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BURKINABE DE L’ETRANGER : Les leçons de la crise libyenne

Publié le mardi 22 mars 2011 à 01h37min

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« Quand tu dors sur la natte de ton voisin, tu dors à terre ». Cet adage populaire, 344 Burkinabè rapatriés de la Libye viennent de le confirmer. Pour eux, le rêve libyen se termine en cauchemar. Violentés et dépossédés de tous leurs biens par les milices pro-Kadhafi et vraisemblablement par le camp des insurgés, nos compatriotes ont vécu l’enfer sur terre depuis que les combats ont commencé. Est-ce vraiment nouveau ce qui leur arrive ? Malheureusement non.

Ce n’était déjà pas facile en Libye, ce pays où les ressortissants ouest- africains, notamment, étaient considérés comme une masse taillable et corvéable à volonté, où ils sont présentés comme un épouvantail aux pays méditerranéens quand ils ne sont pas accusés d’être les champions de tous les trafics illégaux (alcool, drogue, sexe, etc.) et de tous les crimes. Conséquence : à des intervalles dont seul Kadhafi maîtrisait l’agenda, les Africains étaient rapatriés par charter, sans que bien souvent les dirigeants des pays concernés ne protestent à la hauteur du péché.

Et pourtant, que de discours le Guide de la révolution libyenne n’a-t-il pas ânonnés sur le panafricanisme et l’unité africaine ! A la vérité, les paroles étaient loin des actes, et visaient un seul objectif : celui d’un Mouammar Kadhafi, toujours plus fort dans les instances du continent africain, après avoir vu des vertes et pas des mûres avec la Ligue arabe. Que des Burkinabè soient rapatriés pour la énième fois de la Libye, cela est certainement choquant, tant les témoignages sont poignants. Mais, ce serait encore bien triste de ne pas se poser les bonnes questions. Finalement, ce genre d’aventures vaut-il vraiment la peine ? Il est vrai que toute aventure comporte des risques.

Mais, quand l’aléatoire devient le quotidien et qu’à la moindre étincelle, les étrangers passent à la trappe, il y a peut-être lieu de reconsidérer sa position. N’est-ce pas aussi la conséquence de cette immigration où les candidats arrivent sans qualification et sans métier ? Quand on voit arriver ces centaines de rapatriés, la question brûlante est aussi de savoir s’ils ont pu investir au bercail. Hélas, le constat, c’est que de nombreux Burkinabè ne peuvent cacher la honte parce qu’ils rentrent pauvres et sans perspectives. En cela, faut-il les condamner de n’avoir pas su tirer leur épingle du jeu ? Ce serait oublier que bien souvent, il est plus facile de dépenser son argent à l’étranger que de l’envoyer dans son pays. Les pays d’immigration l’ont compris en corsant les conditions de transfert de fonds à l’étranger.

En effet, l’argent des migrants peut impulser le développement dans leur pays d’origine ; il n’y a qu’à voir ce que les immigrés maliens ont pu faire comme investissements à Kayes. Pour les Burkinabè, il semble qu’on n’ait pas encore trouvé un système organisé pour contourner ou minimiser les contraintes des règles officielles en vigueur. L’autre difficulté à laquelle certains ont été confrontés, c’est de trouver la personne idéale sur qui compter pour investir. Les mauvaises expériences sont légion.

Combien de Burkinabè qui, rentrés au bercail, doivent se rendre à l’évidence qu’ils ont été grugés par leurs propres parents par rapport aux projets engagés ? Ce qu’il faut en retenir, c’est que l’Etat burkinabè a un devoir vis-à-vis de ses compatriotes, celui de les conseiller sur la meilleure façon de réussir l’immigration. C’est peut-être à ce prix qu’on s’éloignera au maximum des situations aléatoires et qu’on canalisera au mieux les candidats à l’aventure.

SIDZABDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 22 mars 2011 à 11:43, par manbigger En réponse à : BURKINABE DE L’ETRANGER : Les leçons de la crise libyenne

    restez chez vous ce n’est pas vous insulter, retournez chez vous laissez les autres en paix. ils vous nourrissent et vous les attaquez, les tuez et les traitez de méchants. si vous êtes autant martyriser ailleurs restez chez un point c’est tout

  • Le 22 mars 2011 à 12:23 En réponse à : BURKINABE DE L’ETRANGER : Les leçons de la crise libyenne

    Juste pour signaler qu’il faut prier pour la paix, sinon dans un pays quand ca ne va pas c’est tout le monde qui en souffre. Des milliers de libyens n’ont pas ou aller, des milliers d’ivoiriens sont refugies au liberia etc. Prions seulement que cela n’arrive pas a notre cher patrie, sinon vos analyses sont valables pour nous qui vivons aussi dans le pays pour ne pas le bruler.

  • Le 22 mars 2011 à 17:15 En réponse à : BURKINABE DE L’ETRANGER : Les leçons de la crise libyenne

    Quand ca eclate tout le monde en souffre, meme les nationaux. Si les etrangers sont pris pour cibles c’est dommage mais n’oublions pas que eux au moins ont ou aller. Ils ont un pays, un gouvernement qui s’occupe de leur rappatriement. Ils ont de la chance en somme. Car que deviennent ceux qui n’ont pas ou aller ? qui sont victimes des exactions de leur propre armee dirigee par leur propre chef d’Etat ? Les organisations humanitaire ne s’occuperont pas de les conduire a un refuge sauf si la situation devenait extremement dramatique. Les humanitaires c’est : rejoignez les zones hors combat, et on essaiera de vous nourrir et soigner. Donc, pour ceux qui se plaignent de l’accueil, comme je lisais dans un article precedent, bah ils ont interet a remercier le ciel pour la chance qu’ils ont de rester en vie et d’avoir retrouve leur pays.
    Courage a tout le reste. Et prions pour la Libye

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