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Fin calamiteuse

Publié le mardi 12 avril 2011 à 03h06min

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Laurent Gbagbo quitte la présidence comme il y était entré en octobre 2000 : de manière calamiteuse. Retranché depuis dix jours avec sa famille et ses proches dans son palais transformé en bunker, l’ancien président a été arrêté hier en début d’après-midi par les gradés des forces républicaines de sécurité, au terme d’une opération menée essentiellement, il faut le dire, par les forces françaises Licorne. Triste fin pour celui qui s’accrochait au pouvoir depuis quatre mois, en confisquant le pouvoir que ses compatriotes lui ont pourtant, sans ambiguïté, refusé au deuxième tour de la présidentielle du 28 novembre dernier.

Laurent Gbagbo était arrivé au pouvoir par la petite porte, dix ans après, il le quitte par la fenêtre, sans gloire et couvert de honte. Les images de son arrestation et son transfert à l’hôtel du golf, diffusées en boucle depuis hier sur les télévisions du monde entier constituent une suprême humiliation de celui qui a présidé aux destinés de son pays durant une décennie. Le nouvel homme fort d’Abidjan, Alassane Ouattara, dont on n’a pour l’instant pas observé des tendances machiavéliques, n’avait certainement pas besoin de piétiner un homme à terre et qui appartient déjà au passé.

Le dénouement de la crise politico-institutionnelle née du scrutin du 28 novembre était attendu par l’ensemble des Ivoiriens et des Africains. L’arrestation de l’ancien président est donc un soulagement, mais n’efface pas le malaise que de nombreux Africains peuvent ressentir en constatant une fois de plus, que devant l’impuissance de l’Union africaine et la CEDEAO, la solution est venue de l’étranger, précisément de l’ancien pays colonialiste. Et l’empressement de l’Elysée à expliquer que l’opération a été menée à la demande expresse du secrétaire général de l’ONU n’est, aux yeux de millions de fils du continent noir, qu’une maladroite tentative de masquer son parti pris en faveur d’Alassane Ouattara.

La résolution 1975 du conseil de sécurité du 30 mars 2010 visait, faut-il le rappeler, à « empêcher l’utilisation d’armes lourdes contre la population en Côte d’Ivoire », mais nullement à faciliter l’arrestation de l’un des deux principaux belligérants de la crise. Preuve que l’ONUCI n’a pas été associée au coup de main décisif aux forces pro-Ouattara, son porte-parole, Hamadoun Touré a confié à un confrère avoir été informé de l’arrestation de Laurent Gbagbo et ses proches par un chef des forces républicaines de sécurité. Comme en 1945, quand les forces américaines avaient volontairement laissé les militaires français entrés les premiers à Paris, la neutralisation des éléments pro-Gbagbo n’a manifestement été possible que grâce à l’engagement de la Licorne. La suite n’est qu’une mise en scène.

Gbagbo arrêté, le cauchemar est-il pour autant terminé comme l’a déclaré, très optimiste, le premier ministre Guillaume Soro ? La réponse à cette question dépendra de la capacité du nouveau président à ramener très vite la sécurité, à empêcher ses partisans de se livrer à des actes de vengeance et à convaincre les milliers de miliciens de déposer les armes.

Joachim Vokouma

Lafaso.net

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Vos commentaires

  • Le 12 avril 2011 à 07:48, par si loin si proche En réponse à : Fin calamiteuse

    En verite en verite l’homme n’est rien ; si seulement certaines personnes pouvaient se rappeler de ca avant d’agir.

  • Le 12 avril 2011 à 18:20, par Koutou En réponse à : Fin calamiteuse

    Triste fin en effet. Gbagbo avait-il vraiment besoin de se faire honnir de la sorte ? En tous les cas la boulangerie est définitivement fermée. Autre constat : "le malaise que de nombreux Africains ressentent en constatant une fois de plus, que devant l’impuissance de l’Union africaine et la CEDEAO, la solution est venue de l’étranger". Je suis de ceux qui ressentent ce malaise. Mais je ne vois pas non plus ce que ces Africains qui manifestent à Paris ont proposé comme alternative. Fallait-il laisser le pays continuer dans l’horreur pour un seul individu qui s’obstine contre tous ? Tout le monde s’est cassé les dents dans les interminables mediations. Et de toutes les façons pour éviter "l’intervention néo-colonialiste" il n’y avait qu’à respecter la démocratie. Un adage dit que lorsqu’on trébuche et tombe, il faut observer là où on a trébuché et non là où on est tombé, si on veut comprendre pourquoi on est tombé. Ces Africains devraient méditer cela.

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