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Panel de l’UA : Aveu d’échec à Nouakchott ?

Publié le lundi 7 mars 2011 à 00h38min

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Comme le 21 février dernier dans la même ville de Nouakchott, ce fut un interminable huis clos pour les panélistes de luxe, lequel conclave a finalement abouti à ce qui ressemble fort, hélas, à un aveu d’échec, malgré les litotes diplomatiques. Car au terme de la réunion de ce cénacle de 5 chefs d’Etat chargés de sauver la Côte d’Ivoire, aucune solution concrète n’a été trouvée.

La seule bouée de sauvetage réside peut-être dans la convocation prochaine c’est à dire le 10 mars à Addis Abeba de Laurent Gbagbo, d’ADO et du président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N’Dré dit “Paco” pour encore palabrer ? Aboutir à quoi ? Encore qu’on reste dubitatif sur un déplacement de Gbagbo. En attendant, la seule guerre que les Ivoiriens peuvent mener reste civile.

“Cette 3e réunion du groupe de haut niveau pour le règlement de la crise en Côte d’Ivoire sera la dernière”. Propos de Victor Gbeho, le président de la Commission de la CEDEAO. Au sortir d’une audience avec le président burkinabè dans la matinée du 4 mars, l’intérimaire de Mohamed Ibn Chambas s’est voulu catégorique : pour lui cette rencontre des mandatés de l’UA est l’ultime regroupement, car solution il y aura.

Il déchantera sans doute sur le coup de 20h30, lorsque d’abord le président du Panel, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz livrera en substance les résultats de leurs discussions, avant de laisser la place à Ramtane Lamamra, le patron de l’équipe des experts, pour lire le communiqué final qui est un concentré de circonlocutions diplomatiques.

Retour sur ces 4 heures d’échanges des panélistes commis par l’Union africaine pour éteindre l’incendie ivoirien. Prévu d’abord pour 11 heures, c’est finalement vers 14h30 que ce club des 5 fera semblant de débuter sa délibération.

En fait, il s’est agi de l’ouverture officielle des travaux ponctués par les civilités d’usage du chef de l’Etat hôte. Puis il y a eu un temps de flottement où, par intermittence, on apercevait un des chefs d’Etat qui sortait de la salle, qui pour deviser avec ses ministres, qui pour donner des consignes.

Ainsi en est-il de Jacob Zuma, le Sud-Africain qui fit une brève apparition pour instruire sa chef de la diplomatie avant de s’engouffrer dans le lieu de la réunion. Mais le record de ce genre de sortie est détenu par le Tanzanien (lire coulisses).

C’est autour de 16 heures que les 5 gourous qui se penchent au chevet de la Côte d’Ivoire se sont retrouvés dans une petite salle au rez-de-chaussée pour un huis clos intégral (pas de ministres ni d’ambassadeurs ou de conseillers présents).

Qu’est-ce qu’ils se sont dit les yeux dans les yeux, ces 5 ? Difficile d’y répondre car ici les murs n’ont pas eu d’oreilles... Après donc 6 longues heures de pied de grue, aux alentours de 20h 30, c’est la course sur les escaliers pour rejoindre le second étage où la presse a été conviée pour écouter ce à quoi ont abouti les panélistes.

A tout seigneur, tout honneur, ce sera au patron des 5 d’introduire la synthèse des travaux : “Nous sommes arrivés à une entente, à une cohésion entre les membres de la 3e réunion du groupe de haut niveau pour le règlement de la crise ivoirienne, tous les membres du groupe de haut niveau ont pris part à cette réunion... le groupe a analysé les problèmes sur la base des données et des interactions...”.

Après le chef de l’Etat mauritanien, ce fut donc au tour de Ramtane Lamamra de lire le communiqué final, qui met l’accent sur :
- la cessation de toute forme de violences ;
- l’arrêt des tueries en Côte d’Ivoire ;
- l’arrêt des campagnes haineuses ;
- la levée du blocus de l’hôtel du Golf où est reclus ADO.

Ce sera encore Mohamed Ould Abdel Aziz qui tirera les conclusions de ce troisième cadre de concertation. Il affirmera : “Nous sommes résolus à résoudre cet épineux problème, et je pense que nous nous acheminons vers ce résultat de façon inlassable pour permettre à nos frères ivoiriens de vivre an paix”.

Sur place, on apprendra aussi que les 4 chefs d’Etat “acceptés” sur le territoire ivoirien devaient se rendre à Abidjan le lendemain 5 mars. Au finish, ce sera le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, qui a atterri le lendemain 5 mars 2011 dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire, pour faire ou refaire, le travail que les 4 panélistes avaient accompli les 21 et 22 février derniers.

On se rappelle les va-et-vient que ces chefs d’Etat avaient faits entre le palais de Cocody et l’hôtel du Golf pour “raisonner” les deux frères ennemis. Fraîches sont les images du Mauritanien en face de Gbagbo qui disait : “Nous ne sommes pas venus pour vous imposer quoique ce soit, mais pour que vous nous proposiez une solution”, ou du ministre sud-africain essuyant les propos menaçants des “allassanistes” à l’hôtel du Golf lorsqu’il a effleuré l’idée d’une solution à la kenyenne ou d’un duo présidentiel tournant.

Bref, que va dire et que peut dire “le Chinois” aux deux camps qui n’aient été déjà dit ? Un Jean Ping qui soit dit en passant ne fait même pas l’unanimité ; son audience à Alcide Djedjé, il y a quelques semaines de cela, “audience privée” dira-t-il, en marge du Sommet de l’UA, où les deux camps étaient interdits est interprétée comme un penchant pour le Gbagboland.

A écouter l’entourage des panélistes, derrière les sourires, certains, les optimistes, ont lâché “c’est pas facile”, d’autres sans doute moins diplomates vont plus loin en demandant : y a-t-il place encore pour le dialogue en terre d’Eburnie ? Question nodale, car alors que s’ouvrait ce mini-sommet à Nouakchott, les populations d’Abobo, d’Anyama et de Kumassi fuyaient la furie meurtrière des sicaires de Gbagbo. La veille, 6 femmes perdaient la vie (lire coulisses) et à l’Ouest du pays, les combats se poursuivaient.

C’est désespérant, mais le seul fil d’Ariane pour parvenir à un arrêt de la guerre civile demeure accroché à cette 4e réunion des panélistes avec l’hypothétique regroupement de Gbagbo, d’ADO et de Yao N’Dré. Pour quoi faire ? Quid “des mesures contraignantes” alors que le bail des panélistes s’allonge ? Assurément le nœud gordien ivoirien reste difficile à trancher.

- (1) Sobriquet donné à Paul Yao N’Dré alors qu’il était étudiant à Paris


Vu et entendus à Nouakchott

* Femmes tuées : complot médiatique ?

Alors que les panélistes de luxe s’apprêtaient à se retrouver pour discuter, du côté du Gbagboland, on qualifiait l’assassinat des 6 femmes ivoiriennes à un complot médiatique pour influencer les décisions du panel. Ces pauvres femmes ont-elles été tuées oui ou non ? Ce n’est tout de même pas un Timsoara ivoirien. Et Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, a raison d’affirmer que Gbagbo accorde peu de considération à la vie humaine. Encore qu’elles peuvent avoir été tuées par des personnes n’appartenant pas à Gbagbo.

* “Good trip Blaise !”

5 mn après la clôture des “hostilités”, c’était la débandade au niveau des délégations. Celle du président du Faso a emprunté l’unique allée qui mène aux pied-à-terre des chefs d’Etat. Elle croisera celle du Sud-Africain Jacob Zuma et les deux délégations chemineront pratiquement côte à côte. On verra alors un Jacob Zuma, ingambe, qui lancera à Blaise “Good trip” et le Burkinabè de répondre : “Ah, c’est lui, OK, au revoir” en levant la main. Amabilités factices ou réalité ? On sait que sur le dossier ivoirien, Blaise et Zuma ne sont pas toujours sur la même longueur d’ondes.

* Addis Abeba : Gbagbo s’y rendra-t-il ?

Les 5 illustres mandatés de l’UA tiendront donc une 4e réunion ou doivent en principe prendre part Laurent Gbagbo, ADO et Paul Yao N’Dré. Ce sera en fait un mini sommet extraordinaire de l’UA consacré à la Côte d’Ivoire où sont donc attendus les deux frères ennemis, Gbagbo et ADO. Au-delà même du lieu, il y a la question du déplacement de Gbagbo. En temps de paix déjà, ce dernier quittait rarement son pays, alors on imagine mal qu’il accepte de faire un déplacement au moment où il est poussé vers la sortie. Et il a raison en partie, le 19 septembre 2002, alors qu’il allait être reçu en audience par le Pape à Rome, c’est à ce moment que les rebelles avaient choisi pour le renverser. ADO, lui, a déjà donné son ok pour le voyage.

* Relax Jakaya Kikweté

Le record des sorties de la salle de réunions pour “prendre l’air” est détenu par le président tanzanien Jakaya Kikweté. Par deux fois, il a émergé de la petite salle : une première fois il est resté au rez-de-chaussée pour échanger avec ses collaborateurs. La seconde fois, les journalistes ayant accouru croyant à la fin des travaux, se sont entendu dire par ce dernier : “la réunion continuou”. Puis il est sorti carrément hors de la bâtisse tout sourire pour discuter avec son entourage, pendant 10 mn, avant de regagner la salle. Relax, il l’était à l’évidence, car ayant été le ministre des Affaires étrangères de son pays avant d’accéder à la magistrature suprême, il est un habitué de ces palabres feutrées.

* Sécurité : armes israéliennes et sud-africaines

AQMI n’a pas pignon sur rue à Nouakchott, mais ses phalangistes font souvent des excursions meurtrières ou des enlèvements. D’où la sécurité maximum qui a entouré ce mini-sommet, qui s’est déroulé dans un périmètre vert à l’image du QG des forces américaines en Irak . De l’aéroport jusqu’au lieu du sommet, les forces de sécurité avaient, pour beaucoup, des armes de fabrication israélienne (fruit de la coopération entre les 2 pays, du temps où c’était l’idylle) et aussi sud-africaines.

Z.D.Z.


Le Groupe de haut niveau pour le règlement de la crise en Côte d’Ivoire conclut sa troisième réunion à Nouakchott

Le groupe de haut niveau invite les parties ivoiriennes à participer à sa prochaine réunion

Nouakchott, 4 mars 2011 : Le Groupe de haut niveau pour le règlement de la crise en Côte d’Ivoire, créé au terme du communiqué de la 259e réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine, tenue à Addis Abéba le 28 janvier 2011, a tenu sa troisième réunion à Nouakchott, le 4 mars 2011. Tous les membres du Groupe ont pris part à cette réunion.

Le Groupe a procédé à une évaluation approfondie de la situation en Côte d’Ivoire sur la base des interactions qu’il a notamment eues avec Leurs Excellences MM. Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara, lors de la visite qu’il a effectuée à Abidjan, les 21 et 22 février 2011, ainsi que des développements intervenus depuis cette date.

Le Groupe de haut niveau a noté avec une vive préoccupation l’évolution dramatique de la situation en Côte d’Ivoire, en particulier le nombre croissant de pertes en vies humaines, ainsi que l’escalade de l’esprit de confrontation.

Il réitère l’appel pressant de l’UA aux parties ivoiriennes pour qu’elles fassent preuve de la plus grande retenue, s’abstiennent de tous actes et mesures de nature à saper les efforts en cours, y compris des campagnes médiatiques incitant à la haine et à la violence.

Le Groupe demande également l’arrêt immédiat des tueries et exactions provoquant des pertes en vies humaines, ainsi que de manifestations, marches populaires et autres activités susceptibles de dégénérer en troubles et en violence. Il appelle instamment les parties à la cessation de toutes formes d’hostilités, ainsi qu’à la levée du blocus imposé à l’hôtel du Golf.

Le Groupe a décidé de tenir sa prochaine réunion dans les meilleurs délais, à une date et en un lieu qui seront annoncés incessamment, aux fins de parachever l’accomplissement du mandat qui lui a été confié par le CPS. Le Groupe invite à cette réunion Leurs Excellences Alassane Dramane Ouattara et Laurent Gbagbo, ainsi que le Président du Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire.

Le Groupe de haut niveau est en contact avec le Président de la République fédérale du Nigeria, qui assure la présidence du CPS pour le mois de mars 2011, en vue de la tenue, immédiatement après sa quatrième réunion, d’un sommet du CPS au cours duquel il présentera un rapport sur ses activités et les résultats auxquels il sera parvenu n

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 7 mars 2011 à 19:21, par Zas En réponse à : Panel de l’UA : Aveu d’échec à Nouakchott ?

    En effet l’UA tourne en rond. ADO a été reconnu vainqueur des élections présidentielles en Côte d’Ivoire par la communauté internationale et particulièrement par l’ONUCI qui avait en charge de certifier les résultats, en vue d’une sortie de crise. Alors si l’UA veut solutionner le problème ivoirien, il faut qu’elle travaille à faire partir Gbagbo ; les propos du type " nous ne sommes pas venus vous imposer quelque chose" sont inadéquats.
    On dit chaque fois qu’il faut que les tuéries s’arrêtent, mais chaque nouveau jour avec son lot de tués ; c’est ça la réalité en Côte d’Ivoire
    L’UA dévrait commencer à sanctionner les pays amis de Gbagbo qui lui apportent un soutien, allant ainsi contre les resolutions de l’UA.
    Cependant, il est difficile de comprendre le soutien que les dirigeants sud africain apportent couramment à des régimes de dictateurs en Afrique. Tabo N’Beki a soutenu Mugabe dans son hold-up électoral au Zimbabwé, aujourd’hui c’est Zuma qui soutien Gbagbo dans les mêmes dispositions en Côte d’Ivoire. Hier meurtris par l’aparteïd, ils en arrive aujourd’hui à soutenir des dictatures en Afrique. Soit ils ont la mémoire courte, soit l’effet traumatisante de l’aparteïd est toujours présente.

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