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ACCUSATIONS CONTRE LES FORCES PRO-ADO : C’est la bonne foi qui manque le plus

Publié le jeudi 14 avril 2011 à 02h19min

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La capture du président sortant de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, a consacré la fin officielle de la crise. Si ce dénouement constitue le point de départ du processus de pacification du territoire, certains signes laissent déjà imaginer la lourdeur de la tâche qui attend le nouveau régime. Malgré l’appel au pardon, à la tolérance et à la réconciliation lancé par Alassane Dramane Ouattara (ADO), président élu, à ses concitoyens, nombre de villes ivoiriennes peinent toujours à retrouver le rythme normal de vie.

Les habitants redoutent les scènes de violence auxquelles se livrent les partisans de Gbagbo et de Ouattara. Le bras de fer entre les deux candidats à la présidentielle ivoirienne de novembre 2010 ayant été remporté par le président légitime et légal, le rapport de force est désormais naturellement en sa faveur. Partant de là, d’aucuns ne se gênent pas pour pointer un doigt accusateur sur les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), les tenant pour responsables des tueries et pillages qui ont encore cours au bord de la lagune Ebrié. Ceux qui crient ainsi à la chasse aux sorcières font non seulement preuve d’amnésie, mais aussi de volonté manifeste de manipulation des faits.

Car les auteurs de ces accusations, qui ne sont que les personnes dont le rôle a été déterminant dans l’aveuglement de Simone et Laurent Gbagbo, font partie des plus avertis sur les tenants et les aboutissants de la crise ivoirienne. Point besoin du reste de porter le titre d’intellectuel, d’éditorialiste ou de défenseur des droits humains pour comprendre qu’une guerre qui a opposé deux camps ne saurait s’éteindre en 72 heures. Le Front populaire ivoirien (FPI), parti de l’ex-chef de l’Etat, a tout de même obtenu 45,5% des voix du scrutin, ce qui veut dire qu’au-delà de l’instrumentalisation dont font l’objet de nombreux jeunes, le président déchu a des partisans. Ces derniers n’accepteront certainement pas de sitôt leur humiliante défaite, comme le montrent à souhait leurs sorties médiatiques sur des chaînes internationales.

Et il est d’ailleurs évident que ce qui se passe actuellement au pays de feu Houphouët-Boigny n’est en rien exceptionnel, comparativement à ce qui s’est passé dans d’autres pays ayant connu une situation conflictuelle similaire. Depuis l’accession au pouvoir de Laurent Gbagbo jusqu’à son arrestation, un nombre inestimable d’Ivoiriens et d’étrangers vivant en Côte d’Ivoire ont été arrachés à l’affection de leurs proches qui, de nos jours, tentent vainement de panser les plaies béantes causées par ces tourments. Le retour à la normale nécessite du temps, des moyens et surtout un accompagnement conséquent et continu.

Cela prendra le temps qu’il faudra. Mais une chose est au moins certaine, le nouveau président a déjà annoncé les couleurs en instruisant les forces armées républicaines de mener une opération de récupération des armes abandonnées sur les champs de combat. Le désarmement des miliciens et mercenaires pro-Gbagbo a été lancé. Ce ne sera certes pas une sinécure, mais cette opération vaut la peine d’être menée pour une véritable sécurisation des populations civiles. Si cet acte d’allégence de l’armée posé par les généraux des différentes factions militaires envers le chef de l’Etat entrant est sincère, il n’y a point de doute que la mayonnaise finira par prendre.

Connaissant les qualités d’homme de paix et de dialogue dont a toujours fait montre ADO, l’on ne court aucun risque à miser sur sa victoire dans cet autre combat qui doit déboucher sur la réaffirmation de l’autorité de l’Etat. Ceux qui essaient de faire porter aux seules forces pro-Ouattara la responsabilité des violences post-crise au pays de l’Ivoire souffrent sans conteste d’une forte carence de bonne foi. Cette volonté d’être honnête, de dire et de respecter la vérité fait grandement défaut chez les thuriféraires de l’enfant de Mama. Ils ne perdent cependant rien à attendre, le président Ouattara ayant déjà promis de faire juger tous ceux qui ont contribué à déclencher la guerre dans son pays.

Que le choix soit porté sur un tribunal national ou international, l’essentiel demeure l’avènement de la vérité pour que triomphe la justice d’où naîtra la vraie et sincère réconciliation. Car aucun pardon ne peut venir du fond d’un cœur qui n’a pas été au préalable apaisé par la vérité, puis d’un traitement juste des bourreaux. Une inversion de l’ordre des trois composantes de ce triptyque Vérité-Justice-Réconciliation peut conduire à une parodie de fin de crise. Les nouveaux dirigeants porteurs d’espoir de la Côte d’Ivoire se doivent de ne pas tomber dans la même erreur.

"Le Pays"

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