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MANIFESTATIONS DE SCOLAIRES : L’armée pour protéger les services publics à Dédougou

Publié le mercredi 16 mars 2011 à 01h14min

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A 6h 30 le vendredi 11 mars 2011, nous avons été informé par un coup de fil que des militaires et des gendarmes, armés jusqu’aux dents, ont pris position dans les services de police. Quatre coups de fil passés nous ont permis de savoir effectivement que la sécurité des lieux stratégiques, comme le gouvernorat, la trésorerie régionale, le conseil régional, le haut-commissariat, le palais de justice, le commissariat central de police, la direction régionale de la police, le siège de la police municipale et la résidence du gouverneur, était assurée par l’armée et la gendarmerie.

La prise du pouls de ces différents lieux nous a permis de nous rendre compte que l’ambiance était bon enfant. Les armes en faisceaux, certains hommes en tenue s’adonnaient aux alentours de 12 h à des jeux de société. « Nous sommes là pour assurer la sécurité des institutions républicaines et soutenir nos frères d’armes. Plus jamais nous n’allons accepter que des manifestants saccagent, pillent et brûlent. Le Faso nous appartient tous », confie un élément sous couvert de l’anonymat. Cette présence massive et inhabituelle des militaires a pour objectif, selon nos sources, d’empêcher de vandaliser ces services publics par des élèves qui projetaient une marche le 11 mars 2011.

Cette même source nous indique que, face au regain d’intensité des violences commises par les scolaires au cours des différentes manifestations de protestation contre la mort de leur camarade à Koudougou, l’armée a été réquisitionnée pour assurer le maintien de l’ordre. La source précise qu’il existe un décret qui classifie les catégories de forces de maintien de l’ordre au Burkina. Ainsi, la première catégorie est composée de la police nationale et de la gendarmerie départementale. La seconde catégorie concerne l’escadron mobile de la gendarmerie et la troisième catégorie comprend l’armée. En tout cas, Dédougou a été des plus calmes le 11 mars 2011. Aucune manifestation n’a été enregistrée ce jour-là, ni les deux jours qui ont suivi.

Espérons que la sagesse des uns et des autres permettra de ramener le calme et la paix. Espérons également que les différentes médiations entreprises par les autorités locales, les sages de Dédougou et les leaders d’opinion permettront d’éteindre définitivement cette crise qui a commencé à prendre des proportions inquiétantes. Il faut cependant déplorer la mise à l’écart de la presse locale par les autorités lors des différentes rencontres. Y aura-t-il mieux que les organes de presse locaux comme canaux de relais des messages de tolérance et de paix ?

Il faut arrêter de tirer sur l’ambulance !

Les manifestations des scolaires consécutives au décès de Justin Zongo, du nom de l’élève mort le 20 février 2011 à Koudougou dans des circonstances non encore élucidées, ont pris des proportions inquiétantes. Malgré l’appel au calme et à la retenue du gouvernement burkinabè, les frondeurs n’arrêtent pas de casser et de brûler. Incendies de commissariats de police tous azimuts, incendies, saccages d’édifices publics et pillages. De Ouagadougou à Ouahigouya en passant par Koudougou, Yako, Koupèla, Léo, et Oury, etc. le volcan de l’escalade a laissé des traces indélébiles. Le bilan est triste et désolant. Et comme si cela ne suffisait pas, des journalistes et autres professionnels de la presse sont agressés et leur matériel de travail confisqué.

Nul ne conteste la colère légitime des manifestants surtout que cette réaction est liée à la mort d’un des leurs. Autant la conscience populaire n’accepte pas la mort d’un élève ou de tout autre citoyen par torture dans un commissariat de police ou dans une brigade de gendarmerie, autant elle réprouve les incendies provoqués des édifices publics et privés. En mettant le feu à des symboles comme les commissariats de police, une partie du palais de justice de Ouahigouya, des gouvernorats et autres, c’est comme si on tirait sur une ambulance.

En tuant le symbole, ne tue t-on pas aussi l’idéal pour lequel on lutte ? Alors, il est grand temps pour ceux qui brûlent et saccagent d’arrêter de tirer sur l’ambulance. D’ailleurs, sait-on jamais, vont-ils oui ou non solliciter bientôt les services de ces mêmes commissariats de police avec l’ouverture très prochaine des concours directs de la fonction publique ? Sans oublier les problèmes d’insécurité. Le retour des vieux démons a obligé le gouvernement à faire appel, le vendredi 11 mars 2001, à la 3e catégorie des forces de maintien de l’ordre : l’armée.

Face à cette situation, il est impérieux que chaque partie joue balle à terre et privilégie le dialogue afin de trouver un compromis, de sorte que la fracture sociale, qu’on constate depuis ce qu’on pourrait désormais appelé l’affaire Justin Zongo (un autre Zongo), n’effrite davantage les symboles de tout ce qui a trait à l’autorité de l’Etat. La fermeture des classes a été vue par le gouvernement comme une solution, provisoire soit-elle. Cependant, une maxime bwa nous enseigne qu’un agriculteur ne peut pas se refuser à semer sous prétexte qu’il craint les oiseaux granivores.

La réouverture des établissements scolaires étant une nécessité absolue et urgente pour minimiser la menace d’une année blanche, le pouvoir de la IVe république devrait, à l’image des marins qui ne s’embarquent jamais sans biscuit, l’envisager avec beaucoup de concessions, de précautions républicaines au sens vrai du terme. Au risque de nous répéter, chacun, à quelque niveau qu’il soit, doit penser aux intérêts supérieurs de la nation et préserver la plus grande richesse du Burkina Faso à savoir la paix.

Serge COULIBALY

Le Pays

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