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CRISE IVOIRIENNE : Quand l’UA tacle la CEDEAO

Publié le jeudi 24 février 2011 à 01h50min

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"L’éviction des despotes ne peut qu’enchanter des hommes libres". Ainsi écrivait Claude Imbert (1), à propos du printemps arabe qui se déroule en temps réel sous nos yeux. Mais son affirmation peut s’appliquer aussi au cas ivoirien. Quand les élections ne sont plus capables de réguler la vie politique, de donner aux populations les dirigeants de leur choix et d’imprimer une dynamique de paix, de stabilité et de progrès, par la faute d’un illuminé assoiffé de pouvoir, il ne reste qu’une alternative : le faire dégager.

Dans la crise post-électorale ivoirienne, bien que ce postulat ait été arrêté, depuis la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) jusqu’à l’ONU (Organisation des Nations unies) en passant par l’UA (Union africaine), rien ne semble bouger. Au contraire, il y a une stagnation, voire un recul, après les premières heures d’indignation et de fermeté. Le groupe de haut niveau (communément appelé panel) mis en place par l’UA pour rediscuter avec le perdant et le gagnant de l’élection présidentielle ivoirienne, est le symbole même de ces hésitations sur l’application stricte des principes démocratiques en Côte d’Ivoire.

Car le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, qui a mandaté le groupe de haut niveau, est clair. Son postulat de base est que Alassane Dramane Ouattara est le président élu de Côte d’Ivoire. D’où vient-il alors que des scénarios aux antipodes de cette vérité, circulent, et soient mis sur le compte du panel, amputé d’un membre influent, à savoir le représentant de la CEDEAO ? Il est en effet surprenant que l’idée même d’un partage du pouvoir, ou d’une reprise de la présidentielle, effleure les esprits, du moins ceux respectueux de l’expression démocratique d’un peuple. Si tant est que les présidents mauritanien, sud-africain, tanzanien et tchadien soient attachés au caractère inaliénable des résultats d’un scrutin transparent, ils ne peuvent tergiverser sur la solution de sortie de crise.

De ce fait, le panel devrait avoir pour mission essentielle de tendre à l’usurpateur, Laurent Gbagbo, la liste des "propositions contraignantes" auxquelles il serait soumis, s’il ne restituait pas le pouvoir au président légitime. Car, que faut-il négocier avec le perdant d’une élection juste et crédible ? C’est seulement en Afrique que ce phénomène de remise en cause d’élections propres a cours. Et la voie prise par le panel des « quatre » serait dangereuse pour les processus démocratiques en Afrique, si elle octroyait un blanc-seing à Laurent Gbagbo.

Or, visiblement, sous l’instigation de l’Afrique du Sud, ce panel désavoué par la CEDEAO, veut ménager le président sortant pour des raisons totalement subjectives. Dans le rôle qu’elle joue, l’Afrique du Sud apparaît de plus en plus comme l’élément perturbateur dans le règlement rapide de la crise ivoirienne. Loin de sa sphère d’influence qu’est l’Afrique australe, le président sud-africain, Jacob Zuma, veut prendre les devants dans une crise dont les vrais enjeux lui échappent. La crise de 2002 à laquelle son prédécesseur a participé à la résolution, n’a rien à voir avec celle de 2010. On peut concéder, à l’époque, à Laurent Gbagbo, d’avoir été victime d’une tentative de renversement par les armes. Mais il n’en est rien cette fois-ci.

On se rend compte que l’Afrique du Sud continue de traîner les vieux clichés que Gbagbo lui avait fait avaler. Ici, il ne s’agit pas d’une prétendue lutte de libération contre des forces de domination –thème très sensible pour le pays de Mandela- mais, tout simplement, du respect des résultats d’une compétition électorale. Tant que l’Afrique du Sud n’intègrera pas cette donne, elle se laissera mener en bateau par son cher protégé, au risque de perdre le crédit qu’elle avait auprès des peuples ouest-africains. Du reste, récusation pour récusation, Jacob Zuma devait tout aussi être persona non grata à Abidjan, car les partisans de Alassane Dramane Ouattara ont émis des doutes sur son impartialité. Mais cela, le quatuor du panel n’en a eu cure.

Ce n’est donc pas en réalité l’UA qui vient de faire un tacle (2) à la CEDEAO à travers cette expédition hasardeuse du panel en Côte d’Ivoire, mais de quelques pays en qui la communauté africaine a porté sa confiance, pour un mandat précis. Les désaccords survenus avec la CEDEAO devraient donc, tôt ou tard, se dissiper, étant entendu que sans l’organisation ouest-africaine, rien de durable ne peut être entrepris en Côte d’Ivoire. Si avant la fin de son mandat, le panel ne parvient pas à recoller les morceaux cassés, il va sans dire que le Conseil de paix et de sécurité de l’UA devra en tirer toutes les conséquences.

En tout état de cause, aux yeux de la CEDEAO, le panel actuel ne doit sans doute plus inspirer une totale confiance. C’est dire qu’en définitive, l’UA a commis une erreur en croyant que des pays géographiquement lointains de la Côte d’Ivoire, sont potentiellement neutres. La crise au sein du panel montre qu’il n’en est rien. Le panel devrait se réunir le 28 février prochain à Nouakchott. Le représentant de la CEDEAO, le président Blaise Compaoré, s’y associera-t-il ? Sauf à vouloir tester jusqu’au bout la volonté des autres membres du panel à faire appliquer le verdict des urnes en Côte d’Ivoire, on ne voit pas ce qu’il ira faire à Nouakchott.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 24 février 2011 à 15:39, par KOUADIO En réponse à : CRISE IVOIRIENNE : Quand l’UA tacle la CEDEAO

    Je ne sais pas pourquoi on doit demander pardon à quequ’un qui a perdu une election de ceder son fauteil a son rival. la radio télévion ivoirienne "RTI" est confisquer par les partisants de gbabgo laurent sinon vous sauriez la vérité sur ce scrutin du 28 12 io.La vérité est qu’ADO a gagné cette election bien qu’il nétait pas mon candidat.ILya beaucoup de désinformations à la RTI.Au nord tout a été annulé par gbagbo alors que à sa demande un grand nombre de fds aquis à sa cause était déployé pour sécurser le scrutin,ce qui a été bien fait.GBABGO et sa bande cherche coute que coute à préserver leurs milliard mal aquis...idem pour le licencier blé goudé

    • Le 25 février 2011 à 08:30, par Moussa Ndiaye En réponse à : CRISE IVOIRIENNE : Quand l’UA tacle la CEDEAO

      La vérité est qu’ADO a gagne cette élection et sur quoi se base-t-on pour affirmer cette vérité ? C’est simple si ADO a gagne a Abidjan et banlieue qui représente 1/3 de l’électorat. Regardons si vous voulez les résultats de Gbagbo, Ouattara et Bedie au 1er tour, et ensuite faisons les reports de voix Ouattara + Bedie contre Gbagbo. Vous verrez alors ce qu’il en est pour nous guider sur le chemin de la vérité. Merci

    • Le 26 février 2011 à 11:24, par jimmy En réponse à : CRISE IVOIRIENNE : Quand l’UA tacle la CEDEAO

      Sur quoi te bases-tu pour dire que ouattara a gagné ? Tu étais au nord au moment des votes pour dire que tout s’est bien passé ?
      Ne pas aimer gbagbo est une chose ; mais couvrir les méfaits de ouattara et lui donner carte blanche est encore une autre.
      Pour être honnête, ni OUTTARA, ni Gbagbo ni BEDIE ne meritent la magistrature suprême de notre pays. Tous des malhonnêtes assoiffés par les pouvoir.
      Gbagbo qui veut y demeurer coûte que côûte, Bedie qui a hérité mais qui n’a jamais su s’y prendre si ce n’est par arrogance !!!!!! Dramane qui veut y arriver à tt prix (Y COMPRIS EN VERSANT LE SANG DES IVOIRIENS)et qui appelle même armée étrangère pour tirer sur un peuple qu’il veut diriger !!! son peuple ???? Ce type est un vrai sanguinaire. Moi je ne suis pas un pro gbagbo à vrai dire. Mais la seule chose que je n’accepterai jamais c’est l’attitude de mon parti le PDCI.
      On ne peut pas souiller le nom d’Houphouet en s’alliant avec des gens qui ont pris les armes pour verser le sang du peuple.
      Le PDCI devrait s’écarter de cette guerre.....car il a les moyens d’arriver au pouvoir autrement, sans s’allier aux Watao & Co....
      Humiliant et désolant pour le PDCI et la nation toute entière de voir cette alliance avec des seigneurs de guerre !!!
      où est donc passée la dignité, l’orgueil et la fierté de mon peuple ? Tous les moyens sont bons pour arriver aux affaires même en souillant le nom d’Houphouet..........BANDE D’IRRESPONSABLES.

      VIVEMENT QUE LE PEUPLE PRENNE LES CHOSES EN MAINS POUR DIRE BASTA. TROP C’EST TROP : OUATTARA, REBELLES, BEDIE ET GBAGBO DEHORS.............!!!!!
      La cote d’ivoire est bloquée depuis 1993. Tous ces irresponsables n’ont pas été capables de mener à bon port une locomotive qui était deja sur la bonne voie. Le pays n’est pas leur propriété privée.....ALORS DEHORS

      Que dieu entende nos prières et benisse la cote d’ivoire
      vive la cote d’ivoire..VIVE LES IVOIRIENS

      • Le 1er mars 2011 à 16:15 En réponse à : CRISE IVOIRIENNE : Quand l’UA tacle la CEDEAO

        du n’ importe comment. qui n’a pas vu que aADO a gagne ? Gbagbo pouvait passer par pu pour gagner, lui qui, en verite, n’ a jamais pu gagner une elction ? La ruse qui lui a donne le pouvoir en 2000 ne pouvait plus marcher. Naambabara te bassi mon. La ruse ne cuit pas le couscous. Il faut du bois, mon gaillard. Gbagbo, ce nouci,est pris et frit. Il va tomber de sa bonne chute comme tout fruit pourri. Juste une question de temps. ma seule peine c’est les souffrances inutiles qu’ endurent les ivoiriens et les populations de la sous- region qui sont partie prenante de la creatio n des richessess en CI.

        LOP

  • Le 2 mars 2011 à 21:28, par popi En réponse à : CRISE IVOIRIENNE : Quand l’UA tacle la CEDEAO

    vous qui connaissez le vrai vainqueur là,allez y l’investir ;ne prenez pas vos désirs ,vos souhaits pour la réalité ;ado meme sait qu’il a perdu,il le sait,la france le sait,blaise le sait,l’onu le sait ;les ivoiriens payent aujourd’hui parce qu’ils ont voté pour laurent gbagbo contre toute attente de la communauté internationale qui a misé gros sur son candidat ;la ci est victime d’un complot et la personne de gbagbo dérange et il peut etre un exemple pour bcp d’autres pays africains donc la france veut mater cette"rebellion"et son chef gbagbo.

    • Le 7 mars 2011 à 11:57, par ZINGUA En réponse à : CRISE IVOIRIENNE : Quand l’UA tacle la CEDEAO

      La crise post électorale en CI est le résultat d’un mépris aux conditions et lois électorales. Il y a, on la vu sur les ondes et pdt la campagne, un candidat qui n’était pas prêt à perdre l’élection. Quelle honte ? Voilà qui montre à la face du monde l’incapacité des noirs à assumer leur responsabilité.
      A quand la fin des discours anti-impérialistes ?
      Il y a que le vrai perdant de l’élection en CI le reconnaisse et parte pour que le peuple respire enfin la liberté, la paix.

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