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EGYPTE : Moubarak ne mérite pas ça !

Publié le jeudi 14 avril 2011 à 02h19min

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Pas de quartier pour l’ex-raïs égyptien Hosni Moubarak ! C’est le moins qu’on puisse dire au regard du traitement actuel qui lui est fait de la part de la justice de son pays. Sonné par une convocation à lui remise, celui qui a dirigé l’Egypte de novembre 1982 à février 2011 a piqué une crise pour laquelle il a été hospitalisé dans un état jugé instable, au moment où ces lignes étaient tracées en début d’après-midi d’hier. Malgré son état, les enquêteurs sont allés l’interroger sur son lit. Pour eux, il n’est pas question d’attendre un quelconque rétablissement.

L’ex-raïs, tant qu’il peut parler, doit répondre des faits d’incitation de la police à tirer à balles réelles sur les manifestants qui avaient investi la place Tahrir du Caire, pour exiger son départ du pouvoir. Ainsi que des accusations de corruption, d’abus de pouvoir et de détournement de fonds. Et ce, en compagnie de deux de ses fils. Manifestement, après des jours tranquilles à la cité balnéaire de Charm-el-Cheikh où la famille Moubarak s’était retirée après le pouvoir, l’heure est maintenant venue pour elle de rendre compte. Certes, c’est ce à quoi Moubarak devrait s’attendre tôt ou tard car, comme l’a dit Saint Just, "Nul ne gouverne innocemment".

Mais les choses se sont emballées sous la pression de la rue qui tient coûte que coûte à ce que l’ex-raïs rende compte de sa gestion, après trois décennies. Et, visiblement, les nouvelles autorités mises en place à l’issue de la révolution du Nil pour gérer la période transitoire ne peuvent que se plier à cette volonté populaire. Elles n’y vont pas de main morte avec le traitement réservé à celui qui n’est pas loin d’être l’ennemi public n°1 de l’Egypte. Loin de nous l’idée de défendre Moubarak. Toutefois, il faut déplorer ce qui lui arrive actuellement. Pour une personne qui n’a pas voulu s’enfuir pour peut-être éviter d’avoir à rendre compte, le traitement qui lui est réservé est indigne non seulement de son statut d’ancien chef d’Etat, mais aussi au regard de son âge (83 ans).

Il ne mérite pas cela. Les nouvelles autorités égyptiennes doivent faire attention de ne pas donner un mauvais signal à d’autres dirigeants arabes qui font actuellement face, dans leur pays, à des manifestations de rue qui exigent leur départ du pouvoir. Il s’agit notamment du Yémen, de la Syrie et du Bahrein. Au regard du traitement peu glorieux réservé à Moubarak, ces dirigeants préféreront résister plutôt que de lâcher facilement prise pour éviter l’humiliation. Le printemps arabe devrait avoir des objectifs nobles et ne pas être synonyme de vengeance, de chasse aux sorcières, de règlements de comptes, etc.

En Egypte, le jugement de Moubarak et de son système ne doit pas être, pensons-nous, la priorité des priorités. Le souci majeur devrait être la réussite de la transition. Le procès peut intervenir à tout moment parce que Moubarak dit être, jusqu’à preuve du contraire, à la disposition de la justice de son pays. Et il n’y a manifestement pas lieu de le persécuter, au risque de faire lâcher son cœur fragile du fait peut-être de son âge ou du harcèlement moral dont il est l’objet. Ceux qui investiguent pour un procès hic et nunc doivent faire preuve de patience car la justice est par nature lente.

Séni DABO

Le Pays

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