En effet, tout porte à croire que la manière dont Laurent Gbagbo a été arrêté et les conditions de sa détention sont plus importantes que les conditions de vie des milliers d’Ivoiriens dont certains sont morts, à cause de son refus de respecter le verdict des urnes. La seule vie et les conditions de détention de Laurent Gbagbo sont-elles plus importantes que la situation de ces milliers d’Ivoiriens qui ont tout perdu et contraints à l’exil ? L’économie toute entière de la Côte d’Ivoire est à genoux et les fonctionnaires ne sont plus payés depuis deux mois. Le débat qui se mène actuellement en France, au sein des partis politiques et jusque dans l’hémicycle n’est pas digne de la France, grand défenseur de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme.

En 2002 c’est la France qui est intervenue pour stopper la guerre en Côte d’Ivoire. Parce qu’un chef d’Etat élu, même dans des conditions calamiteuses était attaqué. Les forces nouvelles ont ruminé pendant longtemps leur haine. Aujourd’hui, c’est la même France qui intervient pour rétablir un président démocratiquement élu. Où est la différence entre ce qui s’est passé en 2002 et ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire ? Mieux ici, c’est sous le couvert de l’Organisation des Nations unies que la France est intervenue. Et elle n’avait que pour mission de détruire les armes lourdes dont se servait le camp Gbagbo pour tuer des populations civiles innocentes qui ne réclamaient que l’application de leur vote.

La même France, avec Jacques Chirac n’était-elle pas intervenue pour détruire les hélicoptères de combat de Laurent Gbagbo ? Si la France et l’ONU n’étaient pas intervenues en Côte d’Ivoire, on allait les l’accuser de non assistance à peuple en danger. Sincèrement, ce débat malsain dont sont coutumiers les Français et leur classe politique est inutile et ne fait pas du tout honneur à ce peuple. Laurent Gbagbo après son arrestation est dans de bonnes conditions. Puisque le président Alassane Ouattara lui reconnaît son rang d’ancien chef d’Etat de Côte d’Ivoire, avec tous les avantages y relatifs.

Dans tous les cas, en quoi la vie de Laurent Gbagbo est-elle plus importante que celle de n’importe quel Ivoirien ? Une vie est une vie. C’est pourquoi, il est toujours plus important de considérer la situation en Côte d’Ivoire dans sa globalité.
Dans un second épisode, ces oiseaux de mauvais augure clament haut et fort que la réconciliation ne sera pas possible en Côte d’Ivoire. Et les arguments aussi fallacieux les uns que les autres ne manquent pas.

En effet, s’il doit y avoir matière à gloser, c’est l’absurdité, la ténacité pour ne pas dire la bêtise commise par l’ancien président et qui a conduit à toutes ces tueries, à toutes ces souffrances inutiles dont on pouvait épargner les Ivoiriens. Et là encore, Alassane Dramane Ouattara demande, pour l’instant de ne pas en parler. Pour lui, le plus important, c’est comment faire pour que les Ivoiriens qu’on a opposés les uns aux autres pendant au moins une dizaine d’années puissent se retrouver, parler le même langage et envisager l’avenir de leur pays, leur bien commun.

La Côte d’Ivoire traverse actuellement une période très difficile de son histoire. Qu’elle doit pouvoir amorcer avec beaucoup de tact. C’est pourquoi, elle ne demande qu’à être accompagnée, dans le vrai sens du terme, sans démagogie aucune. C’est le plus urgent et le plus sérieux.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso