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Editorial de Sidwaya : « Halte » ! « Repos » !

Publié le lundi 28 mars 2011 à 03h42min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

Les gardiens du Temple ont saccagé sanctuaire et offrandes destinées aux dieux. Ce champ lexical du sacré et de l’impiété, c’est ce qui convient sans doute pour exprimer les relations qui existent entre la Nation et son sort, lequel est protégé au plus haut point par l’armée et tout le devoir de haute distinction qui est le sien. Une Nation sans armée, c’est moins qu’un bateau sans capitaine. De même, tout peut à tout moment arriver, et nous arriver, si chaque situation difficile doit trouver sa solution dans le prompt maniement d’une gâchette facile. « Halte » ! « Repos » !

Ces manifestations militaires, que beaucoup de citoyens admirent lors des parades, trouvent tout leur sens dans le contexte étatique de cette fin de mois de mars caniculaire ; un contresens plutôt, la peur nous venant de ceux qui devaient, normalement, nous en préserver. Pour nous, simples gens de la rue, « repos » signifie « relax » ! Position difficilement partagée par bon nombre de Burkinabè, particulièrement depuis le ramdam orchestré par un petit nombre de militaires isolés dans la nuit du 22 au 23 mars 2011.

Cette saute d’humeur de quelques militaires - si on peut ainsi la qualifier- et les évènements qui s’en sont suivis ne grandissent pas leurs auteurs, la "Grande muette" et le Burkina Faso.

Les responsables des tirs, casses et autres dégâts de la nuit du 22 au 23 mars ne sortent pas grandis de cette épopée nocturne aux conséquences matérielles pas encore chiffrées, mais aux effets politiques et psychologiques caractérisés par la honte. Honte donc à ces soldats, ces parias qui ne se font pas honneur et qui devraient difficilement pouvoir se regarder dans un miroir. Que diront-ils à leur femme ? Que raconteront-ils à leurs enfants ? Qu’enseigneront-ils aux futurs appelés ? Qu’ils ont pillé des boutiques, détruit une pompe à essence et causé des dégâts chez un ministre ? Il y a des « exploits » qu’on ne raconte pas parce qu’ils ne grandissent pas leurs auteurs.

En d’autres temps, ceux-ci auraient déjà quitté le village. « La discipline, force principale des armées ». Cet adage est connu, même par ceux qui ne sont ni de près ni de loin liés à la chose militaire. Les manifestations du 22 mars n’ont pas grandi l’image de ceux qui en ont été les auteurs directs ou indirects… Beaucoup de Burkinabè en sont encore abasourdis. Ils ne les ont pas reconnus en tant que membres de l’armée de tous : celle qui est courtisée par les organisations internationales pour maintenir la paix dans des contrées lointaines, tout simplement parce qu’elle est organisée, disciplinée et humble. L’armée étant l’un des piliers d’un pays ; et cela est particulièrement vrai en Afrique et au Burkina, toute tache qui la souille rejaillit nécessairement sur ce dernier.

Les démonstrations de certains conscrits surgies dans la nuit du 22 mars ne pouvaient plus mal tomber. Elles sont survenues au moment où le Président du Faso défendait des dossiers délicats dans une arène internationale, le sommet de la CEDEAO en l’occurrence. Le Burkina Faso est devenu un pays connu et respecté dans le concert des nations pour plusieurs raisons, parmi lesquelles, la constante renommée des Burkinabè dans le monde, de peuple travailleur et consciencieux ; le football avec les Etalons cadets de la fin des années 90 et, surtout, les nombreuses médiations réussies du chef de l’Etat dans la sous-région, particulièrement au Togo, en Guinée et en Côte d’Ivoire, et même en faveur de pays européens comme l’Espagne. Ces malheureux évènements sont venus, comme un tsunami ...

Nous n’allons pas tergiverser sur les causes de ces incidents. Elles sont encore à rechercher aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Armée. Le président du Faso, d’après ce que nous savons, a déjà instruit l’état-major de l’Armée et le gouvernement de trouver des solutions à ce qu’il faut, sans doute, appeler des lézardes au sein du mur des forces de défense nationale.

Le propos ici est de dire : "Halte" ! "Repos " ! , comme à la parade.

Halte, d’autant plus que nous devrions tous savoir que conformément à notre Constitution, tous les Burkinabè naissent libres et égaux et qu’ils sont de ce fait justiciables comme tous les autres citoyens, avec ou sans tenue militaire.

Relaxe (!) aux victimes diverses de cette sortie nocturne motivée par l’auto justice. Il est facile de comprendre leur légitime colère. Mais ne faut-il pas mieux s’organiser pour obtenir les réparations et de l’Etat et des assurances ?

Si l’on se risque à ajouter des casses aux casses, la probabilité de ne point obtenir de réparations conséquentes est grande, car les sommes débloquées seront saupoudrées sur une large échelle. Personne n’en tirerait les dividendes escomptés.

C’est le lieu donc de demander aux commerçants, qui sont généralement des personnes sensées et avisées, d’écouter les excuses de l’Etat-major de l’Armée et les propositions du gouvernement, sans oublier les intercessions des autorités religieuses et coutumières pour un retour à un climat apaisé.

Ce n’est pas à eux qu’on apprendrait qu’il ne saurait y avoir d’affaires dans des situations de tensions. Comme dit l’autre, « ce n’est pas à un vieux singe que l’on apprendrait à faire des grimaces ». Et in fine, le propos ici est de dire : Halte ! Comme à la parade... Les aînés ont sué sang et eau pour la préservation de notre souveraineté et pour nous donner une renommée d’hommes courageux à toute épreuve, d’hommes intègres, généreux dans l’effort et patients dans l’âme. Des "s’en-fout-la-mort" pour l’honneur et la patrie ! C’est cette renommée durement établie pendant des siècles que « certains jeunes gens » de cette génération sont en train de dilapider...!

Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 28 mars 2011 à 10:20, par kanzim En réponse à : Editorial de Sidwaya : « Halte » ! « Repos » !

    M. Le DG de Sidwaya. Je ne partage pas du tout votre position quand vous qualifiez la fronde des militaires, de sautes d’humeur. Votre position participe d’une banalisation de la situation, banalisation qui n’est pas contributive d’une recherche intelligente de solution, selon la démarche logique et scientifique qui sied à la situation.
    En outre, quand vous dites avec un certain entrain que les commerçants devraient "écouter les excuses de l’Etat Major de l’Armée et les propositions du Gouvernement", vous faites me semble-t-il, une confusion de rôles entre l’EGLISE au sens large du terme, et le politique. la question ici n’est pas d’aborder la situation par la moralisation, mais par le recherche d’une solution opératoire. Il n’y a pas de solution me semble-t-il, en dehors de celle qui permettrait aux commerçants non seulement de continuer leurs activités, mais de minimiser les conséquences du ralentissement de celles-ci, tout en mettant en place de mesures préventives, fondées sur le lien ombilical entre l’offre et la demande : combien sont-ils de militaires comme de fonctionnaires civils du reste, à avoir des "carnets de crédits auprès des commerçants ? Combien de commerçants ne calculent-ils pas leur entrée de fonds en fonction du 15 du mois pour les salaires des militaires, et de la fin du mois pour les salaires des civils ? Qu’on ne confonde pas César et Dieu dans la recherche de solutions à la situation qui prévaut en ce moment. Enfin, n’infantilisez surtout pas les commerçants en les traitant de personnes "généralement sensées et avisées". Ce n’est rien d’autre que du populisme. Un des angles par lesquels il faut attaquer le problème, pourrait être de respecter les convictions des militaires, de les comprendre sans en être un défenseur. C’est par là qu’on peut leur faire voir un éventuel tort dans leur acte, et les amener à considérer des solutions alternatives qui soient durables. De même, il faut éviter de prendre les commerçants pour des singes de la cour que l’on pourrait convaincre par la rhétorique politicienne ou populiste.
    Avec tous mes respects qui fondent mon instance à vous lire, même si très souvent je ne partage pas votre avis.

  • Le 28 mars 2011 à 11:03 En réponse à : Editorial de Sidwaya : « Halte » ! « Repos » !

    "Une Nation sans armée, c’est moins qu’un bateau sans capitaine". Qu’en est-il de la grande exception : la Suisse ?

    • Le 28 mars 2011 à 22:33, par Tapsoba En réponse à : Editorial de Sidwaya : « Halte » ! « Repos » !

      Que voulez vous dire par « la grande exception :la Suisse » ? Qu elle ne dispose pas d armée ? Sachez que la Suisse ,avec 400.000 hommes ,s offre une des plus grandes armées en Europe proportionnellement à sa population.Devant La Hollande 74.000 hommes,la Suède 64.000,la Belgique 47000 ,le Portugal 54000 hommes,le Danmark 33.000

      Alors renseignez vous toujours avant d agir.

  • Le 28 mars 2011 à 11:16 En réponse à : Editorial de Sidwaya : « Halte » ! « Repos » !

    Pourquoi dans les enumerations presque tous les auteurs ecartent les casses du palais de justice de Ouagadougou ? J’imagine que si les 5 militaires etaient enfermes a la MACO, elle aurait ete attaquee aussi, occassion pour les autres prisonniers de s’evader et constituer un autre danger pour la population. Moi j’encourage vivement les hommes de la justice a maintenir leur mot d’ordre.

  • Le 28 mars 2011 à 14:51, par mackiavel En réponse à : Editorial de Sidwaya : « Halte » ! « Repos » !

    Cet éditorial manque de courage. Le Burkina Faso est mal parti. L’indiscipline s’est installée dans l’armée et lorsque l’on ne contrôle plus ses troupes, toutes les conditions sont réunies pour quitter les choses où vous faire butter par ces tueurs que vous avez dressés et que vous ne maîtrisez plus. Tôt ou tard, ils finiront pas mordre la main qui les a nourrit.

  • Le 28 mars 2011 à 19:28, par KUNDA En réponse à : Editorial de Sidwaya : « Halte » ! « Repos » !

    Cet article a ete mal redige. L’analyse des evenements est vraiment tres superficielle et l’expression francaise tres boiteuse. Car c’est d’une situation tres grave qu’il s’agit. Que des membres d’une institution si fondamentale pour un etat de droit (en l’occurrence l’armee) se permettent de poser des actes non seulement criminels mais aussi de nature a saper la credibilite d’une nation, c’est inadmissible. Il ne faut pas chercher ici a trouver des excuses faciles ou des mediations quelconques pour banaliser la situation. Il faut retablir le droit, l’honneur et la credibilite des institutions de l’Etat. Et pour cela il ne faut pas biaiser ou chercher a edulcorer les choses, il faut les traiter avec toute la rigueur necessaire. Il faut que toutes les personnes responsables soient mises devant leurs responsabilites et que les choses soient tirees au clair. On ne construit pas un etat de droit avec des institutions respectables en banalisant des evenements si graves. Quant a l’auteur de cet article, on amerait qu’un DG d’un organe comme Sidwaya, malgre sa jeunesse, fasse preuve d’une hauteur de vue dans l’analyse des evenements nationaux, qu’il s’efforce a l’objectivite et a la pertinence dans l’appreciation des evenements et qu’il prenne le temps necessaire pour mieux rediger ses ecrits. Il y va aussi de la credibilite d’un journal a caractere national. Il ne faut qu’on ait l’impression en vous lisant de l’exterieur comme je le fais, qu’on place des plaisantins a la tete des institutions de la republique.

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