LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Tension sociale au Burkina : On en connaît qui doivent se réjouir à Abidjan

Publié le mercredi 30 mars 2011 à 02h41min

PARTAGER :                          

Le scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire était censé mettre ce pays définitivement sur la voie de la paix même si quelques appréhensions persistaient sur l’issue de la crise née le 19 septembre 2002. Ces inquiétudes ont été fortement entamées au sortir du face-à-face télévisé Laurent Gbagbo – Alassane Dramane Ouattara. Du coup, on s’était pris à rêver et à louer la démocratie ivoirienne tant les deux hommes ont été courtois lors de cette émission et surtout que chacun d’eux avait solennellement pris l’engagement de se plier au verdict des urnes.

Puis, patatras, le masque démocratique s’est brisé après le 28 novembre 2010 par le fait d’un Laurent Gbagbo qui a décidé de se dédire en refusant d’accepter les résultats de la consultation électorale, aidé en cela par un conseil constitutionnel aux ordres. Depuis, la mécanique de la paix s’est enrayée aux bords de la lagune Ebrié.

Obnubilé par un pouvoir qu’il usurpe, l’enfant de Mama reste sourd aux suppliques et imprécations et cela au prix d’une guerre civile. Et de fait, pourparlers, réunions, panel, gel des avoirs, interdiction de voyage, menace d’intervention militaire ne parviennent à infléchir d’un iota la position du mari de Simone.

D’abord subrepticement, puis à découvert, la Côte d’Ivoire a rebasculé dans la barbarie. Une violence qui n’épargne pas Abidjan, la perle des lagunes où de la commune d’Abobo, le « Commando invisible » a poussé ses tentacules dans bien des quartiers de la capitale économique ivoirienne.

Les combats entre ce Commando et les forces loyales à Gbagbo ont occasionné un exode massif des populations à l’intérieur même d’Abidjan. Sur la ligne de front à l’intérieur du pays, les hostilités font rage depuis un certain temps et se soldent par la prise de localités par les forces pro-Ouattara. Ainsi, ces dernières 24 heures, trois importantes villes (Duékué, Daloa et Bondoukou) sont tombées dans leur escarcelle.

Conséquence de cette recrudescence des violences, des milliers de civils trouvent refuge dans les pays voisins. De fait, un véritable drame humanitaire est en train de prendre corps et pourrait, si on n’y prend garde, déstabiliser le Liberia où le nombre de réfugiés ivoiriens explose. Les Ivoiriens sont d’autant plus livrés à eux-mêmes que l’actualité internationale s’est déplacée en Libye et au Japon et cela, au grand bonheur de Laurent Gbagbo.

C’est dans ce contexte que le Burkina Faso de Blaise Compaoré est secoué par des vagues de contestation. D’abord ce sont les scolaires et les étudiants qui ont manifesté violemment à travers tout le pays pour réclamer la justice pour un élève, Justin Zongo, mort dans des circonstances troubles à Koudougou. Ces frondes ont occasionné la mort de cinq autres élèves.

Alors que les autorités ont du mal à circonscrire ces troubles, voilà que des militaires allument un brasier à Ouaga puis à Fada N’Gourma. Mettant ces villes en coupe réglée, les soldats ont pillé des biens privés et saccagé des édifices publics.

En réponse aux actes des militaires, les commerçants à Ouagadougou ont aussi manifesté. Dans ce sillage, les acteurs de la justice ont décrété la suspension des activités juridictionnelles jusqu’à ce que les soldats qui ont été libérés des prisons par leurs frères d’armes réintègrent les maisons d’arrêt.

Du coup, Blaise Compaoré, qui parcourait l’Afrique pour éteindre le feu dans nombre de pays, a à présent un chat domestique à fouetter. L’enfant terrible de Ziniaré va s’y atteler, surtout que le contexte international, les contestations dans les pays arabes, peuvent faire des émules…

On imagine cependant que du côté de la lagune Ebrié, on regarde avec attention tout ce qui se passe au Faso. Dans le camp Gbagbo, on rit certainement du malheur du beau Blaise. Les camarades de Gbagbo, à défaut de renvoyer la subversion au pays des Hommes intègres, se frottent les mains et ne vont certainement pas oublier de brûler des cierges pour remercier le bon Dieu de créer des pépins à Blaise Compaoré.

Par contre, du côté de l’hôtel du Golf, on doit suivre tout cela avec beaucoup d’inquiétude et la peur de perdre un soutien fidèle… Autrement dit, à Abidjan, selon qu’on est pro-Ouattara ou pro-Gbagbo, on fait une lecture différenciée des tensions sociales qui secouent le Burkina Faso.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?