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REVOLTE CONTRE BIYA : La mayonnaise peine à prendre

Publié le vendredi 25 février 2011 à 01h09min

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L’opposition camerounaise et des organisations non gouvernementales ont appelé à manifester mercredi contre le président Paul Biya au pouvoir depuis 29 ans. A travers la commémoration de la révolte de la jeunesse de février 2008, d’aucuns, inspirés par les événements en cours dans le monde arabe, ont voulu faire d’une pierre deux coups en appelant à une insurrection. Cet appel n’a pas été suivi à Yaoundé, contrairement à Douala, où la police a dispersé des dizaines de manifestants et procédé à des arrestations.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le pouvoir camerounais n’a pas lésiné sur les moyens pour étouffer la révolte dont la mayonnaise peine, pour l’instant en tout cas, à prendre. Plusieurs raisons expliquent ce mouvement de contestation. Il est vrai qu’au Cameroun, il y a une relative liberté d’expression et d’information, en témoignent des journaux critiques et l’accès à Internet. Mais ce pays est loin d’être un modèle de démocratie. Il porte des traits caractéristiques des régimes tunisien, égyptien, algérien et libyen tombés ou en proie à des manifestations populaires. Au nombre de ces traits, la longévité au pouvoir et le tripatouillage de la Constitution camerounaise par Biya pour pouvoir se représenter à la prochaine présidentielle, l’accaparement et le gaspillage des ressources par une minorité et la paupérisation continue de la population.

En vérité, l’une des différences majeures entre les dirigeants du monde arabe aujourd’hui décriés par leurs populations et ceux de l’Afrique au sud du Sahara, réside dans l’honnêteté des premiers qui contraste avec la roublardise scélérate des derniers. Beaucoup de dirigeants arabes ont rejeté la démocratie comme mode de gouvernance au vu et au su de tout le monde. Ce faisant, ils ont, au moins, ce mérite de la franchise, contrairement à leurs homologues de l’Afrique subsaharienne qui ont, à grand renfort de publicité, adopté la démocratie et qui, dans la pratique, montrent qu’ils sont de vrais despotes, rusant avec les principes fondamentaux de la méthode de gouvernance du peuple par le peuple et pour le peuple.

En d’autres termes, la plupart des chefs d’Etat de l’Afrique subsaharienne n’ont adopté la démocratie que pour mieux la contourner par toutes sortes de pirouettes. Les chefs d’Etat, sous nos tropiques, n’ont rien donc à envier à ceux qu’on chasse ailleurs. Le mouvement de contestation au Cameroun a-t-il été étouffé dans l’œuf ou va-t-il au contraire resurgir avec plus de force ? Les jours à venir nous le diront. Dans tous les cas, Biya ferait mieux de ne pas sous-estimer la colère populaire, ni se gargariser de son relatif succès actuel, en engageant des réformes. Le bâillonnement et la répression des populations sans défense ne sauraient être des armes acceptables et durables entre les mains d’un gouvernant qui se dit démocrate.

De toute façon, les populations africaines sont de plus en plus décidées à prendre ou à reprendre -c’est selon- en main leur destin et beaucoup de gouvernants seraient bien inspirés de savoir anticiper pour éviter de périr.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays

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