LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Amadou Boubacar Cissé, ex-Premier ministre du Niger : "Pour éviter un coup d’Etat, il faut créer les conditions de sérénité”

Publié le vendredi 18 mars 2011 à 02h03min

PARTAGER :                          

Limogé manu militari en 1997 de son poste de Premier ministre par le général Ibrahima Baré Maïnassara (IBM) pour “incompétence”, Amadou Aboubacar Cissé était retourné à la Banque mondiale où il officiait. A la faveur de la lutte contre le Tazartché, il a ravivé son parti, l’Union pour la Démocratie et la République (UDR)-Tabbat, et obtenu 1% à la présidentielle et 6 députés à l’Assemblée nationale. Dans ce bref entretien, il revient sur le scrutin du 12 mars dernier et se dit prêt à entrer au gouvernement pour apporter sa pierre à l’enracinement de la démocratie.

Depuis votre passage du temps du président Ibrahima Baré Maïnassara, comme Premier ministre, vous apparaissez sur la scène politique par éclipses...

• J’avais interrompu ma carrière à la Banque mondiale pour venir travailler aux côtés du président Baré en 1996-1997, paix à son âme. Après cette fonction, effectivement, je me suis reconsacré à la vie internationale. Véritablement, je suis revenu au Niger après ma retraite en 2008 et à la politique par la force des choses. Le Tazartché de Tandja nous a mis en première ligne, car il fallait du courage pour y faire face. J’ai réactivé le parti qui existait et qui date depuis mon passage à la primature.

Concrètement qu’est-ce que l’UDR-Tabbat a effectué comme action contre le Tazartché ?

• Avec le PNDS de Mahamadou Issoufou, la CDS-Rahamane de Mahamane Ousmane et Lumana de Hama, il fallait mener un certain nombre d’actions pour barrer la route au Tazartché tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Niger. J’ai eu personnellement à conduire la période de négociation avec le régime de Tandja. Et Tabbat s’est distingué dans d’autres luttes pour l’enracinement de la démocratie.

Votre parti a eu 1% à cette présidentielle, d’aucuns estiment que vous auriez pu vous saborder dans le PNDS pour donner plus de tonus à Mahamadou Issoufou ?

• Je crois que le score actuel ne reflète pas la véritable assise du parti. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de contingences qui nous ont gêné et qui ont fait que nous avons enregistré cette mauvaise performance. Mais je crois que les mois à venir, le parti va prouver qu’il représente quelque chose au Niger. Pour les échéances à venir, l’assise, qui s’est confirmée sur l’ensemble du territoire et le nombre de députés à l’Assemblée que nous comptons améliorer montreront réellement qui nous sommes.

Je ne sais pas si on doit se saborder dans le PNDS, toujours est-il que nous partageons les mêmes idéaux. Nous espérons que l’action gouvernementale que nous espérons mener ensemble épousera ces idéaux ; c’est-à-dire privilégier l’intérêt général. Servir le pays et non pas se servir, ce n’est pas un mot galvaudé au Niger.

Seriez-vous prêt à entrer au gouvernement ?

• Nous avons mené cette lutte ensemble. Il y a une page qu’il faut segmenter au Niger et toutes les compétences sont conviées à participer à cette tâche.

La VIIe République est-elle à l’abri d’un coup d’Etat ?

• Nous l’espérons. Mais ce sont les actions du gouvernement qui doivent travailler à éviter ces choses- là. Créer les conditions de sérénité et de confiance pour éloigner ce genre de menace, telles est, à mon avis, la solution pour éviter une telle situation. C’est une situation qui est très fragile d’ailleurs et qui nécessite qu’on se mette ensemble pour faire face aux exigences de nos populations. Il faut un gouvernement de combat pour le Niger.

Propos recueillis à Niamey par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana


Brèves de Niamey

* Quand la transition faillit dégénérer

Depuis l’éclatement de l’affaire dit du coup d’Etat avorté d’octobre 2010, le chef de la junte a renforcé sa sécurité rapprochée. En effet, chaque jour apportait ses rumeurs de tentative de déstabilisation du pouvoir en place. Et Salou Djibo avait raison, ceux qu’il a fait arrêter ont toujours des partisans dans la grande muette et comme les militaires règlent généralement leurs affaires à coup de fusil, surtout quand c’est entre eux...

* Niamey-la-Rumeur

Nos confrères putatifs sont très forts dans la capitale nigérienne. Ainsi la rumeur, relayée par certains journaux, faisait état de la libération imminente de Mamadou Tandja, ou plutôt qu’il sera ramené à la villa verte mitoyenne à la présidence. Alors qu’il n’en est rien, puisque l’intéressé a été inculpé par un juge et la procédure suit son cours, il reste en prison.

* Le coup de fil “d’Atomic Anne” à Issoufou

Alors que nous avons débuté notre interview avec le nouveau président du Niger, Mahamadou Issoufou, un coup de fil d’Anne Lauvergeon, la patronne d’AREVA, est venu interrompre notre entretien : félicitations et, bien sûr, affaires ont été au centre de ce coup de fil notamment : Uranium, et surtout l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, position de l’Allemagne et des pays européens sur le nucléaire... En rappel, la France est le n°2 en matière de nucléaire civil. Or AREVA exploite l’uranium du Niger.

* Salif Diallo à l’investiture

L’ambassadeur du Burkina en Autriche, Salif Diallo, est annoncé à l’investiture du président nigérien élu, cérémonie prévue le 5 avril 2011 au lieu du 6 initialement arrêté. Une vieille amitié lie les deux hommes. D’ailleurs, le directeur du protocole de Mahamadou Issoufou, le docteur Alhousseni Ousmane, a fait l’université de Dijon avec Roch Marc Christian Kaboré, le président de l’Assemblée nationale du Burkina, Simon Compaoré, maire de Ouagadougou, Germain Nama, directeur de publication de l’Evénement. Signalons au passage que le red’chef de ce journal, Newton Ahmed Barry, nous a été d’un grand concours dans cette mission ; lui, était connecté à Niamey comme on le dit ; merci,cher confrère.

* Fondation Salou Djibo

Les langues se délient de plus en plus sur l’après-conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD). Beaucoup se demandaient ce que ferait le chef de la junte après avoir passé la main à Mahamadou Issoufou. Il semble que Salou Djibo envisagerait de créer une fondation qui porterait son nom. Ce qui ne l’empêchera pas un jour de retourner à la politique par les urnes. Surtout qu’on a senti ces derniers temps que le général était de plus en plus bien dans sa peau de chef d’Etat de transition.

* Quid de l’université Ki-Zerbo ?

L’université de Niamey porte le nom de Abdou Moumouni, professeur agrégé de mathématiques et surtout “promotionnaire” du Burkinabè Joseph Ki-Zerbo, agrégé, lui, d’histoire. Les deux personnalités se connaissaient très bien. D’où cette question de certains Nigériens : A quand une université qui portera le nom du père de “Nan laara, an saara” ?

* Radiation du colonel Badié et Cie ?

Le colonel Abdoulaye Badié, ex-n°2 du CSRD et ses coaccusés, les colonels Amadou Diallo, Abdou Sidikou et le lieutenant-colonel Aboubacar Amadou Sanda arrêtés depuis août 2010, pour cette ténébreuse histoire de coup d’Etat avorté, ont comparu le 10 mars dernier devant un conseil de discipline de l’armée et la radiation aurait été la sanction qui attend ces officiers.

* Mahamadou Issoufou, monstre de la télé ?

Le 10 mars 2011, un face-à-face télévisuel devait couronner la fin de la campagne électorale. Il allait opposer Seini Oumarou du MNSD à Mahamadou Issoufou du PNDS. A la dernière minute, Seini Oumarou s’est rétracté, officiellement pour des raisons de calendrier. A se demander si “Zaki” ne fait pas peur à la télé. Car, en 1999 et 2004, son adversaire d’alors, Mamadou Tandja, avait aussi décliné cet affrontement cathodique.

* Any, Eyadéma et les hommes politiques burkinabè

Nous avons retrouvé les traces d’Any Mahamane, qui a officié comme conseiller auprès de Gnassingbé Eyadéma, l’ancien président togolais. Ayant roulé sa bosse au Togo, il en sait des choses sur les hommes politiques de ce pays ! Mais aussi sur ceux du Burkina Faso. Prononcez le nom d’un leader politique burkinabè en vue, il vous parlera de ce dernier, en y ajoutant un zeste de petits secrets croustillants. Bien sûr en off !

* L’introuvable Seini Oumarou

Est-ce sa défaite qui explique le fait qu’il se soit claquemuré dans un silence total ? Battu même dans son quartier à Tillaberi, Seini Oumarou, après le second tour, était injoignable. En tout cas pour les interviews, repassez demain.

* Le maire de Dakar, observateur en chef de l’UA

Si le député burkinabè Mélégué Traoré a conduit la délégation des observateurs de l’UEMOA, c’est le maire de Dakar, Kalifa Sall, qui était à la tête des observateurs de l’Union africaine (UA). Le jour du scrutin, à l’Hôtel de ville, on l’a vu en compagnie de son homologue de Niamey qui le présentait d’ailleurs chaque fois aux candidats qui étaient venus voter.

* L’homologue nigérien du “Bidus” en prison

Nouhou Arzika, président du mouvement citoyen pour la paix, a été jugé et condamné à 1 mois de prison ferme et 2 mois avec sursis par le tribunal de grande instance hors classe de Niamey. L’homologue nigérien de Pierre Bidima du Burkina a été incarcéré pour outrage à magistrat.

* “Pas besoin de Blaise au Niger”

“Les syndromes ivoirien et guinéen ne peuvent pas survenir au Niger...car il y a un consensus politique ici, et la victoire de Mahamadou Issoufou est claire et Seini Oumarou va reconnaître sa défaite... on n’aura pas besoin des bons offices de votre président Blaise Compaoré”, nous confiait un analyste de la politique de ce pays.

* Bouba Albadé retrouve sa famille

Du temps de Tandja, il était le tout-puissant ministre de l’Intérieur, très craint par les populations. Lui, c’est Bouba Albadé. Arrêté après le renversement de son chef, il était en prison depuis, sans qu’aucune charge officielle n’ait été retenue contre lui. C’était pour sa sécurité, croit-on savoir. Depuis la semaine dernière, l’homme a été relâché et est retourné auprès des siens.

Rassemblés par Z.D.Z.

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique