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Cleophas Adrien Dioma : Un jeune Burkinabè surdoué culturel en Italie

Publié le vendredi 11 mars 2011 à 01h01min

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Co-fondateur et directeur artistique du festival « Ottobre Africano » de Parme en Italie depuis maintenant 8 ans, Cleophas Adrien Dioma est un prodigieux homme de culture touchant presqu’à tout. Poète, photographe, réalisateur de documentaires, journaliste, videomaker et éducateur, il semble n’avoir pas de limite dans le domaine.
Pourtant, rien ne prédestinait cet ancien étudiant burkinabè en économie à une telle présence sur la scène culturelle.

En effet, lorsque le jeune Dioma en 1998 quittait son Ouaga natal (il y a vu le jour le 22 avril 1972) pour l’Europe, notamment la France, il n’avait qu’un rêve en tête : finir ses études en économie. Mais, il ne disposait que d’un visa touriste de 3 mois, sans oublier le fait qu’il n’avait aucune notion sur le fonctionnement du système de permis de séjour étudiant dans l’Hexagone. Son rêve était de facto impossible à réaliser en France.

Aussi à l’expiration de son visa touriste français, s’est-il finalement résolu à continuer en Italie, plus précisément à Naples, dans le sud de la péninsule, où c’était plus aisé pour lui de vivre dans la clandestinité et surtout de régulariser sa situation. Deux ans plus tard, c’est-à-dire en 2000, il arrive à se mettre à jour vis-à-vis des lois italiennes et décide de mettre le cap sur le nord qui semblait offrir plus de possibilités en matière d’embauche. Et le voilà débarqué à Parme, où sa vie va basculer pour prendre une orientation éminemment culturelle. Une propension artistique qui ne s’est jamais démentie jusqu’à nos jours ; puisqu’il parvient à produire tour à tour des œuvres poétiques, photographiques, cinématographiques, journalistiques, éducatives.

Lauréat d’un concours en poésie

Mais, tout est parti de son intérêt pour la poésie. « Au début, j’écrivais des poèmes et des textes que je faisais lire à mes amis italiens. J’ai commencé d’abord en français et petit à petit en italien », se souvient-il. Et lorsqu’il se présenta en 2002 au concours littéraire “Gran Premio Letterario Europeo Penna d’Autore”organisé par l’association "Penna d’Autore" de Turin, le succès est tout de suite au rendez-vous, car il décrocha le premier prix. Ce qui lui a permis de publier son premier recueil de poèmes intitulé « Con i piedi sulle strade bianche, poésie in bianco e nero ».

Autrement dit, « Avec les pieds noirs sur les routes blanches, poésies en blanc et noir ».
Adrien travaille actuellement à la publication de son prochain livre.
En journalisme, Dioma est un collaborateur de nombreux journaux et revues comme "Internazionale", "Solidarietà Internazionale", "la Reppublica delle donne" ; et depuis un an maintenant, du journal online “http://domani.arcoiris.tv".

Dans le domaine du cinéma, il a son actif plusieurs films documentaires. L’on peut citer : “Les Ting Tang ou l’art de la débrouille”(2002) qui parle de la situation des enfants de la rue a Ouaga ; ou “Freestyle” (2004) sur les secondes générations, enfants d’immigrés.

En 2004, Cleophas Adrien Dioma prend part à un programme de master en médiateur culturel organisé par la mairie en collaboration avec l’Université de Parme.

Compétent en inter-culturalité

Cette formation va donner une plus grande envergure à l’engagement culturel du Burkinabè qui emprunte dès lors à l’inter-culturalité, à la diversité culturelle, chère à la Francophonie d’Abdou Diouf.
Grâces à ses nouvelles compétences, le poète intègre un centre d’accueil comme éducateur social pour jeunes émigrés et réalise d’autres films documentaires. A savoir “Femmes, africaines, immigrées” (2005) sur les femmes africaines immigrées de la province de Parme et "Be yé ka ye" (2009) qui affronte la situation d’un immigré qui retourne au Burkina après 10 ans d’immigration et qui se trouve confronté à la réalité sociale, culturelle et politique de son pays.
Fort de son expérience, Dioma a collaboré à l’écriture de plusieurs livres et a tenu des conférences non seulement sur l’immigration mais aussi sur la coopération et la situation socio-politique et culturelle du continent africain.

Auprès de la mairie de Parme, le réalisateur burkinabè est une personne ressource à part entière. Ainsi, la municipalité le désigne en 2010 comme coordinateur de la table ronde sur l’immigration, une structure qui regroupe en plus du compatriote un Algérien, une Ivoirienne, un Indien, une Argentine et un Albanais.
Avec une telle envergure, pas étonnant que l’homme de culture occupe par moment les manchettes de la presse italienne ou même des journaux panafricains comme « Jeune Afrique », surtout à l’occasion des différentes éditions de « Ottobre Africano » dont il est le co-fondateur et directeur artistique.

Ottobre Africano est un festival initié par 3 immigrés africains en Italie (Un Rwandais, un Sénégalais et le Burkinabè) pour vendre le continent, pour présenter l’image, comme le dit Dioma, de « La vraie Afrique » avec ses forces et ses faiblesses, contrairement aux traditionnels clichés misérabilistes.

Pour ce faire, à chaque édition du festival, des livres et films traitant du continent sont présentés aux festivaliers, sans oublier l’organisation de conférences débats, de concerts, de soirées de dégustations de mets africains.

Artiste panafricain et patriote

Par son engagement dans Ottobre Africano, Dioma donne, si besoin en est, non seulement la preuve de son attachement à l’Afrique mais aussi celle de son patriotisme.
Ainsi, à notre question de savoir ce que représentait le FESPACO pour lui, voilà sa réponse : « Pour moi, c’est comme le pétrole dans certains pays africains. C’est un patrimoine énorme. Pour l’Etat burkinabè, investir dans le FESPACO, c’est donner au Burkina et à cet festival la dimension mondiale qu’ils méritent.

Partout où je passe pour une rencontre, une conférence, à chaque fois que je dis que je viens du Burkina, il y a toujours 2 choses, Thomas Sankara et le FESPACO. Il faut investir dans des certitudes. Et le FESPACO est une certitude ».

Mais, le surdoué culturel n’est pas du genre à attendre tout de l’Etat.
C’est pourquoi, dans l’optique d’apporter sa pierre dans le développement de la chose culturelle dans son pays et sur son continent, Dioma songe déjà à une initiative qui devrait, s’elle venait effectivement à voir le jour, donner un coup de pousse à la promotion de l’inter-culturalité. Il s’agit notamment d’un évènement concernant la vie des Italo-Burkinabè au Burkina Faso, vu qu’ils sont tellement nombreux les nationaux vivants dans la péninsule. Cette manifestation sera une sorte de relai au Burkina du festival « Ottobre Africano ».

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

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