraies réformes (ANR) ; des réformes protégées de toute volonté de récupération comme cela ressort déjà de la création du Conseil consultatif, dont les attributions et le fonctionnement sont querellés par l’opposition dans son ensemble. Nous pensons qu’après le temps de la sensibilisation, le temps de l’action est venu pour éviter que par son irresponsabilité, le pouvoir n’engage le pays dans une aventure sans lendemain. En tout état de cause, les tendances d’évolution de la situation nationale ne nous laissent aucun choix ! Et, d’ores et déjà, nous saluons les initiatives politiques et sociales en cours allant dans le sens du renforcement des conditions objectives et subjectives d’un changement réel dans notre pays et nous encourageons à une plus grande concertation et cohésion pour renforcer le mouvement démocratique national.

A tous les démocrates et patriotes attachés aux changements structurels dans la responsabilité, de quelque bord qu’ils soient, à tous les jeunes soucieux d’un véritable changement, nous lançons cette invitation pour que nous nous retrouvions sur le terrain dans les jours qui viennent afin d’engager cette deuxième phase de la lutte patriotique. Nous les exhortons ainsi à se tenir prêts pour le combat primordial de la refondation nationale pour le changement ! Les refondateurs lancent enfin un appel solennel à l’ensemble du peuple du Burkina afin qu’il refuse le système d’oppression que le Président Compaoré lui impose en se murant dans le rejet systématique de tout changement et qu’il s’engage résolument dans les luttes futures pour un nouveau contrat social plus respectueux de ses droits souverains !

Ouagadougou, le 25. Avril 2011

Pour les Refondateurs nationaux

Le Comité de contact Dr Alain Dominique ZOUBGA El Hadj Amadou DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 25 avril 2011 à 23:10, par Ousmane le grand En réponse à : SITUATION NATIONALE : Les refondateurs nationaux veulent des réformes protégées de toute volonté de récupération

    Décidément tout ceux qui n’ont pas été nommés ministre sont sur leurs grands chevaux. Le citoyen lambda que je suis aussi va publier une réclamation implicite de nomination. Si Blaise devrait satisfaire tout le monde on aurait eu 16 millions de ministres. C’est Tamboura qui démissionne de son parti, ce sont les refondateurs (chassés par Blaise) qui veulent revenir, c’est l’opposition qui au mépris de la loi sur le statut de l’opposition qui veut intégrer le gouvernement. On est où là ?
    On n’a pas besoin d’être membre d’un gouvernement pour construire son pays. Cette hargne des un et des autres laisse apparaitre leur envie d’assouvir des intérêts égoïstes une fois qu’ils sont ministres.

    • Le 26 avril 2011 à 03:33, par Sidnoma En réponse à : SITUATION NATIONALE : Les refondateurs nationaux veulent des réformes protégées de toute volonté de récupération

      Cher Monsieur, mais enfin, vous n’avez toujours rien compris ! Mais vraiment rien du tout !

    • Le 26 avril 2011 à 07:23, par Tambi En réponse à : SITUATION NATIONALE : Les refondateurs nationaux veulent des réformes protégées de toute volonté de récupération

      vous avez le droit de dire tout ce que vous voulez ; mais de grace sachez que cette declaration des refondateurs( je n’en suis pas membre}est plus profonde que votre analyse.

    • Le 26 avril 2011 à 12:41, par moky En réponse à : c’est vraiment pathétique

      @grand ousmane, je partage ton point de vue. c’est vraiment pathétique. Avec cette sortie, je constate que tout le monde veut aller à la soupe.A croire que la crise qui sévit ces personnes s’en tape, juste les juteux postes les intéresse.Entre un pouvoir en perte de vitesse miné par la corruption et la longévité et une opposition de "magicrate" et qui ne rêvent que d’aller au mangeoire,j’ai vraiment peur pour l’avenir de mon pays. Ces soit disant opposants s’ils ne changent pas leur maniéré de voir et de procéder ils vont se discrédité et faire la part bel au cdp qui risque de toujours la vie politique. c’est vraiment pathétique

    • Le 26 avril 2011 à 13:40, par Haywire En réponse à : SITUATION NATIONALE : Les refondateurs nationaux veulent des réformes protégées de toute volonté de récupération

      Mr Ousmane,je respecte votre point de vue, c’est déjà cela la démocratie, écouter l’autre, sa position, croire en sa bonne foi et ensemble, s’interroger sur ce qui pourrait être meilleur pour tous ; ce n’est pas la loi du "1 pour tous" mais celle du "tous, pour un" ;
      Alors, moi je ne pense pas qu’il s’agisse explicitement des remous du aux éventuelles frustrations nées des nominations pour la composition du gouvernement.
      Il se pourrait qu’il y ait une réelle volonté de contribuer à la construction du pays ;
      Concrètement :
      1-nous connaissons tous , enfin, pour la plus part en tout cas, les relations existant entre les membres du gouvernement et le C.D.P.Et le peuple ne joue plus à l’éternel turn-over proposé, entendre par cela "IMPOSE" par le pouvoir en place depuis un certain nombre d’années.
      2-Ce verrou adopté, obligeant tout opposant à faire un choix entre son "statut d’opposant" et "l’intention/volonté d’occuper une haute fonction" (voir l’article pour avoir la liste exhaustive de ce qui est reconnu comme haute fonction), est du même coup indicateur du peu d’ouverture, je veux dire, de la non-ouverture à d’autres avis extérieurs de la maison C.D.P.
      3-De comparaison en comparaison, j’arrive à saisir la Lybie, qui dans le fond, n’était pas citée comme exemple de pays mal géré, en tout cas socialement parlant ;le peuple a eu faim jour après jour de plus d’équités morale et juridique, au point de la clamer fort cette faim-là, le grand jour venu.

      Ici, nous effleurons cela à mon avis ; tout n’est pas mauvais dans le pouvoir en place, mais les points essentiels ne suivent pas le rang, et cela est difficilement admissible, surtout après tant de temps à l’essai....le social (cherté de la vie), la justice ( il y a 16 millions de justice dans le pays).
      J’accuse un peu (c’est peut-être pas assez indulgent de ma part) nos responsables coutumiers et religieux, qui (je les suis assez) n’interviennent que lorsque une situation semble être insaisissable ; la vie chère, les injustices quotidiennes, c’est du vécu, c’est du réel, et je ne puis comprendre qu’ils n’aient pas pu ni su alerter le PF à temps, insister pour le rencontrer et attirer son attention sur tout cela avant que la poudrière ne pète ;j’ai été vraiment déçu, par les évêques,chefs coutumiers, El-Hadji,etc... au point de me demander s’ils ne sont de mèche à quelque part...

      Puisse ces troubles perdurer si à leurs sorties, la paix véritable régnera avec comme ami intime la justice ;

    • Le 26 avril 2011 à 16:02, par sidkéta En réponse à : SITUATION NATIONALE : Les refondateurs nationaux veulent des réformes protégées de toute volonté de récupération

      Je pense que nous sommes tous responsable de la situation que nous traversons.si nous voulons le changement c’est d’accepter souvent s’inscrire pour les votes et faire comme la cote d’ivoire, voter notre président et personne ne pourra nous faire la force de quelque manière que ce soit. Nous voulons jouer à la politique de la chaise vide et nous voulons en même temps le changement.Si changement tout de suite qui va panser les nombreuses plaies dont souffrent nos compatriotes. Il sera difficile pour le nouveau. A mon humble avis, il faut tout changer en commencer par soi même. Que tous ceux qui sont à la tête des partis politiques de l’opposition comme du pouvoir, ceux qui sont à la tête des mouvement syndicaux, de la société civile ou des associations.... de plus de dix (10) ans cèdent leurs places à d’autre têtes ou changent de système et le mouvement du changement va réllement nâitre. Sinon nous en avons mare et du pouvoir et de l’opposition.un adage dit kil faut d’abord enlever la poutre qui est dans ton oeil avant de parler de la paille qui est dans l’oeil de l’autre.
      Que chacun ait le courage et prenne sa responsabilité pour changer de système en son sein afin de donner de l’espoir à la jeunesse.Changement à tous les niveaux on en a mare

  • Le 26 avril 2011 à 11:19, par anta En réponse à : SITUATION NATIONALE : Les refondateurs nationaux veulent des réformes protégées de toute volonté de récupération

    Merci de votre commentaire. Je souhaite que tous nous envahissons les champs avec des dabas a la saison qui s`annonce et le Burkina se portera mieux. Ne gaspillons pas nos energies.

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