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DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

Publié le mercredi 23 février 2011 à 01h28min

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Se marier est l’une des préoccupations des Hommes, même si certains disent ne pas y trouver leur compte. En pays dagara, le mariage est une impérieuse nécessité. C’est par lui que le jeune homme ou la jeune fille se responsabilise, s’intègre dans sa société et perpétue sa famille (son clan ou sa lignée). Pour sceller le mariage, il a été institué la dot. Une pratique qui a suscité notre curiosité en raison de sa singularité. Cette tradition a traversé le temps et semble n’avoir pas pris de rides du fait de son ancrage dans la conscience collective. Et ce, malgré son interdiction par le Code des personnes et de la famille (CPF).

La dot en pays dagara est le symbole du mariage. Elle conclut l’union entre la femme et l’homme dans la société dagara. Elle va au-delà des deux personnes (le couple) et unit deux familles. Dans le souci d’harmoniser les unions entre la femme et l’homme, la dot a été instituée par le peuple dagara. Selon l’abbé Jean Marie Kusielè Dabiré, docteur en théologie au Centre diocésain de formation (CDFA) de Diébougou, elle se fait en 3 phases. La première est la plus symbolique et les composantes du don sont 350 ou 360 cauris, selon la zone, une pintade et une poule. La seconde phase varie d’une femme à une autre et est fonction du nombre de cauris qui avait été utilisé pour doter la mère.

Ce nombre peut être de 1 200 à 3 000 cauris, selon toujours l’abbé Dabiré. La troisième phase est constituée d’autres prestations comme l’exécution de travaux agricoles dans la famille des beaux-parents du futur marié. A cela, il faut ajouter une paire de bœufs (un taurillon et une génisse). Cette tradition instaurée par les ancêtres a pour rôle d’harmoniser et de sacraliser l’union entre l’homme et la femme en pays dagara. Dans cette contrée, payer la dot est synonyme d’être un homme responsable et respectueux des valeurs traditionnelles, fait savoir l’abbé Jean Marie Dabiré. En outre, la dote garantit la sacralité du mariage et permet aux couples de jouir de leurs droits dans la société.

Egalité des sexes dans la forme, soumission de la femme dans les faits

De son côté, l’abbé Constantin Gbaanè Dabiré, philosophe et anthropologue au CDFA de Diébougou, pense que le système de la dot confine la femme dagara dans un statut d’infériorité tout en lui conférant dans le même temps, une importance, une reconnaissance. En effet, le mariage dagara tient compte de la femme en ce sens que c’est son nom qui est donné à l’enfant. Lequel nom n’est pas le même chez les Dagara que chez les Occidentaux. Par exemple, l’enfant issu d’une femme Da mariée à un Somda portera le nom Da mais pas celui du clan ou de la famille qui reste une propriété exclusive du mari. Pour illustrer davantage notre propos, prenons le cas de nos deux interlocuteurs : Constantin Gbaanè Dabiré et Jean Marie Kusièle Dabiré.

A leurs noms de famille Dabiré, on peut conclure qu’ils sont tous de la même famille dans le système français ou occidental. Mais dans la société dagara, ils sont de familles différentes. Leurs familles respectives sont Gbaanè et Kusielé. Les autres noms, au nombre de quatre ou sept (Somé, Hien, Da, Kambou, Somda, Méda, Poda), selon l’abbé Constantin, ne sont que des subdivisions de la famille (les clans ou les lignées) et restent la propriété de la femme. Sur la base de ce constat, l’abbé Jean Marie conclut que "la dot en pays dagara permet un équilibre entre l’homme et la femme pour éviter une domination hégémonique de l’homme".

Telle que conçue, elle exclut toute subordination de la femme. Mais dans les faits, l’homme a subtilement installé une hégémonie dans les rapports avec la femme, soutient, par ailleurs, l’abbé Constantin Dabiré. "La femme reste toujours la cadette de l’homme", affirme-t-il. "Kaon bè dan inouon yè". Littéralement traduit, "la pintade ne devient jamais poule". Et la pintade dans cette sagesse populaire dagara symbolise la femme et la poule, l’homme. Cela pour dire que la femme reste toujours femme. Dans ce contexte, l’acceptation par la seconde moitié de l’homme de jouer les seconds rôles annihile tout conflit. Si le principe d’équilibre est respecté, la dot se révèle être un élément régulateur de la société.

"La dot, par essence, n’a pas pour vocation de soumettre la femme", soutient l’abbé Constantin Dabiré. Pour lui, elle doit être symbolique et non une soumission unilatérale. Du reste, déclare le religieux, c’est la femme qu’on accuse d’infidélité et non l’homme. Cependant, ajoute-t-il, le caractère cyclique de la dot est utilitaire et assure une cohésion sociale. En effet, les cauris utilisés pour doter la sœur d’un garçon ainsi que les petits de la génisse sont utilisés également pour doter sa femme quand arrivera son tour de se marier. Quant au taureau, il est tué pour les sacrifices du mariage.

Cela avait le mérite de permettre à chacun de se marier même s’il n’avait pas les moyens. Ce qui semble être aux antipodes de la société actuelle où, très souvent, il faut avoir de l’argent pour se marier.

Une affaire des parents et des oncles

Certains estiment que la dot pousse des jeunes à l’exode rural ou l’immigration pour rechercher les sommes nécessaires au mariage. Anderman Hien, conseiller municipal du secteur n°2 de Diébougou et fils d’un chef coutumier, soutient que la dot est sacrée et doit rester telle. Cependant, il reconnaît que ses mutations fragilisent la société et les jeunes en sont le plus victimes. Pour lui, le refus de certains jeunes de se marier les expose aux maladies et cultive l’irresponsabilité. Mais à la question de savoir s’il faut supprimer la dot, sa position est claire : "La suppression de la dot serait la décapitation de la société dagara".

Du reste, poursuit-il, la dot est une question qui relève des parents et des oncles. Il se dit plutôt surpris que des jeunes la redoutent. "Quand un jeune homme aime une femme, fait-il savoir, et que cette dernière est consentante, il le fait savoir à ses parents et à ses oncles qui prennent les dispositions pour payer la dot".

Un dévoiement dû à la modernité

Au fil des mutations sociales et économiques, ces dispositions sont dévoyées faisant croire que la femme dagara a une valeur marchande. Pour l’abbé Jean Marie Dabiré, la valeur marchande des cauris a commencé avec l’apparition du F CFA imposé par le colon. Cette situation a débouché sur une convertibilité du cauris en F CFA. Il y a 30 ou 50 ans de cela, 20 cauris correspondaient à 5 F CFA, mais de nos jours un cauris se négocie 5 ou 10 F CFA, fait-il savoir. La mauvaise interprétation du droit coutumier dagara par les autres sociétés présente la situation comme du commerce, déplore notre interlocuteur.

Il ne faut donc pas rapporter la situation à sa propre culture pour que l’analyse ne soit pas biaisée. Les cauris de la dot sont sacrés et ce caractère sacramentel ne doit être violé sous aucun prétexte. Pour cela, et de l’avis de l’abbé Constantin Dabiré, les cauris de la première étape de la dot ne doivent être utilisés à d’autres fins qu’à doter une autre femme. L’inobservance de cette loi conduit très souvent à des situations conflictuelles dans les familles. Les parents fautifs qui sont dans l’incapacité de donner les 360 ou 350 cauris pour la dot de leur progéniture assistent, impuissants, à leur rébellion et perdent toute crédibilité et dignité dans leur famille et leur village. Selon la mentalité traditionnelle dagara, on ne peut retenir une fille en âge de se marier.

Mais en compensation des services à sa famille, il faut que le futur époux puisse symboliquement accomplir des tâches dans sa future belle-famille. Au regard des incompréhensions, l’abbé Jean Marie Dabiré, recommande "de ne pas fustiger les traditions africaines mais de les analyser selon nos réalités au lieu de se laisser phagocyter par d’autres cultures comme les cultures occidentales où dans certains pays c’est même la femme qui dote l’homme". Cela, de son avis, serait inadmissible pour certaines femmes qui refuseraient cette inversion de rôle. Pour lui, il faut faire l’historique de la dot pour comprendre ses mutations.

Le mieux serait de tendre vers l’uniformisation de la dot. Mais compte tenu des nuances dans certains rites souvent même dans les échanges linguistiques qui se déteignent dans le système du mariage, cette option sera difficile à concrétiser, a relativisé l’abbé Jean Marie Dabiré. Le législateur a tranché la question de la dot à travers le Code des personnes et de la famille afin d’éviter des litiges entre familles. Mais si les deux familles s’entendent pour vivre leurs coutumes sans heurts, notre interlocuteur pense que cela est à saluer. Du reste, soutient-il, de nos jours, dans la plupart des unions, il y a d’abord le mariage traditionnel dont le symbole est la dot avant le mariage civil. "Cette situation est la preuve tangible que nous ne pouvons pas vivre en excluant nos cultures", conclut l’abbé Dabiré.

François SOME (Collaborateur)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 23 février 2011 à 10:20, par ROSAMONDE En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

    Bel article qui nous replonge dans nos coutumes. Dommage que les personnes enquêtées ne soient pas les plus concernées.Je releverai deux choses comme contribution. C’est d’abord que la transcription des noms n’est pas tout à fait correcte. En effet, il faut écrire Abbé Kusiélé DABIRE Jean Marie et Abbé Gbaanè DABIRE Constentin. La deuxième chose, c’est que les travaux champêtres sont pratiqués dans le champ de la belle-famille lorsque les boeufs ne sont pas donnés. Quand les boeufs sont donnés, il n’y a plus obligation et les travaux effectués se font dans le cadre soit d’une entraide au beau-père en signe de reconnaissance soit d’une amitié mais plus dans le cadre de la dot. Je suis femme et je ne serai pas d’accord qu’on supprime la dot qui donne de l’importance à la femme et qui est, comme l’attestation de son appartenance à la famille qui l’accueille. Mais j’inviterai les parents à se resituer dans le contexte de nos traditions et coutumes. Il ne faut pas monnayer vos filles surtout lorsqu’elles épousent des jeunes d’autres ethnies. Merci aux Abbés Gbaanè DABIRE Constentin et Kusiélé DABIRE Jean-Marie. Qu’ils intègrent ce volet dans la formation des futurs couples. C’est très important pour l’harmonie entre les deux mariés.

  • Le 23 février 2011 à 10:42, par Manitu En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

    J’ai plus ou moins aimé l’analyse (témoignage de 2 experts de haut vol) mais le titre, s’il se veut accrocheur est rabaissant voire insultant et n’a rien à voir avec le contenu.

    Il est surtout bon de préciser, comme l’a dit quelqu’un que la dot n’est pas une affaire du jeune couple mais de leurs familles respectives. En ce sens, elle n’est en rien contraignante, elle a d’ailleurs toujours fait l’objet de compromis.

    Dans ma famille, il y a une femme qui s’est mariée à une autre famille sans qu’on paie la totalité de la dot. Il a fallu 3 ans plus tard, qu’un homme de chez nous veuille épouser une femme de labàs pour qu’on régularise les deux situations (simple opération comptable). Alors !

    Personnellement, hormis que mes parents m’aient dit ce qu’a demandé ma belle famille, je ne connais toujours pas le prix d’un taureau...

  • Le 23 février 2011 à 10:59, par mackiavel En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

    Il y a des travaux qui ont été publiés sur ce sujet. Vous enfoncez une poste déjà ouverte et vous n’apportez rien de nouveau sinon que vous étalez votre ignorance du sujet. Comment peut-on regarder nos sociétés avec des jeux d’occidentaux ?

    • Le 23 février 2011 à 23:19, par kp.arbile En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

      Je serai intéressé par les titres et auteurs des études publiées dont vous parlez pour faire une étude comparative avec les propos et les oeuvres de ces deux personnalités averties sur la question. Au cas où vous penserez à « Nisaal. L’homme comme relation », 1983 c’est de Constantin Gbãanè DABIRE qui a pris en compte les résultats de recherche de son ainé, Victor Zaw HIEN, « Le mariage coutumier chez les Dagaris affronté au catholicisme ». 1970. Il a également consulté d’autres sources anciennes produites en français comme en anglais sur le terroir dagara, son organisation socioculturelle et ses institutions, dont le mariage. J’attends avec impatience votre apport pour mesurer la portée de votre critique. Merci et à tantôt ! Avec mes amitiés.

  • Le 23 février 2011 à 11:41, par trm En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

    Merci Monsieur SOME pour votre contribution fort enrichissante. Avant tout propos, il sied de relever que votre titre me semble en contradiction remarquable avec l’argument central et la conclusion de votre brillant article. Mais, bon, c’est peut-etre une astuce journalistique pour forcer le lecteur a s’y attarder et on ne peut pour blamer pour cela. Avec votre permission, j’aimerais apporter ma contribution a quelques aspects de l’article qui pourrait causer des confusions a de dagara et non dagara.

    Il s’agit d’abord de l’ombrage eventuel de votre suggestion de definition de la famille, du clan, ou du lignage chez le dagara. A ce que je saches, 2 familles peuvent appartenir ou non au meme lignage, de meme que plusieurs lignages peuvent appartenir au meme clan. Dans la discusion sur le dagara, on a tendance a faire un amalgame qui embrouille, surout quand on s’efforce de donner un vision romantisee de la famille en prenant le clan comme telle, chose qui au fond ne cadre pas avec la realite sur le terrain. Les dagara considerent le clan comme la famille en temps de paix ou de funerailles. En termes clairs, sans denigrer ce groupe que je trouve tres soude, je pense qu’il convient de ne pas domner l’impression qu’au sein d’un clan tout est rose et que l’altruisme est la chose la mioeux partager. je ne suis pas d’avis avec ca. On accusera le modernise encore, mais je crois que l’accroissement de la population a provoque des contraintes au niveau des terres, ce qui a cause et cause des confrontations entre membres de mes lignages, et pire encore entre clans. Je ne m’allongerai pas sur cette question de peur de m’eloigner du sujet du jour.

    D’abord, la dot n’est singuliere au dagara comme votre article pourrait le faire crroire ; c’est une realite partagee dans beaucoup de groupes culturels et ethniques africains et non africains. Symboliquement, c’est la garrantie que la famille du garcon depose en compensation du vide cause par le depart de la fille, en terme de production de main d’oeuvre a sa famille d’origine. Dans ce rapport d’echange qu’est le mariage chez le dagara comme ailleurs, il ya la famille donneuse et la famille receptrice. Seulement, chez le dagara traditionnel, la famille receptrice tout en profitant de l’arrivee de la fille chez elle est consciente de la dette (humaine) qu’elle doit payer ulterieurement a la donneuse, de meme qu’elle est espere recevoir en retour les ressources qu’elle a payee pour avoir la femme. En termes simples, dans la dynamique du mariage on donne pour recevoir (ulterieurement) et on recoit pour donner (ulterieurement).J’insiste sur cela parce que c’est determinant dans la suite des rapports de belle-parente.

    Parlant de la 2e etape de la dot, vous dite qu’elle varie d’une femme a une autre. Quand bien je vous comorends, je pense que vous vouliez dire plus exactement qu’elle varie d’une famille donneuse a une autre (et surtout de la dot de la mere de la femme a doter) puisque le dagara ne reclame normalement comme dot que ce qu’il a donner pour la mere de la fille a marier. En termes clairs, 2 filles du meme pere avec des meres differentes, celle-ci d’origines familiales differentes, ont des chances d’avoir des dots differentes.

    Dans certains cas, l’execution des travaux champetres est vue comme un symbole de flexibilite et surtout de l’interchangeabilite des spheres economiques qui permet a une famille qui n’a pas les moyens de donner la totalite de la dot (comme c’est le cas le plus frequent)d’offrir ce type de prestation en compensation des interets accrus de la dot. Produire les travaux champetres n’est pas toujours une obligation, et ceux qui peuvent tout payer pensent que c’est une perte. On pourrait dire que c’etait sinon que c’est un mecanisme pour permettre aux individus moins nantis mais dignes d’avoir droit aux privileges du mariage. En plus, sous ces soleil de la production cotonniere, des gendres refusent clairement de cultiver dans le champs du beaux qu’ils ne souhaitent pas enrichir de maniere injuste. Bien cela est un autre aspect des mutations socioeconomiques et culturelles.

    Je suis d’accord que les boeufs sacralisent les rapports. Mais il faudra aussi noter qu’ils offrent une sorte de "fond de commerce" a la famille receptrice qui aura le temps de se faire des veaux (qui deviendront vaches)a retourner aux futures femmes a marier pour les fils ou neuveux du mari de la femme dotee.

    je ne m’etendrai pas sur la question des soi-disant nom s de famille (Dabire, SOME, SOMDA et autres) qui ont deja ete debattus sur lefaso. Seulement pour faciliter la tache aux non-dagara, surtout ceux marie(e)s a de dagara, il faut simplement dire que ces noms ne sont que la comprehension du blanc et ne cadrent pas avec la comprehension partilineaire de la famille chez le dagara, c’est-a-dire la filiation de l’enfant par rapport a la lignee de son pere. cela ne veut pas dire que l’enfant ne reconnait pas la lignee de la mere, mais il/elle a moins d’exigence politico-juridique et religieuse.

    Merci

  • Le 23 février 2011 à 12:33, par danoisa En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

    ils n’ont qu’à supprimer ça parce que nos parents là font de l’escroquerie maintenant ils exagèrent. eux profitent trop surtout quand tu perds ton papa et que tu es dans les mains de tes oncles ouf c’est la catastrophique

  • Le 23 février 2011 à 14:16 En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

    J’ ai pris un cours sur la sociologie du Burkina en 2007 enseignee par le regrette Nurukior Somda et j’ai trouve le mariage et l’ organisation de la famille tres passionnants chez les dagara. On parle de gbane , de kusiele et on parle de famille et de clan. pouvez -vous nous eclairer ? Qu’est-ce que la famille chez le Dagara/ C’est la meme chose que le clan ? Si ce n’est pas la meme chose, Kusiele ou gbane , ce n’est donc pas un nom de famille mais de clan. Ou bien ? J’ai suivi un debat interessant ici ou il etait question de donner le nom de la famille a l’ enfant plutot que le nom de la mere. Mais il faudra peut-etre definir la famille qui, a mon sens, n’est pas le clan. Le code des personnes et de la famille dit qu’ il faut donner le nom de famille a l’ enfaant. Mais est-ce que toutes les ethnies ont la meme definitions de la famille ? C’est la que le code a manque de clarte. Dabire ou Da, a ce que je viens de lire ne peut pas etre un nom de famille. Mais Gbane ou Kusiele n’est pas non plus un nom de famille.

    Yves Wedraogo, Socio-Anthropologue Consultant

    • Le 28 mars 2021 à 06:16, par Manikou-anoun SOMDA En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

      Le clan c’est plus vaste que la famille. On peut dire que le clan c’est la lignée. Quant à la famille, sa conception à approximativement la même que n’importe quelle famille : on peut donc distinguer la famille nucléaire et la famille élargie qui prend en compte les grands parents etc.... En général chaque homme finit par prendre indépendance de sa famille ce qui engendre une nouvelle famille nucléaire dans sa famille initiale ou si on veut affilier à sa famille initiale. Bref, les familles c’est juste des ramifications dans le clan qui en fin de compte est comme une super famille. La confusion famille/clan vient du fait que les liens familiaux sont particulièrement forts chez nous. Un dagara verra un dagara du même clan que lui comme sa famille directe, même si évidemment ce sentiment est plus prononcé lorsqu’on est davantage proche dans l’arbre généalogique du clan. C’est naturel vu qu’après tout le clan dérive d’une même famille.
      Pour les "noms de famille", les noms dagara sont loin d’en être dans la mesure. S’il y a quelque chose chez nous qui se rapproche du concept de nom de famille c’est le nom du clan : par exemple le labbé dont fait mention fait l’article est du clan Koussiélé. En effet, le nom de famille fait généralement allusion à notre lignée, chez le dagara c’est son clan qui fait allusion à cela. Son nom par contre fait plutôt allusion à sa mère. Chez nous, il y a un concept j’ai nommé "man-perrr", soit littéralement "les racines/sources/origines maternelles" (une sorte de "lignée" aussi, sauf que c’est relatif à la mère ) et le nom du dagara qui est celui de sa mère fait allusion à son "man-perrr".

  • Le 23 février 2011 à 23:10, par African Tradition En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

    Merci pour l’article. J’en profite pour fustiger une fois de plus le soi-disant législateur (auteur du CPF)qui, faute d’avoir distingué les idées, les pratiques, les cultures et l’esprit de nos sociétés au Burkina, s’est empressé de conclure que tout devrait se faire comme il se doit là-bas, derrière l’eau,en Occident !

    Or, la loi est le reflet de la réalité sociale. Sinon, elle devient caduque par désuétude. Le mieux, c’est de comprendre pourquoi telle pratique se fait, et non imposer -fut-il par une loi votée à l’Assemblée Nationale - des obligations qui n’ont rien à voir avec nos réalités sociales.

    Et le ridicule, c’est les mêmes gourous de législateurs qui prennent le devant des convois pour aller doter leurs femmes avec des sacs de colas et autres liquidités.

    Donc, svp, arrêtez la comédie. Et vivons notre africanité sans complexe. C’est la seule façon de vivre libres, de vivre dignes.

    En occident, la cravate est née avec le froid. Pourquoi nous l’attachons même quand il fait 50° à l’ombre ? Comme dit Bob Marley, c’est de la vraie "Mental slavery" !

    En clair, nos pratiques coutumières burkinabè, et sous reserve qu’elles ne portent atteinte à aucun droit fondamental de la personne humaine, doivent être maintenues, surtout quand elles sont incontestablement un symbole unifiant !

  • Le 23 février 2011 à 23:13 En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

    L’article aurait du signaler qu’ il y a des variantes dans la dot selon que l’ on est du cote des Wiile de la region de Dano Bapla- legmoin ou des Lobr de Dissin Mariatang- Koper- Ouessa. il y a des variantes mais la vraie dot, c’eet 350 cauris plus une poule. Le reste, c’est juste pour faire la fete. C’est ca en fait qu’ on presente aux ancetres et c’est pourquoi on appelle ca le fond premier. les pretres ne sont pas forcement la meilleure source d ; information. n’ oubliez pascque beaucoup d’ entre eux n’ ont meme evolue dans un cadre traditionnel qui puisse les faire comprendre le fi mot de ces coutumes qui etaient percue comme paiens.
    L’article manque de profondeur. On a l’ impression qu’ il a trop voulu demonter que la dot, c’est la vente des femmes. C’est trop simpliste comme analyse. Ni les hommes ni les femmes ne veulent supprimer la dot. D’ailleurs, il ne faut meme pas presenter la chose de telle facon qu’ on puisse croire qu’ il n’ y a que chez les dagara qu’ il y a la dot. Donner moi un seul exemple de communaute ou la fille va quittwer sa famille pour aller vivre ailleurs sans que cela ne soit formalise d’ aucune facon. Nous sommes devenus des francais, donc des blancs, mais faisons attention car blanc c’est pas blanc. Un blanc noir est un blanc en haut mais noir dedans.Je trou8ve que le mariage Dagara est en fait le moins complique. Une fois que tu as paye la dot, tu n’as plus de contrainte "legtales" avec la bele- famille. Mais ce qui reste entre vous, c’est l’amitie. Tu n’ as pas obligation a apporter des pagnes ou du sel a ta belle famille lors d’ un deces. Mais tu participes toujours aux joies et peines de ta belle- famille si tu es un enfant bien eduque. Nous au moins on ne vend pas comme chez nos esclaves les Gbins qui demanden t de mettre 200.000 sur la table. Maintenant il faut au moins 500.000cash pour se marier. Kone, corriges- moi si j’ai tord. Dans des conditions normales, un dagara se marie a une dagara, il ne devrait pa avoir de probleme puisque c’est la dot recue du mariage de ta soeur que le vieux depose pour doter ta premiere femme. Maintenant si tui veux une seconde epouse, c’est ta poitrine que tu as frappee.

    • Le 26 février 2011 à 04:00 En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

      La cravate n’est pas nee avec le froid. C’est pas vrai. Tout n’a pas une fonction. J’ai suivi l’essentiel de toin arguemnt mais je ne suis pas de ton avis. On parle un sous- vetement alors qu’ on porte ausssi une culotte. L’ exemple est mal pris pour jusitifer le mimetisme des africains. On a le droit a emprunter chez les autres aussi et d’ en faire notre. Aucune culture n ;’est pure. Ne surchargez poas trop les africains.

  • Le 25 février 2011 à 14:00, par Mambia HEMA En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

    Salut,
    mes frères inutil de polémiquer sur cette question de dot. Reconnaissez avec moi que les blancs ne vous veulent même pas, en plus vous appliquez mal ce qu’ils vous ont enseigné ou appris. Voyez vos démocraties. Nous sommes des égarés et le reconnaitre est un pas vers la sagesse. Sinon vous qui avez supprimé la dot en pensant libérer la femme ne vous rendez-vous pas compte de ce qui arrive à nos sociétés. Aujourd’hui les femmes mêmes dites instruites sont certaines que la dot en tant que symbole est honnorable culturellement(sauf quelques unes bien sûr). Bien sûr qu’il faut savoir faire la différence d’avec les dépenses festives qui existent aussi aujourd’hui. Quand on loue le mess des officier et des repas copieux avec un gateau de mariage de 300.000. COmprenez que nous avons copié sinon ne fustigiez pas la dot qui était un symbole fort pour nos ancêtres. N’avez vous pas compris qu’on ne juge pas une culture on essaie de la comprendre. Nous avons effacé et perdu des choses sans les comprendres au préalables. Sinon les blancs quand ils veulent épouser nos soeurs leur disent toujours que nous respectons vos coutumes. Du reste quelqu’un le disait les cauris de la dot de la famille sont destinés à cela exclusivement. Lorsqu’une famille n’en a pas (déperdition, famille étrangère à la culture)la conversion en F CFA étant difficile c’est là que surviennent les arnaques.
    Chez les Gouins, les Turka etc les considérations sont les mêmes avec quelques variantes. C’est bien le sacrement du mariage comme cela. EN effet le mercantilisme fait que les choses sont souvent dénaturées. Et quand on ne sait pas l’explication on invente selon ce qu’on a vu et voilà les modication. Enfin les explications des autres groupes ethniques les dénaturent puisse ne dit on pas que l’histoire n’est que la traduction de ce qu’a retenu et désiré l’historien ?
    Bon ! mes exclaves dagaras doivent comprendre qu’ils sont quand même inutils donc pas besoin de les doté.

  • Le 28 février 2011 à 06:40, par n’way En réponse à : DOT EN PAYS DAGARA : Le mercantilisme a-t-il pris le pas sur le symbole ?

    Pour celui qui veut des infos sur le marriage dagara, j’en ai plein dans la tete sans publication. J’ai grandi avec mon grand pere et peux vous faire un livre en moins d’une heure. Je suis dispose a travailler avec celui qui veut faire une etude comparative. Bref, je suis d’accord avec l’un des intervenants qui dit que les travaux champetres ne sont pas obligatoires. Ils sont conditiones par votre aptitude a payer les dots dans un bref delai.

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