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Après l’armée, le gouvernement, à qui le tour ?

Publié le lundi 18 avril 2011 à 01h14min

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Les choses sont allées très vite. En une nuit, Blaise Compaoré, qu’on disait très renfermé sur lui-même et lent dans ses prises de décision a réagi en un tour de bras. Sans doute que ces décisions étaient déjà prêtes et n’attendaient que le moment opportun. Peu importe. Ce qu’il faut retenir est que Blaise Compaoré, après s’être retiré à Ziniaré a pris toute la mesure de la situation et a ainsi tranché. Le gouvernement est dissout. Le chef d’Etat major général des armées est limogé. Un nouveau chef de corps est nommé pour s’occuper du régiment de sécurité présidentielle. Le lendemain, Blaise Compaoré prend d’autres décisions aussi décisives et importantes que les premières. Les chefs d’Etat major de l’armée de terre, de la gendarmerie et de l’armée de l’air sont limogés. Des nominations sont effectuées pour pourvoir à ces postes par intérim. Une manière de gérer au mieux la situation qui semble assez très sérieuse. Car, on ne peut pas comprendre qu’au moment où le président a engagé des consultations avec les différentes couches sociales dont l’armée, que des éléments se mutinent ainsi et procèdent par des actes de ce genre.

En prenant de telles décisions, aussi rapidement, Blaise Compaoré vient de démontrer qu’il est le maître à bord, qu’il connaît bien le milieu. Maintenant, il lui restera à mettre en place un gouvernement qui réponde aux préoccupations des Burkinabè.

Car le malaise ne se trouve pas seulement au sein de l’armée, qui tout compte fait, est un peu mieux organisée et soucieuse de la sauvegarde des biens publics. Si elle s’est comportée comme elle l’a fait, c’est tout un signal qu’elle donne au chef suprême des armées. En effet, considérant le gouvernement, les Burkinabè ont longtemps spéculé sur la longévité de certaines personnes au sein de l’appareil d’Etat. Que des personnes passent de poste ministériel en poste ministériel pendant une dizaine d’années, il y a tout de même un problème. Sont-elles les seules cadres capables de développer ce pays-là ? Tout porte à croire à un copinage dans la gestion du pays et de l’appareil d’Etat d’un groupuscule qui se croit au-dessus de tout. Cette même situation est visible au niveau des hautes fonctions de l’administration publique.

Il y a au Burkina Faso des directeurs de sociétés d’Etat, ou de sociétés où l’Etat est actionnaire, qui ont plus de dix ans de règne. Qu’est-ce qu’un directeur qui a plus de dix ans dans le même poste peut-il apporter de nouveau à une entreprise ? Si ce n’est la corruption, le népotisme, la malgouvernance, le copinage et le pillage des ressources de la société. C’est pourquoi, il ne serait pas mauvais que le président du Faso, après l’armée et le gouvernement, regarde sérieusement dans ce milieu pour permettre que les nombreux jeunes cadres, sortis de grandes écoles puissent exercer leurs talents. Ils en ont besoin et à la limite le revendiquent. Et même dans le domaine des hommes affaires, la vielle garde doit, si elle veut le bien de ce pays, laisser petit à petit la place à la nouvelle classe d’hommes d’affaires, qui font réellement des affaires dans les règles de l’art.

Puisque, comme les jeunes cadres dans l’administration, ce sont des hommes qui ont fait, certains de grandes écoles et en sont sortis avec de grands diplômes. Malheureusement, ils sont plombés par la vieille garde qui n’entend pas lâcher le morceau. Tout cela contribue à multiplier les frustrations.

Y a-t-il une main invisible derrière la crise au Faso ?

Une certaine catégorie de Burkinabé, notamment dans des milieux politiques proches du pouvoir et du parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) pensent à tort ou à raison qu’il y a une main invisible derrière la crise socio-politique que le Burkina Faso traverse en ce moment. A dire vrai, s’il y a quelqu’un derrière cette crise, c’est bien le malaise que vivent les Burkinabè et l’insolence de certains hauts placés et de leur progéniture qui pensent que tout leur est permis. Quelques exemples. Les clubs de fils à papa qui sont nés, il y a peu et dont de nombreux Burkinabé connaissent les agissements, les comportements dans certains milieux n’ont rien fait pour arranger les choses. N’est-ce pas entre autres, ce qui a ajouté à la colère des élèves et étudiants qui réclament vérité et justice pour Justin Zongo ?

Ensuite, le train de vie très élevé de certains cadres de l’administration est un élément révélateur de la corruption qui sévit dans ce milieu-là. Comment un travailleur de l’administration, qui a un bulletin de salaire (ce n’est donc pas un homme d’affaires) puisse construire une maison d’habitation de plus de cent millions de F CFA et s’acheter des voitures de luxe pour ainsi faire concurrence aux hommes d’affaires ? Il y a un problème et non des moindres qu’il faut résoudre. Que l’opposition récupère ou tente de récupérer la situation, c’est de bonne guerre. Car quand on s’amuse avec le pouvoir, on ne peut s’en prendre qu’à soi-même quand d’autres le récupèrent.

Blaise Compaoré doit désormais prendre ses responsabilités

Le Premier ministre Tertius Zongo l’avait dit lors d’une conférence de presse. Les Burkinabé ne prennent pas assez leurs responsabilités quand bien même on leur fait confiance. « Il y a des responsables nommés à des postes de responsabilité pour leur compétence, mais qui, quand il s’agit de prendre leurs responsabilités face à une question donnée ne le font pas du tout. A contrario, il y a des responsables qui ne donnent pas la possibilité aux autres de prendre leurs responsabilités. Ces derniers ramènent tout à eux car, selon eux, s’il y a un chef qui doit prendre les décisions, c’est bien eux ». Avait, en substance confessé le chef du gouvernement ce jour-là.

C’était d’ailleurs l’un de ses regrets en tant que Premier ministre. N’est-ce pas ceci qui a fini par conduire le pays dans cette situation ? Puisque tout porte à croire que pendant longtemps et malgré tout, on a laissé (ou dit) aux gens de prendre leurs responsabilités. En retour, ces gens ont laissé croire qu’ils les prenaient effectivement. La crise actuelle est venue nous montrer que rarement, les gens prenaient leurs responsabilités. C’est pourquoi, Blaise Compaoré doit désormais prendre au moins ses responsabilités pour que le pays avance au détriment d’individus qui ont longtemps pris leurs responsabilités pour eux et pour eux seuls.

L’Express du Faso

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