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Côte d’Ivoire : Le statu quo

Publié le jeudi 23 septembre 2004 à 06h42min

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C’est avant tout deux longues années de tergiversations au bord de la lagune. Ebrié, autour d’une problématique de paix qui tarde à s’installer. C’est aussi deux sombres anniversaires de bilans-parcours d’un pouvoir forçant la légitimité et désormais contraint par la poudre de se cantonner sur une partie du territoire ivoirien. Quelles perspectives donc pour le peuple ivoirien sur cet îlot d’incertitudes qu’est devenue la Côte d’Ivoire !

Les pilules enrobées d’Accra III à moins d’être dotées d’effets à retardement sur le patient ivoirien tarde à donner le résultat escompté. Le rétablissement de ce dernier au lieu d’être prompt, est ponctué de brefs moments de lucidité entre coupée de comas légers avec une certaine torpeur des membres au réveil. C’est dire donc que des accords de Marcoussis aux injonctions d’Accra III, rien ne semble avoir significativement bougé. La configuration du tableau aurait sensiblement changé, mais les pièces du puzzle restent les mêmes et aux emplacements initiaux.

Septembre 2002-Septembre 2004 : un bilan au goût d’inachevé

Les nuits d’insomnie du pouvoir Gbagbo débutèrent au mois de septembre 2002. Les rebelles marchaient sur la capitale Abidjan, stoppés sur leur lancée par les « bras » protecteurs d’une France qui finit par perdre son latin dans le bourbier ivoirien.

La rencontre de Linas Marcoussis a accouché d’un canevas de mise en œuvre d’un processus aboutissant à une paix définitive entre les frères ennemis. Les protagonistes ratifièrent ce que l’on serait tenté d’appeler un contrat de dupes. Sur le terrain des applications, les deux parties interprétèrent différemment les clauses des accords issues de Linas Marcoussis. Le cliquetis des armes reprirent et le dialogue échoua.

Des multiples interventions de la communauté internationale assorties de tables rondes entre les belligérants, l’on ne peut retenir que des moments d’accalmie. Une ambiance de ni guerre ni paix qui laisse un sentiment d’inachevé. Deux années se sont écoulées et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du Boulevard F. Boigny qui traverse et surplombe la lagune. Cependant, les débris de l’ivoirité persistent à la surface des eaux. La Côte d’Ivoire ne parvient toujours pas à recoller ses morceaux.

Accra III parfait sosie de Marcoussis-Kléber

Même si la couleur semble avoir changé elle rencontre toujours la même difficulté d’adaptation. Les mentalités xénophobes et exclusionistes ont du mal à subir la mutation souhaitée. Les protagonistes qui ont repris langue depuis le mini sommet d’Accra rejouent « le gourdin dans une main ».
Le décor de la paix est planté depuis Accra III, mais les acteurs refusent de jouer pleinement leur rôle. Gbagbo affiche désormais une neutralité douteuse et à travers sa femme Simone Gbagbo député FPI, tire les ficelles dans l’ombre. Les projets de loi pour conjurer les textes iniques et discriminatoires piétinent à l’hémicycle.

Aujourd’hui, tout est en voie d’être réglé en Côte d’Ivoire, mais dans les faits rien n’a bougé d’un iota. Rétrospectivement, on peut considérer que depuis feu Felix H. Boigny les dirigeants ivoiriens qui se sont succédé, précipitamment et violemment , aucun n’a su apporter à la Côte d’Ivoire l’espoir qui fera naître une paix durable.

Les Mouvements armés du Nord, durablement installés dans cette moitié de la Côte d’Ivoire entendent jouer pleinement leur partition dans le débat national. L’ancien dignitaire déchu Henri Konan Bédié espère secrètement réintégrer « ses quartiers présidentiels ».
Alassane Dramane Ouattara rêve toujours les yeux fixés sur le fauteuil occupé par Laurent Gbagbo.
Quant à ce dernier, il tient à pérenniser un pouvoir contesté. Pour les « chefs de guerre » nordistes et autres, la paix sans eux serait un vain mot. Face à un tel décor, qui correspond à une « mine de contradictions », le bilan de deux années d’un processus qui évolue par reptation n’enchante guère à l’optimisme.

par Franck Samir


A quand le bout du tunnel ?

19 septembre 2002, 19 septembre 2004. Ce triste anniversaire nous rappelle l’éclatement de la crise politico-militaire en Côte d’Ivoire. Du sang a coulé, des rencontres ont eu lieu, mais la crise perdure en terre d’Eburnie.

La feuille de route qui reste d’actualité en Côte d’Ivoire est incontestablement les accords de Lina Marcoussis paraphé en dernier par Accra III. Devant ces pairs africains et le secrétaire général de l’ONU Koffi ANNAN, le président GBAGBO et les siens avaient pris l’engagement d’amorcer des réformes politiques qui allaient conduire à un désarmement et ensuite vers une paix durable.
La triste réalité pour ce pays est que depuis d’interpositions les protagonistes sont toujours sur le pied de guerre.

A l’état l’aile radicale du Front populaire ivoirien conduit par la toute puissante Simone GBAGBO bloque les projets sur la composition de la commission électorale indépendante (CEI) et le code de nationalité. Les débats sur les conditions d’éligibilité au scrutin présidentiel font rage dans les milieux politiques. Logiquement deux tendances se dégagent dans la nomenclature FPI.

Il s’agit des forces parallèles et radicales conduites par Simone GBAGBO, Mamadou COULIBALY, Lida KOUASSI, Kadet Bertin pour ne citer que ces personnalités tristement célèbres. Tout laisse croire que le système mis sur pied par ces derniers embrigade Koudou Laurent GBAGBO. Ces derniers pé…les plans, planifient les actions des milices, galvanisent les troupes pour la guerre contournent même les généraux des FANCI. L’autre aile du FPI semble assoupir ses actions, elle est vraisemblablement victime des pressions internationales.
Le président Koudou Laurent GBAGBO appartiendrait à ce bord.

Sinon comment comprendre ses multiples retournement de veste, son incapacité à fléchir la position des radicaux par rapport à l’application des accords d’Accra III. Vu autrement, le système Koudou Laurent GBAGBO semble jouer sue le temps pour attendre, l’éclatement de la cohésion des forces des nouvelles. Lesquelles forces se livrent à des guerres de leadership, qui trouent souvent à la catastrophe. La rébellion ivoirienne sans chemin plan…. Devient fragile au fil des temps et la méfiance s’installe même entre les chefs de guerre.

Il paraît aujourd’hui difficile, à deux ans de la crise de parler de désarmement, de démobilisation ou de réinsertion (DDR). Ni les milices pro-FPI, ni les forces nouvelles (malgré le cessez le feu de juillet dernier entre FANC I et rebelles) ne sont prêtes pour se lancer dans une telle aventure. La réalité est cynique, des ivoiriens marchent imbibés du liquide rachidien de « leurs frères » dans une impunité totale parfois défiant même l’opinion internationale. Les forces françaises de la licorne, les forces, onusiennes (l’ONUCUI) assistent impuissantes à ces désastres.

Les Ivoiriens sont fatigués, mais les sangsues politiques rivalisent d’ardeur pour anéantir le pays d’Houphouët Boigny. Tant que la communauté internationale ne prendra pas à bras le corps le problème ivoirien, tant que la France entretiendra une relation ambigüe avec le pouvoir ivoirien, la catastrophe n’est pas écartée pour ce pays fatigué d’enterrer ses morts.
Il ne reste plus rien à ce pays où la ramification de l’ivoirité a aussi atteint la filière café-cacao qui tombe aussi en désuétude.
L’espoir est permis.

par Manu YABRE
L’Opinion

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