LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Chute de Gbagbo : L’autre visage de la Françafrique

Publié le mercredi 13 avril 2011 à 02h55min

PARTAGER :                          

« Laurent Gbagbo a été arrêté par les troupes pro-Ouattara », c’est ce que serine à l’envi toute l’Elysée et dont s’en font fièrement l’échos les forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) plus que jamais gonflées à bloc.

D’abord attribuée aux soldats français de la Licorne puis refilée aux combattants fidèles à Alassane Dramane Ouattara, la paternité de l’offensive finale sur le palais présidentiel, où s’abritaient Laurent Gbagbo et plusieurs membres de son entourage, n’en finit pas de susciter la polémique.

L’Hexagone a beau se ruiner en démentis, l’avancée de ses troupes vers la présidence quelques heures avant l’assaut final a de quoi jeter le trouble sur son rôle dans l’arrestation du chef de l’Etat ivoirien sortant. En attendant les images de l’opération, promises par le ministre français de la Défense et des Anciens Combattants, Gérard Longuet, pour, peut-être, se fixer définitivement sur l’identité des vaillants terminators, l’on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la frénésie avec laquelle Paris dément toute implication dans l’arrestation de Gbagbo.

Que peuvent bien cacher ces dénégations de l’ancienne puissance coloniale ? Le souci de ne pas froisser la susceptibilité des FRCI qui, malgré la destruction des armes lourdes des troupes républicaines, peinaient à mettre la main sur l’ennemi intime de leur chef, pourtant à portée de tir ? Ou serait-ce la peur d’être accusée d’interventionnisme, ce qui, en l’espèce, rappelle cette période glauque des relations entre la France et ses ex-colonies d’Afrique noire ?

Nicolas Sarkozy avait proclamé urbi et orbi la fin de la Françafrique, mais pour beaucoup, son implication directe et active dans la crise ivoirienne rappelle, à tout le moins, une fâcheuse ingérence digne de cette époque où la cellule africaine de l’Elysée décidait de l’avenir politique des rois nègres. Si tant est vrai, comme l’a déclaré le Premier ministre François Fillon, que « ce qui vient de se passer en Côte d’Ivoire est un message fort lancé à tous les dictateurs », l’on ne peut que s’en féliciter. Car de chefs d’Etat mal élus, le continent noir en regorge et l’on serait bien heureux de voir d’autres Licornes les encorner.

Mais quelles que soient les motivations réelles et cachées de cette interventions française sur les bords de la lagune Ebrié, dans sa finalité, elle ne différera en rien de la Françafrique originelle, c’est-à-dire celle conçue par le général De Gaule et mise en œuvre par son bras séculier, Jacques Foccart. Le prix à payer par Alassane Ouattara, « président élu », mais installé par la force Licorne sera le même que celui réglé par les nombreux dictateur portés au pouvoir par le mercenaire Bob Denard : servir d’abord les intérêts français, qu’incarnent les multinationales comme Total, Bouygues, Bolloré et nous en passons. La Françafrique reste la Françafrique : la France-à-fric.

Par Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 13 avril 2011 à 04:02, par Sidbé En réponse à : Chute de Gbagbo : L’autre visage de la Françafrique

    Tout est déjà entre les mains des multinationales françaises à l’initiative de Laurent GBAGBO. Ici vous faites un faux procès à Alassane OUATTARA qui ne fera qu’entériner ce qui est fait par GBAGBO au pire des cas, ou diversifier les partenaires au meilleur des cas. Laissez le Président OUATTARA tranquille. Il ne peut faire pire que GBAGBO dans ce domaine.

  • Le 13 avril 2011 à 12:22, par Lui En réponse à : Chute de Gbagbo : L’autre visage de la Françafrique

    Très belle analyse ! Voila quelqu’un au moins qui essaie de voir le fond des choses au lieu de croire sans réfléchir à ce que disent la France et la soit disant communauté internationale ! En fait c’est quoi même la communauté internationale ? Le monde est composé de combien de pays ? depuis quand l’ONU "certifie" des élections nationales dans un pays ?
    Il n’ya que des africains qui croient naïvement à l’ONU et à une communauté internationale imaginaire ! Les asiatiques ne se laissent jamais avoir dans ca bien que beaucoup de pays asiatiques ne sont pas démocratiques (à l’image des occidentaux) !

    Que certains africains se détrompent ! Un pays occidental ne défend que ses intérêts et s’en fout de démocratie dans un autre pays (ils sont d’ailleurs élus pour défendre les intérêts de leur pays quelque le prix à payer pour les civils d’un autre pays)

  • Le 13 avril 2011 à 13:19, par john,bf En réponse à : Chute de Gbagbo : L’autre visage de la Françafrique

    Mauvais angle de vue pour monsieur le journaliste. Pour le cas de la Côte d’Ivoire, nous avons tous suivi les frasques du boulanger de Mama. Tant que les intellectuels africains offriront ce visage, la puissance coloniale aura mille raisons d’intervenir. Si la Françafrique rime avec sauver une population en détresse, vive la Françafrique. Si la Françafrique rime avec la bataille pour l’instauration de la légalité et de la légitimité, vive la Françafrique. Si la Françafrique rime avec l’arrêt des tueries barbares, la décimation de familles entières par un assoiffé de pouvoir, VIVE LA FRANCAFRIQUE. VIVE L’ONUCI, VIVE LA FORCE LICORNE, VIVE LES FRCI, VIVE LA CEDEAO qui avait vu juste en son temps.

    • Le 14 avril 2011 à 18:24, par Ele mawu si En réponse à : Chute de Gbagbo : L’autre visage de la Françafrique

      Est ce sauver des populations civiles que de mettre de côté dans un endroit sécurisé les étrangers venus de l’occident et de laisser les autres (autres africains, ivoiriens) mouirir sous le cou des balles perdues et des bombardements ?. On dirait que eux n’étaient pas considérés comme des humains mais plutôt comme des chèvres et des moutons q’on pouvait grillé en attendant de résoudre le problème puis permettre aux vrais humains protégés de reprendre le court de leur vie.
      Prie pour que ça n’arrive jamais chez toi car même si un dictateur n’est pas délogé il fini par mourir et après lui peut être un vrai déluge.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique