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Gouvernance au Faso : Le ras-le-bol des gouvernés ?

Publié le lundi 18 avril 2011 à 01h15min

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Depuis la fin du mois de février à la mi-avril 2011, le pouvoir de Blaise Compaoré a été contesté par des couches sociales, voire le peuple dans sa majorité. Analyse.
Hier, c’était le limogeage du gouverneur et du DR de la police du Centre-Ouest suivi de la modification du calendrier de l’année académique après plusieurs semaines de fermeture des classes au primaire, au secondaire et au supérieur. Aujourd’hui, c’est le gouvernement qui est dissout avec des changements tous azimuts à la tête du commandement de plusieurs corps de l’armée.

Toutes ces décisions ont été prises par le Chef de l’Etat pour non seulement calmer l’opinion nationale, mais aussi prouver son engagement à ramener la paix, le calme et la sérénité. Avait-il vraiment mesuré l’ampleur de la grogne ? Son entourage lui a-t-il toujours rapporté la réalité pour ce qui est du quotidien de ses concitoyens et concitoyennes ? Certainement pas. Sinon les pertes en vies humaines et les destructions de biens publics et privés occasionnées dans le cadre des manifs pour que la lumière soit faite et que justice soit rendue concernant la mort de l’élève Justin Zongo auraient pu être évitées.

Cela pouvait être évité si le pouvoir avait rendu justice dans des cas tels que l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et ses 5 compagnons et celui de la tuerie à Garango pour ne citer que ceux-ci. Si justice avait été rendue, c’est sûr que les élèves et étudiants allaient croire au pouvoir de Blaise Compaoré qui a promis de faire la lumière sur la mort de Justin Zongo. « Un cabri mort n’a pas peur de couteau », dit l’adage populaire. Visiblement adeptes de cet adage, les élèves et étudiants du Faso se sont mobilisés malgré les promesses du gouvernement. Résultats, des domiciles de dirigeants des services publics ainsi que du matériel roulant et autres biens de l’Etat sont partis en fumée.

Après cet épisode des élèves et étudiants en février, en mars, c’est la grande muette qui est descendue dans la rue pour exiger du pouvoir la libération de militaires emprisonnés. Les prisonniers ont été libérés, mais les mutins ont commis des actes de vandalisme. Les commerçants qui n’y sont pour rien, ont beaucoup souffert de cette descente des mutins. Pour éteindre le feu, le Chef suprême de l’armée avait dû écourter son séjour au Nigeria où il était pour une rencontre de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Tous les militaires et paramilitaires ont été reçus par le Chef de l’Etat pour échanger sur les différentes préoccupations. Alors que Blaise Compaoré croyait réussir son plan de retour au calme, sa garde rapprochée lui prouve le contraire.

C’était exactement dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 avril 2011. Des armes lourdes et légères ont retenti, pour réclamer une prime de logement. L’Etat a dû se plier à leur exigence et les mutins ont été satisfaits le vendredi 15 avril 2011. Là encore, les commerçants ont payé le prix de la colère des éléments du Régiment de sécurité présidentielle. Leur réaction a été la réponse du berger à la bergère. Contrairement aux militaires qui ont pillé des biens privés, les commerçants s’en sont pris aux symboles du pouvoir. Le siège de la représentation nationale, celui du parti au pouvoir, le ministère en charge du Commerce…ont été attaqués.

Cette énième manifestation des couches sociales, corroborée par celle du 8 avril organisée par la coalition nationale pour la vie chère, est sans doute la preuve que les gouvernés sont à bout de souffle quant au clivage social occasionné par la gouvernance actuelle. Une minorité qui se croit tout permis, s’enrichit au détriment d’une majorité qui vivote. Alors pour interpeller le n°1 des Burkinabè, cette majorité n’a plus peur. Elle est prête à tout dénoncer. Le militaire muni de son arme, doit savoir que seul le respect du civil lui donnera plus de crédit et d’autorité. Et tout usage abusif de cette arme doit être puni conformément à la loi.
Souro DAO

L’Express du Faso

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