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Nick Domby : Hommage mérité à un chevalier posthume

Publié le lundi 27 septembre 2004 à 07h41min

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Décédé le 10 septembre dernier à l’âge de 44 ans des suites de maladie en France, la dépouille mortelle de l’artiste musicien burkinabè, Ouamtinda Dominique Kontogom dit Nick Domby est arrivée dans la soirée du 24 septembre à l’aéroport international de Ouagadougou.

Elle été accueillie par plusieurs personnalités dont le ministre Mahamoudou Ouédraogo et un nombreux public venus rendre un dernier hommage à l’illustre disparu.

Nick Domby a été élevé à titre posthume au rang de chevalier de l’ordre du mérite des arts, des lettres et de la communication au cours de la veillée funèbre organisée à la Maison des jeunes et de la Culture de Ouagadougou (MJCO), avant d’être inhumé le lendemain 25 septembre au cimetière de Gounghin.

En grand défenseur de la culture nationale à l’extérieur, Nick Domby méritait bien le repos éternel sur la terre de ses ancêtres. Les autorités burkinabè, en l’occurrence le ministère de la Culture, des arts et du tourisme et l’Ambassade du Burkina Faso en France, n’ont ménagé aucun effort pour le rapatriement du corps. Une délégation de 5 membres représentant la diaspora burkinabè en France dont le tuteur du défunt (son oncle) et l’ambassadeur Filippe Sawadogo, la femme du disparu (Eliane) et ses deux enfants (Nelson et Cyndie), ont accompagné la dépouille mortelle au bercail.

Un accueil très émouvant

Le silence qui régnait à l’aéroport à l’arrivée du corps était à la hauteur du deuil national. L’ambassadeur Filippe Sawadogo, profondément attristé, a donné le témoignage ci-après : "Nick Domby est le symbole du dialogue des cultures et de la culture du dialogue. Malgré l’éloignement, il a conservé une culture foncièrement inspirée de son terroir et il l’a montré à plusieurs reprises à travers ses créations. C’est donc avec beaucoup de douleur que nous ressentons la perte de ce digne fils issu de la diaspora burkinabè de France. Nous sommes très choqués mais comme on le dit, "l’homme propose et Dieu dispose" et nous ne pouvons que célébrer sa mémoire comme le peuple burkinabè et les autorités l’ont souhaité".

Les ministres Mahamoudou Ouédraogo et Seydou Bouda, le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, le député Salvador Yaméogo et les autres personnalités venus s’incliner devant le cercueil du disparu ont eu du mal à contenir leur émotion. Egalement dans le grand lot des artistes (vêtus en noir pour les uns ou portant des brassards noirs pour les autres) mobilisés pour célébrer la mémoire de celui qu’ils considéraient comme le porte-flambeau de la jeune génération des artistes musiciens burkinabè à l’extérieur, le deuil était lourd à porter.

Pleurs et évanouissements ont émaillé le temps de recueillement à l’aéroport devant une veuve des jumeaux orphelins (les enfants du défunt) et une famille inconsolables. L’imposant cortège funèbre s’est ensuite ébranlé de l’avenue de la Résistance à l’Avenue Charles De Gaulle en passant par le Boulevard circulaire pour rejoindre le domicile familial à Bendego où des cérémonies rituelles ont été organisées. Ce fut après la veillée funèbre qui s’est déroulée à la MJCO.

Chevalier du mérite à titre posthume

En reconnaissance de l’engagement et du talent que l’illustre disparu a su mettre au service de la valorisation de la culture nationale, le Grand Chancelier des Ordres burkinabè, Mamadou Djerma, l’a solennellement élevé au rang de chancelier de l’ordre du mérite des arts, des lettres et de la communication avec agrafe "musique et danse".

La veillée funèbre, au cours de laquelle cette distinction à titre posthume a été décernée, était rythmée de prières et de témoignages sur le parcours du disparu. Ces témoignages lui reconnaissent les qualités d’un artiste qui a su imposer sa musique dans le gotha des musiques de fusion à travers sa quête permanente de la perfection tout en conservant l’originalité de son rythme, attaché au terroir mossi. "Nick Domby était ouvert, humble et aimait beaucoup partager", a témoigné un de ses pairs.

Avant son inhumation intervenue le lendemain 25 septembre dans la matinée au cimetière de Gounghin, le secrétaire général du MCAT, Sanhour Méda et le représentant des artistes musiciens burkinabè Dick Marcus ont livré deux messages.

Par Kab’s Paul KABORE (Collaborateur)


Message du Secrétaire général du ministère de la Culture, des arts et du tourisme (MCAT)

"Ainsi, tu nous a quitté Nick Domby. Le monde de la culture burkinabè est en deuil. Le ministère de la Culture, des Arts et du tourisme est en deuil. L’ensemble des artistes burkinabè, des artistes vivant au Burkina et ceux d’ailleurs sont en deuil. C’est un grand artiste qui a porté au firmament le flambeau de la musique que nous pleurons.

Non, Nick Domby n’est pas mort, tu es toujours parmi nous par ta riche oeuvre musicale que nous apprécions tant. Nick Domby repose en paix ! Que la terre du Burkina te soit légère !".


Message des artistes musiciens

"Nick Domby, toute la famille artistique du Burkina Faso s’unit pour rendre hommage.
Nick, repose en paix !
Né en 1960, tu as quitté ta terre natale pour l’aventure à Orléans en France en 1987. L’année 1989 fut le début de ta carrière artistique que tu as menée avec brio. En ce qui concerne tes oeuvres discographiques, tu nous as gratifié de quatre albums :
- PATAYE (1989)
- BABA (1992)
- MOSSI WORLD GROOVE (1999)
- M’BA POLE (2001)

Tu as su fusionner avec succès la musique traditionnelle de chez toi et la musique moderne que tu as baptisée "World Groove".

Nick, tu nous quittes au moment où les jeunes musiciens ont besoin de ton expérience.
Comme on le dit en Afrique : "Les morts ne sont pas morts"
Nick, sache que pour nous, les jeunes musiciens, tu n’es pas mort.
Tu guideras toujours nos pas pour que la musique burkinabè rayonne dans le monde.
Nick Domby, repose en paix !"

Le Pays

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