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Gouvernement Luc Adolphe Tiao : Jusqu’où iront l’ouverture et le resserrement ?

Publié le vendredi 22 avril 2011 à 03h14min

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Quelque quarante-huit heures après avoir été appelé à la tête du gouvernement de notre pays, c’est en bon communicateur que Luc Adolphe Tiao a accordé mercredi dernier un entretien à la Télévision nationale du Burkina. Dans cette exclusivité, le successeur de Tertius Zongo a plus ou moins décliné l’ossature de sa future équipe. Si tout se déroule comme il le prévoit, le Burkina aura un gouvernement « resserré ».

Si donc les projections du nouveau PM devaient se confirmer, son équipe compterait moins de ministres que les 38 que totalisait la précédente, ce qui serait déjà et formellement un bon point, sinon un bon signe quand on pense qu’au lendemain du 13 janvier 2011, date de la mise en place de l’équipe Tertius III, ils étaient nombreux, les Burkinabè à estimer que ce gouvernement-là était pléthorique.

Et ils n’avaient pas tout à fait tort, vu ce que peut couter un ministre à fortiori tout un département. Nombre d’entre eux s’en consolaient néanmoins à l’idée qu’il s’agissait en fait d’une équipe de transition, résultat d’un simple jeu de chaises en attendant le véritable cabinet qui viendrait à l’issue des législatives et des municipales combinées de mai 2012.

Alors parler aujourd’hui de gouvernement resserré revient à ramener à de meilleures proportions ce qui pour certains, avait dépassé les bornes. Reste maintenant à se demander quelle sera l’ampleur de la cure d’amaigrissement promise. Dans le même entretien, le nouveau locataire du palais de Koulouba parle également d’ouverture. Une bonne initiative s’il en est, mais à condition de savoir vers qui, vers quoi et surtout jusqu’où ira cette nouvelle formule du « large rassemblement », si cher au président du Faso.

Luc Adolphe Tiao nous a quelque peu situés sur les critères qui guideront son choix lorsqu’il a insisté sur les notions de compétence, de loyauté et de sens élevé de l’intérêt général. Notre pays, comme nos partis politiques, regorge d’hommes et de femmes qui remplissent tous ces critères, certes ; mais toute la difficulté consistera à composer à partir de tels atouts humains une équipe dans laquelle se reconnaîtra le plus grand nombre de Burkinabè, comme le premier ministre l’a souhaité.

Côté majorité, le problème ne se pose pas, car ceux qui auront été désignés n’auront pas d’autre choix que d’aller au charbon. Le hic donc sera de savoir si les partis d’opposition voire les structures de la société civile ayant pignon sur rue, accepteront, et à quelles conditions, de s’associer à la nouvelle combinaison gouvernementale.

Peut-être qu’au moment où vous lirez ces lignes, ce gouvernement sera connu. Mais on imagine dans quelles énormes difficultés il aura vu le jour. En témoignent les propos peu amènes de certaines figures de l’opposition : pour Fidèle Kietéga de l’UNIR-PS, l’arrivée du sixième chef de l’exécutif de la Quatrième République est « un non-événement » ; pour Etienne Traoré de Faso Metba, Luc Adolphe Tiao n’aurait tout simplement pas « la stature nécessaire ».

Il s’agit certes d’effets d’annonce dans le pur style de la langue de bois politicienne. Mais ces opinions n’augurent rien de bon quant aux options offertes. C’est un aperçu de la tâche ô combien ardue que devra ou qu’a dû accomplir le nouveau premier ministre pour réussir le savant mélange indispensable à la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Et l’on imagine bien combien la question de l’article 37 a pu faire ou fera l’objet de toutes les enchères.

Par H. Marie Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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