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DETTE PUBLIQUE : Les mauvais comptes de l’Etat

Publié le vendredi 4 mars 2011 à 03h48min

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Quand tu as un crédit de l’Etat et que tu ne payes pas, tu es un homme (ou une femme) mort (e) ! Par contre, quand l’Etat a ton crédit aussi, il n’y a pas de problème. Tu vas être "cadavré" (1) aussi ! Tu vas marcher jusqu’à ce que tes sandales te demandent pardon. Nombreuses sont les entreprises au Burkina à qui l’Etat doit de l’argent, beaucoup d’argent et depuis longtemps, mais qui ne sont toujours pas payées ou qui ne l’ont pas été à temps. Ce problème que rencontre l’Etat peut être expliqué. Entre autres, il y a d’abord les lourdeurs administratives. Premièrement, quand tu adresses ta facture à un ministère, tu sais quand elle va y entrer.

Mais même si tu consultes un marabout, ce n’est pas certain qu’il saura te dire quand est-ce que ce papier ressortira avec l’argent. Dans ce cas-là, pour réduire la tâche, il faut savoir à qui adresser tes factures. Deuxièmement, les Directeurs des affaires financières (DAF) ne peuvent débourser que s’il y a l’argent. Or, le "blé" est récolté dans le champ de la loi de finances. Tant que celle-ci n’est pas adoptée, il n’y a pas de budget et les factures peuvent bien attendre et s’empiler à souhait, parce que le DAF scandera toujours ce slogan : "Désolé, mais il n’y a pas encore d’argent". Il faut reconnaître cependant que certains DAF en font un peu trop.

Ils peuvent avoir de l’argent, mais jouer le jeu de mon homologue fou français qu’on appelle Harpagon : ils serrent la vis de la bourse, ne voulant pas trop dépenser, pensant que l’argent ne suffira pas aux besoins de leur département. Et puis, à la fin de l’année, ils se retrouvent avec un plein de sous qu’ils sont obligés de liquider à travers de faux trucs, des séminaires bizarres, des ateliers sans hangar, et j’en passe. Ce qui fait qu’au prochain vote du budget, on aura tôt fait de réduire le crédit alloué, sous prétexte que le département n’arrive pas à l’absorber entièrement. Et voici les emmerdes et les factures impayées qui s’amoncellent.

Ensuite, il y a les agents véreux. Dans tout service, il y a toujours des gens qui se croient plus malins que les autres. Parmi ceux-là, il y en a qui mettent les pieds sur les factures parce qu’ils ne peuvent pas admettre que tant d’argent passe sous leur nez sans qu’ils piochent un peu dedans. En mettant tant et si bien le pied, à l’insu des premiers responsables, les dettes de l’Etat ne feront que s’accumuler au grand dam des sociétés qui finiront par être étouffées. Parce que si l’Etat, qui figure généralement parmi les plus gros débiteurs, n’honore pas ses échéances, les entreprises peuvent se retrouver dans des situations financières inconfortables.

Pourtant, il faut payer les salariés, très grognons quand il s’agit de leur porte-monnaie ; il faut payer les fournisseurs, il faut (et c’est là que le bât blesse le plus) payer les impôts et les factures des sociétés d’Etat. Tout le monde sait que, quand tu ne payes pas à temps les factures de l’ONEA et de la SONABEL, on te coupe "vite vite" l’eau et le courant. Je ne parle pas des agents du Trésor public ou de la CNSS qui ne rient pas quand il s’agit de recouvrer TVA, IUTS et tout le baratin fiscal. Tout ceci fait que certains ont pris leur parti de traiter le moins possible avec la princesse. Tu ne marches pas sur la boue, tu n’as pas les pieds maculés.

Mais dans ce cas-là, il faut avoir les reins solides et avoir des débouchés porteurs, car il faut reconnaître que l’Etat débourse beaucoup d’argent, et que certaines entreprises n’existeraient pas s’il n’y avait pas de marchés publics. Dans tous les cas, les comptes de l’Etat sont mauvais. Mais comme je l’ai dit, ce dernier n’est pas totalement responsable. Les entreprises, quant à elles, doivent trouver des stratégies pour s’adapter. L’Etat, c’est la puissance publique et on peut difficilement rougir les yeux face à lui comme on le ferait avec un quelconque débiteur. Mais, cher Etat, ce n’est pas une raison dè ! Il faut revoir tes comptes, sinon tu risques de ne plus avoir beaucoup d’entreprises pour payer tes impôts !

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 4 mars 2011 à 06:44 En réponse à : DETTE PUBLIQUE : Les mauvais comptes de l’Etat

    il faut tout simplement mettre en place des délais réel de paiement.

    • Le 6 mars 2011 à 12:45, par wend waoga En réponse à : DETTE PUBLIQUE : Les mauvais comptes de l’Etat

      Bonjour !D’accord pour le delai strict de paiement !Celà donne le droit aux créanciers d’entamer une procédure légale de réclamation !Sinon les pauvres créanciers seront toujours à la merci d’agents véreux qui mettront tout le temps les pieds sur l’argent quand bien meme l’odre est donné pour éponger les dettes,dans le but,soi de pousser le créancier à leur laisser une ristourne,soi de virer l’argent dans leur compte personnel pour le temps qu’il faudra afin que la somme produise des intérets à leur compte ! Alors que pendant ce temps,le créancier a besoin de son argent pour continuer à faire tourner ses affaires ! Il est impérieux de voter une loi qui précise un delai !

  • Le 4 mars 2011 à 09:15 En réponse à : DETTE PUBLIQUE : Les mauvais comptes de l’Etat

    Ca manque toujours de rationalité dans cette administration.En effet,les biens de l’Etat ne doivent pas être utilisés à des fins privée,c’est d’accord !Mais pourquoi faut-il que l’agent public utilise les biens qu’il a acquis à la sueur de son front pour faire fonctionner le service ?

  • Le 4 mars 2011 à 12:44, par le sage En réponse à : DETTE PUBLIQUE : Les mauvais comptes de l’Etat

    je suis consterné ! comme solutions faire l’actionnariat populaire et l’emprunt obligataire communautaire cedeao/ Uemoa

  • Le 6 mars 2011 à 14:16, par edou En réponse à : DETTE PUBLIQUE : Les mauvais comptes de l’Etat

    Bien vu, mais il faut creuser plus loin. Il faut dire les choses par leur nom pour espérer un changment. Pendant que certaines entrerises s’écroulent sous le poids des factures impayées et qui restent le plus souvent sans suite, d’autres se font payer sans que le contrat en question ne soit ralisé. On ne finira jamais de denoncer la situation. Mais on dit que le poisson pourrit toujours par la tête. Et maintenant que tous les pieds sont pourris. C’est gaté. Il faut jeter.

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