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Situation nationale : Que Blaise s’occupe maintenant des affaires burkinabè !

Publié le lundi 28 mars 2011 à 03h41min

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La récurrence des actes d’indiscipline caractérisée que les éléments des forces de défense et de sécurité ont commis ces dix dernières années a de quoi faire trembler pour notre démocratie si l’on s’amusait à en égrener l’effarant chapelet. Qu’on en juge !

Juillet 1999, des vétérans de l’équipée libérienne auxquels se sont joints d’autres révoltés du navire s’emparent des grandes artères de la capitale, réclamant à coups de jurons ce qu’ils pensent être leurs dûs.
Décembre 2006, prenant pour alibi l’altercation d’un des leurs avec des agents de police en faction, la soldatesque déclenche un déluge de feu sur Ouagadougou.

Septembre 2007, c’est le tour de militaires et de gendarmes retraités de donner dans la fronde, relayés un mois plus tard par leurs homologues de la ville de Sya.
Septembre 2009, voilà que des élèves-policiers, sous un prétexte des plus futiles, s’adonnent à une partie de ratonnades dont se souviennent encore les paisibles habitants du quartier Gounghin.

Last but not least, et plus près de nous, la nuit des vandales, celle du 22 au 23 mars, où une fois encore à Ouagadougou, des militaires ont fait un usage hors-la-loi de la kalach et du bazooka contre des magasins, des essenceries et des édifices publics de souveraineté comme le palais de justice et, subsidiairement, la maison de l’Avocat.

Dans quel Faso vivons-nous aujourd’hui, braves gens, si les hommes dont c’est la vocation de défendre, fût-ce au prix de leur sang, le statut sacré des emblèmes de la république sont les premiers à les profaner éhontement ?

Où allons-nous si ceux-là qui n’ont pas fait vœu de défendre au péril de leur vie seulement l’intégrité de notre territoire mais également la sécurité de nos personnes et de nos biens se muent eux-mêmes à la moindre occasion en pillards de commerces et en détrousseurs de passants ? On se croirait rendu sous ces cieux maudits où des hordes de soudards affamés, sans solde, laissés à eux-mêmes en sont réduits à se servir sur le tas.

Quelle image, quel message veut-on ainsi laisser aux jeunes scolaires qui, quelques tournures que puissent prendre leurs manifs, ne se livrent jamais, eux, à des actes de rapine ?

Ajoutez à la litanie, déjà longue, des dérives gravissimes la forfaiture des policiers de Koudougou dont est mort le jeune Justin Zongo, et la preuve est faite que c’est des rangs mêmes des forces de défense et de sécurité que nous arrivent ces temps-ci le scandale de la chienlit et les bégaiements de la paix sociale qui s’en suivent tout naturellement.

Le casus belli qui a incité à sortir du sentier du devoir les mutins du 22 mars est maintenant archiconnu grâce aux menus détails qu’en a donnés la presse : une affaire de mœurs ayant entraîné en barre d’instance la condamnation de cinq militaires à des peines de prison ferme emportant radiation des effectifs des forces armées.

Que le tribunal ait eu la main trop ou pas assez lourde, on pourrait en discuter à perdre haleine, tant il est constant qu’une décision de justice fait rarement l’unanimité, surtout quand des carrières d’un côté, et l’honneur d’un homme de l’autre, sont en jeu comme c’est ici le cas. Mais qui mieux que les hommes de tenue doivent savoir que, quelque dure que soit la loi, elle reste la LOI.

Qui d’autre sait mieux que tout n’est jamais irrémédiablement scellé en première instance et que d’autres voies de recours s’offrent, qui peuvent atténuer la peine à défaut de l’annuler ?

A qui d’autre pense l’autorité publique quand elle profère la célèbre formule “Force restera à la loi” – sinon aux hommes en armes sur lesquels elle compte, le cas échéant, pour faire exécuter par la contrainte légitime les décisions administratives ou judiciaires ?

Mais alors, que devient la LOI si ces mêmes hommes, se croyant au-dessus d’elle, la bafouent quand elle leur est défavorable ? Trêve de prêchi-prêcha, car du haut gradé cuiteur de fine au perrier au simple bidasse mangeur de garba, ces prérequis de civisme sont bien connus.

Mieux, ils ont été copieusement renforcés depuis les années 2000 par une noria de séminaires formation-sensibilisation à l’effet de consolider les bases de cette armée républicaine dont notre jeune démocratie a besoin comme d’une assurance-vie.

Or tout donne à croire – foi de profane – qu’on est encore loin du compte, tant le sacro-saint principe du respect confucéen de la hiérarchie et de la discipline, qui font la force des armées, semble aller à vau-l’eau.

Quel type de bogue ou de virus parasitent le fonctionnement régulier de la chaîne de commandement et font que, naguère en 2006 et sous nos yeux aujourd’hui, des sans-grade aient eu si allègrement accès aux arsenaux pour s’en aller ensuite semer la désolation urbi et orbi ? Où est-elle donc passée, cette armée d’antan, celle des Sangoulé Lamizana, des Vodgo Ouédraogo, des Baba Sy et Wendpanga Samandoulgou ?

On aime à les camper aujourd’hui en soldats sac-au-dos dont on se délecte avec condescendance. Mais voilà qu’en termes de grandeur et servitudes militaires, ces pères fondateurs de nos forces armées en revendraient par gamelles entières aux éléments d’aujourd’hui, réputés intellos.

L’armée étant dans une certaine mesure un concentré des maux qui minent en lame de fond une société donnée, comment enfin ne pas prêter une attention inquiète à la manière dont chaque fois le reste du corps social burkinabè réagit ?

On a vu le mouvement quasi instantané du monde scolaire par suite de l’affaire Justin Zongo. Même si l’on ne pouvait pas s’attendre à autres réflexes de la part d’un milieu consubstantiellement porté à la contestation, on reste tout de même sidéré autant par la violence de la colère que par le choix des cibles : des symboles de l’Etat ou du parti au pouvoir.

On a ressenti la même sidération quand, jeudi dernier, alors que leurs représentants se trouvaient en conclave avec le gouvernement, les processionnaires des marchés et des yaars de Ouagadougou ont osé, fait inédit, porter la protestation jusqu’aux abords immédiats du camp Guillaume-Ouédraogo. Autant dire à portée de mitraille.

Les plus hautes autorités de l’Etat, au-delà de tout ce qui a été déjà déployé pour apaiser les cœurs dans les deux dossiers brûlants de l’heure, devraient ouvrir l’œil sur tant de signes du moment. Ces derniers lustres, notre président s’est ruiné la santé, dans tous les sens du mot, à la résolution des conflits qui plombent notre sous-région. Et cela, sans la garantie que tous le lui revaudront à la hauteur des sacrifices consentis.

Pour s’en convaincre, il n’est que de parcourir la presse aux ordres d’un usurpateur du fauteuil présidentiel dans un pays pas si lointain : elle jubile grossièrement à la moindre poussée de fièvre au Burkina, croyant y lire les symptômes d’agonie du régime Compaoré. Il est vrai qu’aider à maîtriser l’incendie chez le voisin revient à en préserver sa propre case.

Mais pour paraphraser l’Ecclésiaste, disons qu’il y a un temps pour tout ; un temps pour s’occuper des oignons d’autrui, un temps pour peler les siens propres. Le temps est donc venu, semble-t-il, pour Blaise de revenir, comme on dit, à la maison et de s’asseoir pour s’occuper à bras-le-corps des affaires burkinabè.

Et cela, même si, pour des raisons de lui seul connues, il pense qu’il n’y a pas péril en la demeure.

L’Observateur Paaga

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Vos commentaires

  • Le 28 mars 2011 à 09:23 En réponse à : Situation nationale : Que Blaise s’occupe maintenant des affaires burkinabè !

    entouka sè mieu pour lui.

  • Le 28 mars 2011 à 14:15, par burkinbi En réponse à : Situation nationale : Que Blaise s’occupe maintenant des affaires burkinabè !

    en fait le niveau intellectuel de nos bidasse est très bas comment on vas accepter donner une arme a quelqu’un qui n’a aucune formation juridique ni civique de ce fait il faut s’attendre a des dérapages en cascades nous ne voulons plus de militaire avec niveau CEPE èxigons un niveau d’étude plus élever pour quoi pas le BEPC.
    Autre point il faut trouver de quoi les occuper pendant leurs heures de services au lieu de les laisser trainer dans les cabarets de la ville .

  • Le 28 mars 2011 à 15:01, par mackiavel En réponse à : Situation nationale : Que Blaise s’occupe maintenant des affaires burkinabè !

    « Toi qui donnes dix francs pour les enfants d’ailleurs, et ceux qui sont en bas de chez toi ? » Francis Caberl (Saïd Mahamed)

  • Le 28 mars 2011 à 15:10 En réponse à : Situation nationale : Que Blaise s’occupe maintenant des affaires burkinabè !

    vraiment la, trop c’est trop ! notre president a délaissé le peuple a lui et c’est des autre dont il s’en préoccupe .
    il est temps maintenant pour de lui de regarder le peuple qui la voté , car c’est de lui qu’il tire son pouvoir , au lieu de regarder son fauteuil et laissé les ministères faire ce qu’ils veulent la ; il n’a qu’a se levé et s’intéressé personnellement et physiquement des affaires burkinabés !
    jamais lui il ne fait de conférence de presse pour parler de la situation du pays c’est toujours lors du nouvel an et qu’en cas express que lui il s’adresse au peuple ! il n’a qu’a revoir sa politique vis à vis du peuple car les yeux des gens s’ouvrent maintenant avec l’accès aux informations sur la bonne gouvernance et aussi l’alphabétisation qui s’améliore de nos jours ! ce n’est plus le meme peuple qui a seulement besoin d’eau et de paix pour vivre !
    donc à bon entendeur , salut !

  • Le 28 mars 2011 à 22:25 En réponse à : Situation nationale : Que Blaise s’occupe maintenant des affaires burkinabè !

    il est vraiment temps que le président arrête de s’occuper des affaires des autres pour se consacrer aux siennes. Ce qui m’écoeure dans tout ça, c’est son silence. il ne prend jamais l’initiative d’aller au devant de son peuple dans les situations difficiles, il ne fait que déléguer. dans ce cas qu’il délègue aussi pendant les campagnes électorales, la journée nationale du paysan ou encore le forum national des jeunes etc.

    Je pense qu’avoir une nation en charge, c’est savoir être à son écoute, c’est savoir être à ses côtés dans les moments difficiles, c’est savoir rappeler à tous que nul n’est au-dessus de la loi fût-il un "corps habillé".

    Nous sommes vraiment fatigués de subir les humeurs de ceux qui sont censés assurer notre sécurité.

    Prési, le peuple veut vous entendre
    Prési, le peuple est fatigué
    Prési, le peuple veut êtes rassuré
    Vive le Burkina
    Que Dieu bénisse le burkina

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