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Burkina : Blaise Compaoré doit mettre la " Yelkayemania " de côté

Publié le mardi 29 mars 2011 à 02h50min

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Grogne des scolaires et universitaires, coup de nerf des magistrats, enseignants en rogne… Plus rien ne tourne rond au « pays des Hommes intègres » ! Décidément, « tout le monde est fâché », dans un transport généralisé de ras-le-bol où, malheureusement, l’autorité semble foutre le camp. On aurait toutefois tort de penser une fois encore que tout se règlerait à coups de promesses et de paroles…

Très remontés contre les militaires qui ont saccagé leurs étals et emporté leurs biens, les commerçants attendent de pied ferme que les promesses gouvernementales soient tenues. Ce n’est guère la première fois que, victimes d’exactions diverses, ils ont dû se nourrir de promesses jamais concrétisées. Dans leurs mémoires, à nouveau écorchées par les évènements de la semaine dernière à Ouagadougou, ils n’oublient ni 2006, ni 2008 où ils ont dû adoucir leurs ardeurs à appliquer la loi du talion contre des promesses de dédommagement. Cette fois-ci, à les entendre, l’expectative ne durera pas. Si les pouvoirs publics ne font rien pour réparer le préjudice qu’ils ont subi du fait de la razzia punitive des hommes en tenue, ils passeront eux-mêmes aux actes.

Le moins que l’on puisse dire dans tous les cas, c’est que la situation sociale est des plus tendues dans le pays. Comme dans un effet domino, les protestations s’enchaînent dans un cycle infernal de mécontentements les uns plus aigus que les autres. Ainsi, alors que les scolaires et les étudiants manifestaient contre la mort, dans des circonstances troubles, de l’élève Justin Zongo, des militaires, en mal d’auto-justice, se sont maladroitement illustrés dans les rues et les commerces de Ouagadougou, faisant reculer le gouvernement sur une décision de justice. Les magistrats, qui ne l’entendent pas de cette oreille, décident alors de bloquer tous les actes de justice pour protester contre l’immixtion de l’Exécutif dans une décision « souveraine » de justice. Pendant ce temps, les enseignants menacent eux aussi d’user de leur arme ultime pour en appeler à une amélioration de leurs conditions de vie et de travail, tandis qu’à l’approche de la commémoration de la « Journée de pardon », le 30 mars, on se rend compte que le « Plus jamais ça » n’est resté que lettre morte.

Que cachent les coups de feu entendus dans la nuit du 27 au 28 mars à Fada N’Gourma ? La liste est devenue longue de l’enchaînement de désapprobation qui a cours actuellement au Faso : coups de feu à Fada, coups de feu à Ouagadougou, des militaires qui se font justice, des magistrats qui protestent, des élèves et étudiants en colère… Il semble évident que la mort de Justin Zongo aura été la goutte d’eau qui a débordé du vase du mécontentement généralisé. Et pour ne rien arranger, l’élargissement des militaires condamnés par la justice, suite à leur expédition punitive, achève de convaincre que force reste à l’impunité, notamment pour des hommes en armes qui en usent contre de paisibles populations et à qui ont donne la caution qu’ils sont au-dessus des lois de la République.

Il y a une urgence à circonscrire le mal qui ronge ce pays. Il n’y a pas longtemps, j’ouvrais ici même le débat sur le rôle des conseillers qui entourent le président du Faso, Blaise Compaoré. Mais force est de reconnaître aujourd’hui que la crise est plus profonde que les thuriféraires du parti au pouvoir veulent bien le laisser croire. Une fois de plus, on ne saurait lire les événements en cours actuellement et la montée en puissance des contestations de toutes sortes en faisant fi du contexte géopolitique international, marqué par les révolutions tous azimuts. C’est pourquoi , dans un régime aussi présidentialiste que celui du Burkina, j’en appelle encore à une initiative majeure du président du Faso pour une prise conséquente d’initiatives de poids pour conjurer le mauvais sort. Autant sa méthode a permis de résoudre des crises à l’extérieur, autant doit-il monter au créneau et trouver le viatique contre les maux qui minent le Burkina, afin de ramener la sérénité dans les débats.

De mon point de vue, la crise qui secoue le Burkina est d’abord sociale (renchérissement du coût de la vie, incertitudes face au lendemain, ras-le-bol des populations face à l’impunité, etc.). Mais elle est aussi éminemment politique et cette dimension-là, exacerbée par les événements qui secouent le monde arabe et qui suscite à juste titre des rêves de « révolution de jasmin » au Burkina, ne saurait être balayée du revers de la main par cette espèce de « Yelkayémania ».
Certes, le Burkina a des fondements propres et peut encore se vanter de sa singularité, mais le Faso ne vit pas en autarcie, sur une île lointaine, sans Internet , ni remous…

Par Thierry Hot

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 29 mars 2011 à 03:47 En réponse à : Burkina : Blaise Compaoré doit mettre la " Yelkayemania " de côté

    Merci Thierry. cet article a lui seul merite un Galiam de la meilleure analyse et de la citoyennete. Il suffit que Blaise Compaore ecoute 20% du contenu, puisque les thureferaires du systeme voulant son mal ne le conseilleront pas dans votre sens ; mais il suffit, disais-je q’une infime partie de cette analyse soit prise en compte et beaucoup de nos problemes sont resolus. Que Blaise arrete de se flatter : il ne peut plus gouverner comme il l’a fait dans le passe. Et la pauvrete endemique affecte tout le monde, a commencer par les militaires (la seule frange de la population burkinabe dont la voix porte chez Blaise). Il ne suffit pas d’augmenter des salaires. Le regime a tellement laisser s’empirer les choses qu’aucune augmentation de salaire ne peut arranger les choses. Il s’agit de revoir la structure meme de beaucoup d’aspect de notre vie. Combien de militaires de rangs peuvent se construire une maison ? Pourtant ils y ont droits ? Combien de cadres moyens peuvent esperer vivre dans leur maisonS ? pourtant ils y ont dront ? Combien mangent a leur faim et de burkinabe maniere nutritive ? Tres peu, et pourtant c’est possible. Le brigandage fait au peuple a travers la monopolisation du secteur ciment par CIMAT est inacceptable qd on pretend vivre dans la liberalisation. Avec 1,000,000 de francs CFA on peut a peine atteindre le chainage d’une maison a Tiebele. prenez le meme montant et traverser la frontiere et vous avez une tres belle maison. La demcratie de Blaise Compaore s’evalue par le nombre de fois qu’on va aux urnes, non, il faut que cela se corrige, il faut une democratie a tous les niveaux accompagnee d’une justice economique, sinon oublions la paix.

    Si rien n’est fait et de maniere courageuse, un changement de regime est a nos portes, et Blaise n’aura meme pas le temps d’achever son mandat legal, encore moins profiter des cadeaux des reformes que Bongnessan lui aurait offerts. Nous voulons la paix, et nous voulons que pour une fois Blaise ecoute le peuple, rien que pour une fois.Et que l’on saches une chose, en tant de confusion, ceux qui n’ont rien a perdre sont ceux qui n’ont rien a esperer. ALORS, QUE CEUX QUI ONt QUI ONT BEAUCOUP A ESPERER nous aident en conseillant bien Blaise, qui malgre ses faiblesses du passe pourrait sortir par une tres grande porte. Mais veut-il finir grand et aggrandi ? Question !!!!

  • Le 29 mars 2011 à 04:53 En réponse à : Burkina : Blaise Compaoré doit mettre la " Yelkayemania " de côté

    Et le Burkina émergent, il est passé où. ça c’était prévu au programme ou pas.

    La bêtise de nos dirigeants est qu’ils ne voient jamais rien arriver et tant que ça ne vire pas au vinaigre, ils ne comprennent pas. Je vois mal comment ce problème sera résolu qu’en mettant fin à l’impunité...

    Les conseillers de Blaise sont de vrais incapables. Où est passé le tonitruant Tebguéré dans tout ça. Il n’a rien dit encore ? Lui qui use de la rhétorique contre les élèves et étudiants devrait aussi s’adresser aux militaires, leur interdire un intinéraire qu’ils n’ont du reste pas demandé...

  • Le 29 mars 2011 à 06:57, par Daoud En réponse à : Burkina : Blaise Compaoré doit mettre la " Yelkayemania " de côté

    M. Hot, vous parlez de "Géopolitique internationale", de Révolution du Jasmin ? certes oui, mais il ne faut pas omettre non plus cette "géopilitique régionale ou même sous-régionale". A force de jouer au pyromane-pompier en c.I, il ne faut pas s’étonner que Gbagbo s’en laisse ainsi passivement compter.

  • Le 29 mars 2011 à 10:53, par sama nommoindé En réponse à : Burkina : Blaise Compaoré doit mettre la " Yelkayemania " de côté

    le pays connais des troubles certains car la grogne se fait sentir dans tous les corps sociaux professionnels au lieu de nous servir des discours politique trouver nous des solutions à la vie cher qui représente le véritable nerfs de la guerre.

  • Le 29 mars 2011 à 10:53 En réponse à : Burkina : Blaise Compaoré doit mettre la " Yelkayemania " de côté

    Bel article Thierry Hot. C’est cela du journalisme. On sort enrichi de l’écrit avec des pistes pour les uns et les autres.
    Courage. Je t’aurai pris comme conseiller en communication à la Présidence du Faso si toutefois j’y accède un jour.

  • Le 29 mars 2011 à 12:23, par idrissus En réponse à : Burkina : Blaise Compaoré doit mettre la " Yelkayemania " de côté

    C’est très bien dit...!
    Il faut que le President redevienne pour une fois celui des burkinabés et oublie un temps soit peu les problèmes extérieurs.C’est le moment qu’il fasse profiter au Burkina son intélligencia en matière de règlement de conflit et bien d’autre...sinon il risque de rejoindre definitivement l’extérieur un bon matin !!!!

  • Le 29 mars 2011 à 12:23, par Giorgio En réponse à : Burkina : Blaise Compaoré doit mettre la " Yelkayemania " de côté

    Excellence Monsieur le President du Faso, le Burkina Faso, notre chere et commune nation va mal, tres mal. Trop de frustrations, trop d`injustice, desordre administratif, corruption, mediocrite, laxisme, vie chere, insecurite, crise energetique, etc, tels sont le lot quotidien de notre vaillant peuple. Tout va mal. On assiste a la baisse du niveau des eleves et des enseignants, nos etudiants sont mal formes par des enseignants vieillissants qui prennent plaisir a distribuer de mauvaises notes et a s`en moquer ouvertement, se faire etablir un papier administratif releve du prcours de combattant. Si ce n`est pas des secretaires aigries et sans niveau machant du chewing gum ou du curedent qui vous nargueront sans menagement, ce sont les agents qui retarderont deliberement votre dossier parce que vous ne leur avez pas offert de quoi se payer du porc au four ou du beaufort, en circulation, on assiste au laxisme des policiers quand les taximen circulent comme ils veulent, creant ainsi des tombeaux ouverts, on assiste depuis des annees a des coupures intempestives de courant avec des autorites incapables de resoudre le probleme de facon durable, preferant prendre des mesures ponctuelles, les salaires sont insignifiants tandis que les prix ne cessent de grimper, dans les hopitaux on n`en parle meme pas, on se demande si ceux qui y travaillent ont encore un coeur, et que dire de la vie de nos parents en province et dans les villages ? A peine s`ils ont de l`eau potable et arrivent a avoir ne serait-ce que deux repas par jour, bref. Et pendant ce temps, nous voyons vos collaborateurs mener une vie de pacha et pire, eux qui sont censes montrer l`exemple, c`est eux qui se cachent sous les arbres la nuit tombee avec des jeunes filles innocentes ou inconscientes, que c`est insultant ! Et plus insultant quand on les entend avec leurs gros ventres dire:on va faire comment ? Pays la c`est pour nous ! Voila, Excellence M. le President, ce qui se passe ici au Faso que vos collaborateurs vous cachent, surement pour ne pas perdre leurs privileges. Vous avez consacre beaucoup de temps a resoudre des crises partout, redorant de ce fait l`image de notre pays, nous en sommes fiers et nous vous en remercions. Maintenant, nous vous demandons de vous consacrer au peuple que vous aimez en essayant de resoudre tous ses problemes qui deviennent de plus en plus aigus et pour finir, en ne modifiant pas l`article 37 de la constitution, l`histoire le vous revaudra.

  • Le 29 mars 2011 à 15:05, par kabore jeanpirre En réponse à : Burkina : Blaise Compaoré doit mettre la " Yelkayemania " de côté

    salu le faso blaise doit regarde le chose de notre pay gui est important pour nou il faut gue il cherche a regler les probleme de notre cher pay le burkina faso se se gui le regard se gui est ou dehor ne le regard pa ce tout merci

  • Le 29 mars 2011 à 16:09, par GENOVEVA En réponse à : Burkina : Blaise Compaoré doit mettre la " Yelkayemania " de côté

    j’aimerais bien savoir ce qu’est la YELKAYEMANIA,car je ne vis pas au BURKINA....Cela s’apparente-t-il au YAKAFOKON que l’on emploie chez nous ,ou bien est-ce autre chose ? Qui veut bien m’éclairer ? D’avance Merci !

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