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10ème Commission mixte Burkina-Ghana : Revitaliser le cadre de coopération

Publié le mercredi 6 avril 2011 à 02h37min

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Accra a abrité, du 29 au 31 mars 2011 la 10e session de la Grande Commission Mixte de Coopération entre le Burkina Faso et la République du Ghana. Les travaux ont été présidés par les chefs de la diplomatie des deux pays SEM Bédouma Alain Yoda pour la partie burkinabè et l’Honorable Alhaji Muhammad Mumuni pour la partie ghanéenne.

Cette session, qui s’est tenue cinq ans après la 9e organisée à Ouagadougou en mars 2006, avait pour objectif de revitaliser ce cadre d’échanges entre les deux parties et de renforcer le dialogue traditionnel qui existe entre elles. Les relations entre le Burkina Faso et le Ghana sont au beau fixe grâce à l’engagement des plus hautes autorités des deux pays de faire des liens séculaires qui unissent les deux peuples un levier de développement pour un bien-être partagé.

Lors de la cérémonie d’ouverture de cette session, les deux chefs de délégation se sont félicités des excellents liens qui unissent les peuples burkinabè et ghanéen ainsi que de la qualité des relations particulières qu’entretiennent Leurs Excellences Monsieur Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso et le Professeur John Evans Atta Mills, Président de la République du Ghana. Le Ministre d’Etat a saisi l’occasion de cette rencontre pour réitérer la reconnaissance du Président du Faso, et du peuple burkinabè au Président de la République du Ghana pour avoir effectué sa première visite officielle au Burkina Faso le 08 avril 2009 après son investiture le 07 janvier 2009.

Les travaux de la 10e session ont permis de passer en revue la mise en œuvre des conclusions de la 9e session et de programmer les actions à mener durant les deux prochaines années. Il en ressort que la coopération entre le Burkina Faso et la République du Ghana porte sur plusieurs secteurs prioritaires.
Il s’agit entre autres de : la libre circulation des personnes et des biens, l’économie, la défense, la sécurité, la question des frontières, l’éducation, la jeunesse et la santé, la politique, l’énergie, les mines.

La libre circulation des personnes et des biens en marche
Les deux parties se sont félicitées de l’évolution positive dans la réalisation du projet de construction du Poste de Contrôle Juxtaposé de Paga à travers notamment la démarcation du site et la concession du terrain à la Commission de la CEDEAO. Elles ont exhorté la CEDEAO et l’UEMOA à rechercher d’autres sources de financement en vue d’accélérer la réalisation dudit projet. La multiplicité des postes de contrôle le long du corridor Ghana- Burkina a fait l’objet d’échanges entre les deux parties qui se sont engagés à œuvrer ensemble pour une réduction du nombre de ces postes.

Elles se sont en outre félicitées de la mise en place et du fonctionnement de l’Observatoire des Pratiques Anormales (OPA), ainsi que de l’introduction de l’automatisation qui permet l’amélioration des formalités douanières ; l’objectif à terme, étant une interconnexion du système informatique entre les deux administrations en vue d’un suivi satellitaire des camions depuis le départ de la marchandise jusqu’à destination dans les deux sens. Les deux parties ont convenu de créer, conformément aux textes de l’UEMOA, un comité de gestion du corridor Ghana-Burkina Faso d’ici décembre 2011. La question de laissez-passer, des tracasseries administratives, de la carte brune CEDEAO ont fait l’objet d’échanges entre les deux parties.

Les perspectives d’une coopération économique fructueuses

Pour le renforcement des échanges commerciaux, plusieurs projets d’accords ont été examinés parmi lesquels un projet d’accord de siège au profit de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso, un projet de protocole d’entente entre les deux Chambres de Commerce, un projet d’accord de partenariat en matière d’Artisanat , et un Accord relatif à la protection réciproque des investissements, signé en 2001 et non encore ratifié par le Ghana.

Les deux Parties se sont aussi engagées à mettre en œuvre le schéma de la CEDEAO sur la libéralisation du Commerce.
Concernant le transport, elles ont noté avec satisfaction les efforts déployés de part et d’autre en vue de la construction d’un pont sur le Fleuve Mouhoun. Le Gouvernement du Ghana s’est engagé à prendre des mesures rapides pour améliorer le tronçon Bobo-Diébougou-Hamile-Techiman identifié comme étant important dans la réduction des coûts des transactions et la facilitation du mouvement des biens et des personnes entre les deux pays, le tronçon burkinabè étant déjà bitumé.

Les deux parties ont par ailleurs déploré l’application de taxes sur les marchandises en transit au Ghana, ce qui est en contradiction avec la Convention des Nations Unies sur le transit des marchandises (1965). Les services compétents des deux pays devront travailler pour que toute législation régissant cette politique soit amendée d’ici fin 2011 en vue de renforcer le commerce en transit. Il en est de même pour l’imposition de la TVA sur les marchandises en transit.
Les deux Parties ont aussi reconnu la nécessité d’engager des actions pour harmoniser la mise en œuvre de la règlementation communautaire relative à charge à l’essieu, notamment par la standardisation des équipements, sur les limites tolérées et le régime de sanctions.

Les transports ferroviaire, aérien et l’Immigration ont également fait l’objet d’échanges entre les deux parties. A cet égard, trois projets d’accords attendent d’être finalisés et signés. Il s’agit d’un projet d’accord sur les transports publics routiers, un projet d’accord de coopération en matière de transports et de transit, et un projet d’accord de siège entre le Conseil Burkinabè des Chargeur et le Gouvernement de la République du Ghana.

Dans le domaine de l’agriculture, de l’environnement, de la recherche et du développement durable, Burkinabè et Ghanéens ont exprimé leur satisfaction pour la mise en œuvre réussie du Programme de développement socio-économique de la zone transfrontalière Burkina-Ghana, libérée de l’onchocercose au profit de 15 villages dans chaque pays. Ils ont convenu de renforcer la concertation pour une formulation de la phase d’extension dudit projet avec l’accompagnement de la CEDEAO.

Les deux parties ont convenu d’intensifier le partage d’expériences dans le domaine de la petite irrigation pour la production des tomates, de l’oignon ainsi que d’autres produits maraîchers tels que la fraise et le haricot vert.

Elles ont convenu de parvenir à un accord d’ici le 30 juin 2011, sur la transhumance transfrontalière en vue de réduire les tensions entre les éleveurs venus du Burkina Faso et les populations agricoles du Ghana. Elles ont également décidé de collaborer pour l’utilisation de l’abattoir frigorifique de Ouagadougou dont les installations modernes permettront d’approvisionner le marché ghanéen en viande.

Les deux parties se sont félicitées de la signature le 10 juillet 2008 à Accra d’un Accord de coopération entre le Gouvernement du Burkina Faso et le Gouvernement de la République du Ghana en matière de conservation des ressources naturelles partagées ; et de l’entrée en vigueur en 2009 de la convention sur le Bassin du fleuve Volta. Les deux pays ont réitéré leur engagement pour la gestion judicieuse des ressources en eau du Bassin du fleuve Volta par le biais de leur comité technique conjoint pour la gestion intégrée des ressources en eau. Ils ont aussi exprimé leur satisfaction quant à la gestion de l’ouverture des vannes du Barrage de Bagré et souhaité que l’étude prévue par la Banque Mondiale sur les inondations dans la sous-région contribue à une gestion efficace des inondations dans les deux pays.

Les deux Parties ont par ailleurs réaffirmé leur volonté de développer leurs relations en matière de télécommunication et de TIC à travers la réalisation de l’interconnexion directe des réseaux de télécommunications à fibre optique entre les deux pays.

Sur le plan énergétique, les deux Parties ont noté un retard enregistré dans l’exécution du projet d’interconnexion entre Bolgatanga et Ouagadougou. Elles ont décidé que l’évaluation du projet par les bailleurs de fonds, les négociations et le passage du dossier devant leurs instances de décisions auront lieu courant 2011. Il a également été question des interconnexions transfrontalières Bawku-Bitou et Hamile-Hamélé, de l’effectivité de l’alimentation de la mine d’or de Youga, des villes de Léo et Po à partir du Ghana et de l’établissement d’une coopération dans le domaine du gaz naturel.

Une coopération militaire, sécuritaire et administrative dynamique

Les deux délégations se sont réjouies de la bonne coopération qui existe entre les deux pays dans le domaine militaire, sécuritaire et administratif. Celle-ci sera renforcée par la signature très prochaine de protocoles d’accords en matière de défense et de sécurité.
La Coopération administrative porte essentiellement sur la démarcation de la frontière. Sur ce point, la partie burkinabè a proposé que les coordonnées des bornes existantes soient mesurées à l’aide du système GPS et archivées au profit des générations futures. Elle a également exprimé le souhait que le point triple entre le Burkina, le Ghana et le Togo soit construit. Les deux parties se sont félicitées des bonnes relations et de la coopération communautaire entre des communes frontalières du Ghana et du Burkina.

Education, jeunesse, et santé

Dans le domaine de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, les deux Parties ont convenu de renforcer la coopération entre les universités et les institutions de formation supérieure, les écoles et les institutions de formation technique et professionnelle et les structures de recherche des deux pays. Deux projets d’accords y relatifs sont en cours de finalisation.
Sur la jeunesse et l’emploi, la partie burkinabè a exprimé sa volonté de s’enquérir de l’expérience ghanéenne en matière de formation technique et professionnelle par l’organisation d’un voyage d’études. Les deux parties œuvreront ensemble pour la participation de leur jeunesse aux principaux événements et festivités commémoratives de leurs fêtes nationales respectives.

Dans le domaine de la santé, Burkinabè et Ghanéens ont convenu de renforcer leur collaboration notamment en termes de gestion des épidémies, des pathologies et des soins de santé des populations des deux pays, en cas de catastrophes, d’accidents et d’évacuations sanitaires dans le domaine des maladies cardio-vasculaires. Ils ont également convenu d’échanger des informations en termes de renforcement des capacités.

Une coopération politique, judiciaire et sociale nécessaire

Dans le domaine de la coopération politique, les deux parties ont convenu de renforcer leurs concertations aussi bien au plan bilatéral que dans les instances multilatérales.
Dans le domaine de la justice, elles ont relevé l’insuffisance d’actions concrètes de coopération entre les deux pays, du fait de différences entre leurs systèmes juridiques et judiciaires. En vue de dynamiser cette coopération, la Partie ghanéenne a marqué sa disponibilité à un partage d’expériences à travers l’échange de personnels dans les domaines de l’Administration de la justice, et dans la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, de règlement alternatif des litiges, d’assistance juridique aux personnes démunies.

Sur les questions sociales, la partie ghanéenne a exprimé sa volonté de partager avec la partie burkinabè ses expériences en matière de lutte contre la pauvreté. Elle a également souhaité bénéficier de l’expérience burkinabè en matière d’organisation de la filière artisanale et d’accompagnement des artisans.
La partie burkinabè a, pour sa part, a exprimé son souhait d’obtenir de la Partie ghanéenne une dérogation pour permettre aux retraités burkinabè ayant servi au Ghana de toucher leur pension au Burkina Faso.

La partie burkinabè, forte d’une quarantaine d’experts des différents secteurs de coopération, s’est félicitée de la tenue de cette rencontre qui a permis de relancer plusieurs projets d’intérêt commun avec la partie ghanéenne.

La 10ème session de la commission mixte a donc été une occasion de révision générale de l’état de la coopération entre les deux pays. Pour un meilleur suivi de la mise en œuvre des conclusions et recommandations de cette session et de celles à venir, les deux parties ont convenu d’une évaluation de leurs activités chaque année dans le courant du deuxième trimestre. La XIème Session se tiendra courant 2013 à Ouagadougou.

Yolande Kalwoulé

DCPM MAECR

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Vos commentaires

  • Le 6 avril 2011 à 13:41, par Marcellin En réponse à : 10ème Commission mixte Burkina-Ghana : Revitaliser le cadre de coopération

    Merci de suivre ces genres d’initiatives et de tenir la population informée. Ce sont là, les vraies axes du développement. Toutefois, il ne semble pas y avoir de décision concrète qui ait été prise.

    Il faut que nous évitions de nous enfermer dans l’intellectualisme lors de ces genres de négociation pour rentrer dans le concret et trouver des solutions qui se mettent en application et qui impactent visiblement les actes des citoyens au quotidien en leur facilitant des formalités, en leur ouvrant de nouvelles possibilités et en encourageant l’expression de leurs initiatives etc. Ne transformons pas cela en une autre grande messe sans contenu réel à l’image des multiples sommets que nous avons l’habitude de voir.

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