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Autant le dire… : Panel en Côte d’Ivoire, sage décision de Blaise Compaoré ?

Publié le mercredi 23 février 2011 à 01h28min

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Le président Blaise Compaoré ne se rendra pas en Côte d’ivoire pour présenter les résultats du comité d’experts de l’Union africaine et du panel des chefs d’Etat sur la crise ivoirienne. Il l’a décidé dimanche en fin de soirée depuis la Mauritanie où il a pris part pendant six heures aux travaux du même panel. Une décision qui fait l’objet de divers commentaires, en même temps qu’elle remet en cause et le panel et les travaux de celui-ci. Abidjan n’étant plus en mesure de recevoir des chefs d’Etat et d’entendre leurs décisions. Il n’y a plus de sécurité, et le bon sens et la raison y ont été jetés dans les poubelles.

En décidant donc de ne pas se rendre dans un tel climat où plus personne ne maîtrise quoi que ce soit, Blaise Compaoré a vu juste. Laurent Gbagbo, à tout point de vue ne maîtrise plus le navire dont il estime être le capitaine. Entre l’armée, les soi-disant patriotes, les milices, les mercenaires et les autres, la situation en Côte d’Ivoire est très trouble. Quand on y ajoute les mesures économiques et financières qui sont en train de faire leurs effets, on est en droit de dire que « cabri mort n’a pas peur de couteau ».

C’est pourquoi, il serait hasardeux et même très hasardeux d’aller « défier » un tel chef qui a pratiquement tout perdu. Ce n’est sans doute pas par peur d’aller en Côte d’Ivoire. Mais, dans une certaine mesure, Blaise Compaoré ne veut pas être celui par qui la Côte d’Ivoire va s’emballer dans une violence sans lendemain. S’inscrivant ainsi toujours dans sa logique de recherche de paix par le dialogue.
Dans une certaine mesure, on peut comprendre Laurent Gbagbo et son camp quand ils instrumentalisent de jeunes innocents pour faire croire qu’ils ne veulent pas voir Blaise Compaoré au sein du panel et en Côte d’Ivoire. Car, s’il y a un chef d’Etat, ou une personnalité qui connaît et maîtrise bien le dossier ivoirien, c’est bien Blaise Compaoré.

Avant que l’enfant de Mama, Laurent Koudou Gbagbo n’arrive au pouvoir, lui et Blaise Compaoré se connaissaient bien et même très bien. A son arrivée au pouvoir, apparemment rien ne les opposait. Même quand celui-ci, dans des « conditions calamiteuses » s’est emparé du pouvoir. Chassant le général Robert Guéi en brousse. Jusque-là, Blaise Compaoré était resté en dehors du dossier ivoirien. Jusqu’à ce 19 septembre 2002 quand de jeunes soldats ont tenté par la force de déloger Laurent Gbagbo du pouvoir. La raison principale évoquée est et demeure leur exclusion et celle du Nord du pays de la gestion des affaires.

Blaise Compaoré et son pays seront indexés comme étant la base arrière des rebelles devenus Forces nouvelles. Laurent Gbagbo a fait le tour du monde pour chercher la solution à la crise dans son pays. Sans y parvenir. Il a fini entre les mains de Blaise Compaoré, par lui désigné, pour jouer la facilitation avec les rebelles. Après hésitation, Blaise Compaoré accepte tout en se disant, de bonne foi, que « tant que la Côte d’Ivoire n’est pas en paix, le Burkina Faso ne le sera pas ». Il s’investit sans compter. L’accord politique de Ouagadougou est né. Il sera plusieurs fois « complété » par les protagonistes eux-mêmes.

Blaise Compaoré s’en félicite. Son seul objectif c’est de trouver une solution qui arrange tout le monde. Et tout le monde s’y est engagé. L’élection présidentielle devait être le couronnement de tout ce travail qui aura duré au moins quatre bonnes années.
En effet, en sa qualité de facilitateur, Blaise Compaoré devrait-il avoir un choix en Côte d’Ivoire ? Non, et c’est ce qu’il a fait. Blaise Compaoré a tenu, comme bien d’autres acteurs engagés dans la crise ivoirienne, à ce que l’élection se déroule dans la plus grande transparence ; donnant des chances égales à tous les candidats. Il avait le droit de dire la vérité quant aux résultats de la présidentielle. En quoi donc peut-il avoir trahi Laurent Gbagbo et son clan ? Qu’on nous dise en quoi cela a-t-il consisté.

Ce qui est évident, c’est que le processus se retrouve une fois de plus bloqué et l’issue est plus qu’incertaine. Entre la rue et l’intervention de « forces impartiales », le choix appartiendra aux Ivoiriens.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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