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Côte d’Ivoire : Les faux scrupules de la Licorne

Publié le vendredi 8 avril 2011 à 02h46min

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Déjouant tous les pronostics, le président sortant Laurent Gbagbo est toujours là et bien là, solidement terré dans son bunker souterrain et clamant haut et fort qu’il est bel et bien le vainqueur de la présidentielle qui a livré son verdict le 28 novembre 2010. Plus que jamais, il refuse de signer le document dans lequel il reconnaîtrait la victoire d’Alassane Ouattara.

L’homme préfère la réclusion, en compagnie de sa famille, du cercle restreint de ses amis et du dernier rempart de sa garde prétorienne et, sans doute pour trouver le temps moins long, s’adonne à la prière sous la direction éclairée de pasteurs gourous qui lui rappellent à l’envi quelle mission messianique il a reçue pour la Côte d’Ivoire. Mais alors jusqu’à quand ? Car, dans le même temps, le pays sombre dans la déliquescence, à tous les niveaux.

Abidjan est désormais une immense mégapole qui dégage une odeur pestilentielle. Ceux qui y habitent toujours font l’amère expérience de la précarité au quotidien. Pas d’eau, pas d’électricité, difficile de trouver de quoi se nourrir, impossible de se déplacer sans braver le risque de recevoir une balle perdue. Une vilaine atmosphère de « sede vacante » (1) puisque si Laurent Gbagbo ne dirige plus rien, son rival Alassane Ouattara est loin d’occuper les rênes du pouvoir.

Et c’est le pays tout entier qui s’en trouve paralysé. Combien de temps encore devra durer cette situation qui exaspère et clochardise les Abidjanais ? Tout simplement, on l’ignore. Et pourtant ! La force Licorne, c’est un secret de polichinelle, est celle qui aura été d’un apport providentiel dans la bataille d’Abidjan.

Ses frappes ciblées qui anéantirent l’essentiel du gros matériel de guerre de Gbagbo auront permis aux forces d’Alassane Ouattara de réaliser la formidable percée qui les conduisit jusqu’à la bataille d’Abidjan, de neutraliser l’essentiel des troupes du président sortant et d’encercler les places fortes de Laurent Gbagbo.Mais c’est que après cela, Licorne s’arrêta. Gbagbo et ses amis se terrèrent. Et les forces d’Ado patinèrent.

Jusqu’au moment où les hommes du président sortant commirent l’imprudence de s’attaquer à l’ambassade de France et à celle du Japon, dans la journée de mercredi . Licorne entra de nouveau dans la danse et détruisit ce qui restait des armes lourdes de Gbagbo. Puis elle s’enferma de nouveau dans un assourdissant silence radio. Attendant peut-être la prochaine erreur du président de la république du Bunker pour frapper à nouveau.

Disons-le tout net. Si, ainsi que l’on en a émis le souhait, il faut mettre la main sur un Gbagbo vivant, la Licorne française a le devoir d’intervenir. Car de toute évidence, les troupes d’ADO ne seront pas en mesure, seules, de mener à bien la tâche. On le comprend, la France ne souhaite pas forcément se salir les mains dans cette crise ivoirienne, critiquée qu’elle est déjà par une bonne frange d’observateurs, tout comme on comprend que l’Elysée entende user de la circonspection qui sied en pareille occasion.

La présidentielle française de 2012, quelque part, se joue en partie dans ce bourbier ouest-africain et Sarkozy est bien conscient qu’une victime française tombée aux bords de la lagune Ebrié peut coûter des milliers de voix aux bords de la Seine dans un avenir pas trop lointain. En politique, ces petites arithmétiques ont leur petite importance. Mais au point où elle en est, la France ne devrait peut-être pas s’embarrasser de si triviales considérations.

Et pour cause. Engagée comme elle l’est dans cette guerre civile ivoirienne, elle est désormais comme condamnée à boire le calice jusqu’à la lie. Cela relève d’un véritable truisme que d’affirmer que la force Licorne a été le secours providentiel qui aura catapulté les éléments d’ADO, leur aura permis de rallier Abidjan avec la célérité que l’on sait.

La force Licorne est celle qui a détruit le matériel lourd des combattants de Gbagbo et permet en ce moment aux FRCI d’encercler la résidence du président sortant, sans toutefois pouvoir l’en déloger. « On n’enterre pas un mort en laissant ses pieds dehors », dit un adage bien de chez nous. Dans ce nœud gordien ivoirien qui aura divisé tout le monde, la Licorne française n’est pas épargnée et surtout elle n’est pas à une critique près.

« Chassez l’infâme ! », disait de Napoléon « le Petit », l’immense Victor Hugo. Dégagez enfin Gbagbo et qu’on en finisse une fois pour toutes ! Ne serait-ce que par devoir d’assistance à nation en danger. De toute façon, à supposer que la même France se désengage de la crise ivoirienne au stade où elle se trouve, ses contempteurs du moment ne retireront pas ce qu’ils auront déjà dit d’elle.

Extirper Gbagbo, l’exfiltrer et le garder quelque part en lieu sûr en attendant de le livrer au boss argentin de la CPI, Moreno Ocampo, voilà qui soulagerait tout le monde et permettrait à un pays agonisant de commencer à renaître de ses cendres. Il n’est pas permis à un Gbabgo, même illuminé, de prendre en otage la vie de millions d’Ivoiriens. Forces françaises de la Licorne, rendez service à l’humanité. S’il vous plaît !

Jean Claude Kongo

(1) Sede vacante : vacance de siège

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 9 avril 2011 à 16:32, par Rufus En réponse à : Côte d’Ivoire : Les faux scrupules de la Licorne

    Ce article orienter autrement m’aurait surpris, mais je dis honte à l’Afrique, honte au Burkina.
    Ce qui se joue en Côte d’Ivoire est plus profond que la Présidence de la République.
    Qui vivra verra !

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