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Polémique sur la gestion des cadavres : “On n’a jamais dit que les gens vont payer”(Simon Compaoré , maire de Ouaga)

Publié le mercredi 9 mars 2011 à 10h55min

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« Mairie de Ouaga : querelle macabre sur la gestion des cadavres ». Telle était le titre de l’article sur la conférence de presse des conseillers municipaux de l’UNIR/PS de la capitale qu’ils ont tenue le 5 mars 2011. Pour en savoir davantage sur cette épineuse question de la gestion de la chaîne funéraire, qui semble diviser le conseil municipal, nous avons approché l’édile Simon Compaoré. Celui-ci a été, on ne peut plus clair : « Il n’a jamais été question de demander quoi que ce soit aux populations ; et ce n’est qu’un rapport d’étude qui n’a même pas encore été discuté en conseil ». Dans l’entretien qui suit, Simon explique le projet et son processus tout en condamnant les propos mensongers de ses « détracteurs ».

« Depuis un certain temps, il m’a été rapporté que des individus distribuent des papiers dans la rue pour dire que le maire de la ville a dit que, désormais, il faut débourser au moins 75 000F CFA pour pouvoir enterrer son mort dans un cimetière. Je vous dis tout de suite que c’est archifaux ! » Ainsi réplique le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, aux rumeurs et à la sortie médiatique des conseillers municipaux de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS). Ni un arrêté ni un décret n’a été pris dans ce sens.

Qu’en est-il exactement ? Y a-t-il eu réellement une commission ad hoc qui a réfléchi sur la question de la gestion des cimetières et des pompes funèbres ? Réponse du bourgmestre de la capitale : « Nous avons été élu sur la base de 10 points, qui constituent le programme de notre mandat. L’un de ces points est la réorganisation de la chaîne funéraire, allant des morgues aux cimetières en passant par le transport des cadavres.

Il s’agit de faire en sorte que nos morts soient traités avec le plus d’égard possible. C’est pourquoi la réflexion porte aussi sur la construction d’une grande morgue municipale pour permettre, comme nous l’avons vu ailleurs, de conserver 50 à 100 corps en même temps. Après cette étape, il y a le transport des dépouilles.

Et là aussi, il n’est pas rare de voir des corps dans des bâchés ou juchés sur des deux-roues, or tout cela n’honore pas nos disparus. La réflexion a aussi porté sur cet aspect. Déjà, dans certains quartiers, les gens se sont organisés et ont acquis des corbillards. Nous pensons que ce sont des initiatives à encourager.

En ce qui concerne la gestion des cimetières, vous n’êtes pas sans savoir que des tombes sont souvent profanées ou que des gens, en creusant pour enterrer leur cadavre, tombent souvent sur une autre tombe et sont obligés de changer de lieu. Sans compter que dans nos cimetières, il n’est pas toujours facile de retrouver la tombe de son parent quelque temps après son enterrement.

La réflexion vise à faire de sorte que, lorsque vous venez pour ensevelir un défunt, il soit enregistré dans un registre de la mairie avec un numéro ; pour que même plusieurs années après, vous puissiez reconnaître sa sépulture. Nous pensons aussi à placer sur place des vigiles pour la surveillance ainsi qu’un dispositif d’éclairage ». Le rapport de la commission aurait pourtant été soumis sans succès aux différentes commissions que composent les conseillers municipaux, et l’édile serait descendu au niveau des arrondissements pour tenter un passage forcé du dossier, c’est en tout cas ce qu’affirment les conseillers du parti de l’œuf.

Simon s’est dit choqué par cette « cabale » de ces personnes qui, dit-il, ne méritent pas d’être conseillers municipaux : « La commission ad hoc comporte toutes les personnes-ressources de la commune, compte tenu bien sûr des différentes couches sociales de notre capitale.

Elle a séjourné à Bamako, à Abidjan, à Koumassi, à Lomé, à Cotonou, à Porto Novo et même à Bobo-Dioulasso. Après ces différents voyages, la commission a rédigé un rapport de ce qu’elle a pu constater ailleurs, mais ledit rapport n’a pas encore été discuté au niveau de l’instance décisionnel qu’est le Conseil municipal. J’ai demandé que l’on envoie ce document dans les cinq arrondissements pour que les maires y organisent le débat avec les conseillers et les personnes-ressources, pour aussi tenir compte des réalités locales.

Les maires d’arrondissements mentionneront les fruits de leurs débats sur la question, et à mon tour, j’en ferai une synthèse que je soumettrai alors au Conseil municipal. J’ai même proposé qu’à cette session du conseil, nous fassions venir les personnes-ressources de la commune. Voilà le processus de débat sur ce sujet. Aucune mention de prix ou de paiement de quoi que ce soit n’a été décidé ou proposé en vain. » Le maire poursuit en précisant que le processus est déjà en marche au niveau du cimetière de Gounghin : « Les décisions que nous avons prises et qui sont appliquées, c’est chercher à faire du cimetière de Gounghin un cimetière moderne.

C’est pourquoi nous avons demandé aux commerçants installés dans ses alentours de déménager ; et actuellement, même ceux qui ont de très mauvaises intentions à notre égard doivent être satisfaits de ce qui y a été fait : en effet, 24h sur 24, nous avons des vigiles qui gardent les lieux, et la nuit, ce sont les lampadaires solaires que nous avons installés qui éclairent le cimetière.

Il y a aussi une administration qui enregistre tous ceux qui viennent y enterrer leur mort ». Il est clair qu’une telle organisation demande des fonds ; qui donc en supportent les frais ? Est-ce que l’on demande une contribution financière aux familles éplorées ?

« Avez-vous déjà appris qu’on a demandé de l’argent à des personnes parties enterrer leur mort ? Rien n’est demandé aux populations, car cela fait partie de nos prérogatives. Tous ceux qui se sont précipités pour dire que je tente un passage par force pour demander qu’on paie ceci ou cela ont menti. C’est archifaux ! Si une décision doit être prise, c’est à l’issue de l’ensemble des débats qui vont se mener dans les arrondissements et de la délibération générale qui sera faite au niveau du conseil municipal. Je ne tombe pas du ciel, je suis un enfant de Ouagadougou issu du terroir moagha, je connais les us et coutumes, je connais les habitudes de mes compatriotes.

Il faut être un extraterrestre pour prendre de telles mesures dans ce domaine. Ceux qui se sont excités pour aller tenir une conférence de presse sont de très mauvaise foi. Ce que les gens ignorent, c’est que, pour les personnes qui n’ont pas de parents à Ouaga et qui meurent à l’hôpital, c’est la mairie même qui paie 48 000 FCFA pour leur inhumation ».

M. Arnaud Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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