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Evacuations sanitaires à l’étranger : Une sélection discriminatoire sur fond de deals

Publié le lundi 21 février 2011 à 23h39min

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Les hôpitaux burkinabè restent limités dans la prise en charge de certaines maladies surtout spécialisées. Le gouvernement a mis en place d’un conseil national de santé chargé d’étudier et d’harmoniser les problèmes d’évacuation sanitaire. C’est entre 800 et 900 millions de f cfa qui sont dégagés annuellement pour les évacuations. Si tout citoyen burkinabé est éligible, la pratique est tout autre. Insuffisance d’information, accès discriminatoire sont les griefs faits au conseil national de santé.

En principe, tout citoyen burkinabè peut bénéficier d’une évacuation sanitaire si son mal ne peut pas être traité par les formations sanitaires nationales. C’est un droit pour le patient, puisque les autorités doivent garantir à la population l’accès équitable aux soins de santé en qualité. C’est donc environ un milliard de f cfa que le gouvernement dégage annuellement pour les évacuations sanitaires à l’étranger. La France et le Maroc sont les principales destinations. L’évacuation sanitaire se fait sur la base d’un dossier élaboré par le médecin traitant du patient.

Le dossier est par la suite soumis au collège des médecins, puis au Conseil national de la santé. Dans le cas des évacuations sanitaires à l’étranger, la prise en charge est gratuite pour les personnes indigentes. Les frais sont entièrement à la charge du budget national. Le seul effort demandé au patient, ce sont les frais de visa. La contribution des autres catégories est réglementée par un arrêté ministériel. Ainsi il y a un taux pour les commerçants, les élèves, les enfants. Pour la participation des agents de la Fonction publique aux frais de leur évacuation sanitaire, le précompte sur le salaire, sur une base mensuelle, se fait par retenues à la source, après émission d’un ordre de recette par le ministère chargé des Finances, à la demande du ministère de la Santé.

Ce précompte est effectué dès le retour de l’évacué sanitaire. En cas de décès de l’évacué ce prélèvement est immédiatement annulé. On affirme du côté du ministère de la santé qu’aucun dossier d’évacuation n’est fait par le ministre de la Santé, son secrétaire général, ni même le conseil général de la santé et la direction générale des hôpitaux. Le médecin traitant du patient en face d’une pathologie estime qu’il est impossible de sauver le malade avec les plateaux techniques disponibles et formule un dossier d’évacuation. Ce dossier est soumis au collège de médecins et ensuite au conseil général de la santé pour adoption.

Une fois que le dossier du patient a été validé, il ne lui reste qu’à mettre en marche les formalités pour l’évacuation. Au Burkina, les principales maladies qui nécessitent une évacuation seraient les maladies cardiovasculaires, traumatologiques, neurochirurgicales, ontologiques et ophtalmologiques.

Dans le processus d’évacuation, le service d’évacuation du ministère de la Santé et l’ambassade du Burkina dans les pays d’accueil se chargent de toute l’organisation. Le service d’évacuation du ministère contacte le service social de l’ambassade pour la préparation du terrain. Ce dernier doit s’occuper de la réservation de l’établissement sanitaire qui doit recevoir le patient et d’une maison de repos. Evidemment, ce service social doit renvoyer au ministère le coût total de l’ensemble des prestations.

L’ensemble de ces pièces est nécessaire pour l’obtention du visa. Malheureusement, entre ce qui est préconisé et la pratique, il existe un grand fossé. Au regard du nombre de postulants pour nécessité de santé, la cagnotte reste insuffisante. Cette petite cagnotte serait consommée par les "puissants".

Selon le secrétaire général du Syntsha, la caisse
d’approvisionnement est permanemment vide. De nombreux professionnels de la santé courent après leur évacuation depuis des années en dépit de l’avis favorable du collège médical. Certains sont décédés avant la décision d’évacuation. Si les professionnels de la santé qui sont imprégnés du fonctionnement du conseil médical ne sont pas admis à l’examen final, ce ne sont pas les citoyens qui ne sont pas informés qui peuvent jouir de ce droit. La grande majorité de la population ignore l’existence de cette mesure.

L’absence de rigueur et d’égalité dans la sélection du dossier sont également dénoncées. Pour les uns, un coup de fil suffit pour déclencher la machine d’évacuation, mais pour d’autres, il faut la main de Dieu ! Le ministère de la Santé avait lui-même attiré l’attention sur les dossiers d’évacuation, notamment sur les coûts exorbitants de ces évacuations et les contrôles de santé accordés à certaines personnes. Il avait affirmé que certains contrôles de santé ne s’imposaient pas toujours. C’est la preuve d’un manque de transparence dans la gestion de ce fonds.

Le service financier du ministère et le service social de l’ambassade concerné ne montrent pas toujours patte blanche dans cette affaire. Certains patients qui ont eu le privilège d’être retenus ont décrié la prise en charge. En ce qui concerne les évacuations sanitaires sur la France, le service d’évacuation du ministère se plaignait de l’attitude de son correspondant à Paris. Pour la traçabilité des fonds, le service d’évacuation exige du service social de l’ambassade un compte rendu détaillé. Mais cela n’a pas toujours suffi pour garantir la confiance. Il est souvent arrivé que l’ambassade de France refuse d’accorder le visa, estimant que les documents du prestataire manquaient de crédibilité.

Le service d’évacuation du ministère de la santé avait à un moment reproché à une ambassade de n’avoir pas reversé des reliquats soit pour cause de décès ou simplement pour des personnes qui ont été déclarées finalement en bon état de santé

Par Abdoul Razac Napon

L’Evénement

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Vos commentaires

  • Le 22 février 2011 à 00:15, par citoyen noir En réponse à : Evacuations sanitaires à l’étranger : Une sélection discriminatoire sur fond de deals

    900 millions pour évacuer combien de Burkinabé annuellement ? tout au plus une vingtaine quand on imagine le coût unitaire de ces évacuations.
    Nous on ne parle meme pas des évacuatins mais de la prise correcte au niveau national car l’extérieur est un luxe pour le commun des burkinabé. Le drame est que les premiers responsable réfusent d’admettre la réalité en voulant bailloner les malades.

    ll serait intéressant de jetter un coup d’oeil sur les budgets alloués aux services sociaux de sanou souro et yalgado et vous vous rendrez compte de la modicité des moyens alloués aux indigents. il n’y est pas alloué plus de 5000F/JOUR pour la prise en chrge des indihgents et c’est aussi ça la réalité.
    Le ministère de santé n’a pas myen de 70 Milliards par an mais voici la part allouéaux évacuations le reste c’est pour les séminaires et autres rencontres interminables dans ce département pendant qu’aileurs c’est la galère . Mais comme ça aide à la lutte contre la pauvreté personnelle personne ne s’en plaigne surtout pas les interessés.

  • Le 22 février 2011 à 10:34, par JINAZOUM DIELBY En réponse à : Evacuations sanitaires à l’étranger : Une sélection discriminatoire sur fond de deals

    Pour sauver le maximum de Burkinabè, investissez plutôt dans la prise en charge des malades admis aux urgences en attendant que leurs parents arrivent. C’est triste, le spectacle qu’il m’a été donné de constater la semaine dernière aux urgences traumatologiques de yalgado. Des blessés arrivent, sont débarqués à même le sol et attendent désespérément des soins. En l’absence de parents, qui va acheter les gants qui permettront aux medecins ou infirmiers de consulter le patient ? C’est triste. A mon avis, puisqu’il est difficile de réunir suffisamment de fonds pour satisfaire toutes les nécessités d’évacuation à l’extérieur, il serait judicieux d’utiliser ces 900 millions à la PEC des urgences et au renforcement du plateau technique de nos hôpitaux. On aura, au moins, eu le mérite de démocratiser le droit aux soins dans nos hôpitaux pour tout les Burkinabè.
    JINAZOUM

  • Le 22 février 2011 à 11:08, par mme kaboré En réponse à : Evacuations sanitaires à l’étranger : Une sélection discriminatoire sur fond de deals

    Cet article est interessant mais il reste une question importante qui n ’a pas ete abordée. Est ce que les Burkinabe doivent toujours etre evacués en France ou dans d’autres pays europeens ? Assurement non ! Prenons l’exemple chez nos voisins qui evacuent leurs malades vers les pays maghrebins ou d’autres pays africains (Senegal, Afrique du sud, etc) qui ont des plateaus techniques plus fournis que les notres et dont les frais de soins sont relativement faibles. On ne peut pas evacuer tout le monde en Europe avec 900 millions de CFA par an. Cette somme est derisoire.
    De plus, le processus de validation du dossier du candidat est inutiliement long et n’empeche pas la corruption et le nepotisme et le favoritisme ; meme avec l’implication du college de medecins.
    C’est tout le systeme de santé qui est pourri. Je connais une voisine qui a ete evacué pour bemeficier d’une chirurgie estetique au pays de l’oncle Sam ; alors que d’autres meurentpar manque de soins. C’est dommage !

  • Le 23 février 2011 à 14:44 En réponse à : Evacuations sanitaires à l’étranger : Une sélection discriminatoire sur fond de deals

    LA VERITE EST AILLEURS
    INCAPACITE A VOIR LOIN
    ABSENCE DE POLITIQUE DE SANTE CREDIBLE .
    CAR LES PAYS VERS OU ON EVACUE EN AFRIQUE N ONT RIEN FAIT DE SORCIER ET C N EST PAS UNE QUESTION D MOYENS CAR IL YA MOIN D 10 ANS EUX AUSSI MAXIMISAIENT LES EVACUATION VERS L EUROPE .
    POURQUOI NE PAS ENBCOURAGER LA SPECIALISATION DES JEUNES, ?AU MAROC ON TROUVE DES PROF AGREE A MOINS DE 33 ANS QUANT AU FASO TOUT EST FAIT POUR EMPECHER LA SPECIALISATION OU MEME LA FORMATION DE PLUS DEV MEDECIN POURQUOI, ?

  • Le 29 octobre 2013 à 22:00, par roussi En réponse à : Evacuations sanitaires à l’étranger : Une sélection discriminatoire sur fond de deals

    en tant que marocain, je vous déconseille le systeme medical du Maroc.
    en effet, dans les cliniques la corruption regne a bras le corps : factures gonflées, fausses prestations médicales, trafic de médicament voire d’organes, mort cliniques conservés artificiellement, et j’en passe.
    Il y regne une mafia qui agit en toute impunité s’enrichissant du malheur des autres.
    Le service public est completement etouffé par ce systeme mafieux et les medecins le desertent pour se faire de l’argent facile en clinique.
    En attendant que ce systeme soit nettoyé je vous conseille d’autres endroits moins dangereux.

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