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COUVRE-FEU AU BURKINA : Pourvu que ça ne dure pas !

Publié le vendredi 1er avril 2011 à 03h35min

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On n’avait pas décrété un couvre-feu depuis au moins 30 ans au Burkina. Et vous savez où j’ai appris l’information ? Dans ma chambre. Je recherchais "Le prince" de Machiavel dans ma bibliothèque quand mon portable a sonné. C’était mon neveu "maîtrisard" en droit public, qui était en ligne et qui m’annonçait "la réquisition complémentaire spéciale" prise par le Premier ministre. Bon, vous ne le savez pas mais mon neveu qui a 23 ans n’a jamais entendu parler de couvre-feu depuis qu’il est né. "C’est quoi même, tonton", m’a-t-il demandé.

Cette question m’a replongé dans les souvenirs des années d’exception au Burkina. Mais, sans rentrer dans les détails, je lui ai dit qu’on a vécu le couvre-feu pour la dernière fois pendant le Front populaire et qu’il ferait mieux de rentrer sagement à la maison en attendant qu’on continue les débats le lendemain. Après son coup de fil, ma tête bourdonnait de questions. Tout à coup, soudain, brusquement, aurait dit quelqu’un, après le discours tant attendu du grand manitou. Comme il n’était pas encore 21h (puisque la restriction des libertés commence à cette heure), j’ai décidé de sortir.

Je savais que j’allais me régaler. Les Ouagalais se sont donnés en spectacle. Ils avaient le feu aux trousses et ils détalaient comme des lapins. Il y a eu de nombreux accidents. Ce ne sont pas seulement les motocyclistes qui faisaient du rallye, qui m’intéressaient. J’ai eu pitié de la dame chez qui j’achète souvent le benga. Dans sa débandade pour ramasser ses plats, certains clients sont partis sur la pointe des pieds sans payer. Des escrocs qui ne disent pas leur nom. Sa voisine qui vendait du poisson braisé récriminait sans cesse et accusait le gouvernement d’avoir annoncé tard le couvre-feu. Et là, m’approchant d’elle, je lui ai dit qu’elle avait raison. Elle venait de me donner l’occasion de livrer le fruit de mes réflexions.

Et je lui ai dit que ce communiqué, qui a évité jusqu’au bout le mot "couvre-feu", démontrait à lui seul qu’il y avait un problème très sérieux. Et c’est face à cette situation que l’Etat veut reprendre la main. Le commun des mortels ne voit pas grand-chose mais un couvre-feu, ce n’est pas du jeu. C’est ce que j’ai dit aux restauratrices qui ont tout de suite commencé à calculer le manque à gagner économique que cette mesure va engendrer. A minuit, le week-end, celle qui vendait le poisson braisé était toujours au service des couples amoureux (moi, je ne sais pas ce que c’est). A ce moment, je lui ai dit que les plus malheureux seraient les propriétaires de bars dancings, de restaurants, de boîtes de nuit. Eh oui, il y a des gens qui ne travaillent que la nuit. Dommage ! Ils vont se reconvertir parce que les militaires nous ont "mélangés" dans une affaire qui ne nous regarde pas. Ouais ! Est-ce que le couvre-feu-là va résoudre les problèmes de fond de l’armée ? Ce qu’on va récolter, c’est la mauvaise image que cela va donner à notre pays. Dans cette affaire, les civils paient cash pour l’indiscipline d’un corps parce que les préjudices économiques ne seront pas négligeables.

Et comme l’heure du couvre-feu s’approchait, j’ai dit au revoir aux dames en leur confiant que finalement, elles seraient les plus grandes bénéficiaires. A cause des restrictions, elles auront leur mari plus tôt à la maison, les soirs et certainement, elles retrouveront le sourire. Ceux qui dormaient dans les bars vont changer leurs habitudes pour éviter d’être gardés à vue. Dans cette situation, c’est la dernière chose que toute personne doit éviter. C’est pourquoi, je souhaite que le couvre-feu ne dure pas longtemps. Et puis, aux militaires-là, je dis, sans que ma voix ne tremble, réglez vos problèmes entre vous et laissez-nous tranquilles !

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 2 avril 2011 à 16:08, par Verita En réponse à : COUVRE-FEU AU BURKINA : Pourvu que ça ne dure pas !

    Ce truc là n’est vraiment pas interessant. Pourvu que ça finisse vite. De toute façon, les acteurs ayant occasionné ce couvre-feu après l’entretien avec le PF ont dit que c’est fini. Le PF lui-même l’a dit. Mais pourquoi le couvre-feu d’hier ? Normalement il ne devrait pas y avoir encore de couvre-feu aujourd’hui. Il ne faut pas que l’on en abuse tout de même. Moi je ne suis pas un noctambule, je suis casanier, mais je n’aime pas que l’on dise qu’il est interdit de sortir.

  • Le 6 avril 2011 à 17:39, par Lodoube En réponse à : COUVRE-FEU AU BURKINA : Pourvu que ça ne dure pas !

    Lors de la prise du pouvoir par Blaise le 15 Octobre, un couvre feu a été instauré. Il faut revoir tes calculs M. le journaliste

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