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Viviane Yolande COMPAORE, gouverneur de la région du Nord : “Nous n’avons jamais rompu le fil du dialogue”

Publié le jeudi 17 mars 2011 à 00h22min

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Le bilan ?
« Je n’ai pas pu évaluer l’ampleur de ce qui s’est passé. Hier soir (ndlr : le mercredi 9, jour de la manifestation), j’ai pu faire un tour. Ce matin à la faveur du soutien des ressortissants des personnes ressources de la région, nous avons encore fait une sortie mais nous n’avons pas pu visiter tous les endroits qui ont été saccagés par les manifestants. Je rends grâce à Dieu. Notre mission ici c’est de préserver la sécurité des personnes et des biens. Mais nous n’avons pas pu faire grande chose pour les biens parce que les destructions sont énormes.

Mais nous avons quand même un point de satisfaction en ce sens que nous n’avons enregistré aucune perte en vie humaine, aucun blessé grave. Nous avons engagé des discussions avec toutes les couches : les syndicats, les autorités coutumières et religieuses, les organisations scolaires, les commerçants. Nous avons exprimé notre compassion vis-à-vis du décès de Justin ZONGO et tous ceux qui sont tombés dans le prolongement des évènements. Nous leur avons demandé de nous aider à garder notre région au calme. Nous ne comprenons pas ce qui est arrivé. Je compte sur l’ensemble de toute la population qui s’est mobilisée à un moment donné pour dire que ça suffit. Je pense qu’on va toujours continuer à dialoguer.

Au cours de nos rencontres nous avons exprimé à ceux qui voulaient manifester que certainement tout n’est pas rose au Burkina Faso. Mais nous avons aussi des motifs de satisfaction car certains pays nous prennent en exemple. L’un des acquis du pays c’est sa paix sociale. Si nous dialoguons c’est bien parce qu’ils ont accepté notre invitation et que moi j’ai eu suffisamment d’humilité pour les inviter à dialoguer. Voilà un terrain sur lequel nous nous sommes attendus. Pourquoi ne pas en faire un cadre pour corriger ce qui ne va pas. Je ne pense pas que c’est en détruisant qu’on peut résoudre les problèmes et ramener la paix dans les cœurs.

Si nous voyons les cibles qui ont été la proie des manifestants, ce sont des services qui travaillent nuit et jour pour les populations. C’est autant de souffrance qu’on ajoute à la population à travers les actes qui ont eu lieu dans la région du Nord. Déjà le lundi, ils ont brûlé le commissariat de Yako et celui de Gourcy. C’est vraiment une perte pour les populations surtout les plus pauvres au nom desquels ils prétendent manifester. »

Des rumeurs insinuent que vous avez donné de l’argent aux délégués des élèves pour les empêcher de marcher et c’est ce qui a provoqué cette colère.

« Premièrement, on me traite de quelqu’une qui n’aime pas donner de l’argent. Secundo, je suis économiste planificateur je ne sais où dans le budget du gouvernorat je vais trouver de l’argent pour les manifestants. Tertio, si je savais qu’en donnant de l’argent j’allais sauver quelques choses peut-être que je l’aurai fait. Ce n’est pas mon intention, mon programme, dans mes habitudes de donner l’argent gratuitement. Ce n’est pas possible ».

Les délégués soutiennent qu’ils ont demandé à leurs camarades de rejoindre leurs domiciles.

« Il vaut mieux poser la question aux élèves pour savoir ce à quoi ça retourne. Nous recoupons les informations et nous prenons les décisions qui s’imposent pour préserver au maximum la sécurité des biens et des personnes et c’est ce que nous avons fait dès qu’on a constaté que les élèves ont commencé à sortir du Centre d’Excellence et se diriger vers le collège Wend Lamita. Dès qu’ils ont fait sortir les élèves des deux établissements nous avons pris les mesures qui s’imposaient. J’ai pu constater à travers la ville entre 7h30 et 8h que les élèves rentraient chez eux. C’est par la suite quand je suis retournée au bureau que les choses ont commencé. Je ne sais pas ce qui s’est passé mais ce que j’ai vu, je peux témoigner. »

Des mesures urgentes ?

« Nous n’avons jamais rompu le fil du dialogue. Même quand ça brûlait, on dialoguait par personne interposée. Nous continuons à penser que ce n’est que par le dialogue et la grâce de Dieu qu’on peut ramener la paix dans les cœurs et nous allons continuer à prier pour que Dieu apaise les cœurs et que la paix revienne dans la région du Nord et dans tout le Burkina Faso. »o

Propos recueillis par Issoufou MAIGA (Ouahigouya)

L’Opinion

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