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Soulèvements populaires chez les Arabes : Est-ce le « remodelage vertueux » dont parlait Bush ?

Publié le lundi 21 février 2011 à 00h01min

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Tout va très vite dans ce monde arabe désormais sous l’emprise de ce cyclone dévastateur que l’immolation du jeune Mohamed Bouazizi aura eu le mérite de déclencher le 17 décembre 2010. Les évènements se succèdent avec une telle rapidité qu’à vouloir les suivre avec la précision qui sied, on en a presque le tournis. Après la fuite, le 14 janvier, du Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, contraint à un exil sans gloire par la bourrasque que l’on sait, ce fut au tour, moins d’un mois plus tard, du Raïs égyptien de perdre le pouvoir, déboulonné de son piédestal par la tempête de la place Tahir et désormais se livrant sans toute à quelque méditation teintée de regrets légitimes dans la station balnéaire de Charm-El-Cheikh.

Mais les choses ne s’arrêtent pas là. Bien plus, le feu se propage, et avec quelle rapidité ! Comme par le fait d’un phénomène de magie, Maroc et Algérie sont, à leur tour, contaminés par le virus de la révolte populaire, puis l’Iran, et l’Irak. En ce moment, c’est au tour du Yémen, de Bahreïn et de la Libye du bien atypique Kadhafi d’en faire les frais.

Nul se saurait se risquer à prévoir avec exactitude les issues de ces diverses aspirations populaires à plus de liberté, de pain et de démocratie. Les dirigeants des pays concernés ainsi que la nature des régimes en place sont fondamentalement différents. Mais ils présentent une même caractéristique : une longévité certaine à la direction des affaires d’Etat, laquelle contraste avec l’enfermement ou plutôt la quasi-séquestration de populations qui, depuis peu, ont fini par ouvrir les yeux et décident de secouer un joug devenu pesant et dont elles sont désormais convaincus que c’est aujourd’hui le moment idoine pour s’en débarrasser à jamais. Fût-ce au prix du sacrifice suprême.

Et c’est bien là que réside le hic. Car, en face, les dictateurs sont bien décidés à ne pas s’en laisser conter. Et la conséquence logique, on la tire tout naturellement : la révolution arabe est condamnée à se faire dans le sang, la désolation et les larmes. Un décompte, bien macabre, des victimes tombées sous les balles en Tunisie, en Egypte, fait ressortir déjà un nombre élevé, trop élevé de morts.

Il faudra désormais le réviser à la hausse et y inclure les victimes récentes de la place de la Perle à Bahrein, celles qui résultèrent des batailles rangées dans les villes yéménites sans oublier les très nombreuses autres que la féroce répression du Guide faucha sans rémission ni pitié. Rien que pour la seule Libye, il se dit que le nombre de morts, à ce jour, avoisine la centaine.

Et de toute évidence, Kadhafi ne s’en tiendra pas là. Mais c’est sans doute par le truchement de cet horrible et macabre raccourci que ce même Guide administre la preuve irréfutable qu’il est désormais tout nu.

Même les plus sceptiques auront fini par découvrir le double fond de son régime hideux, fait d’un mauvais mélange de socialisme, de panarabisme, de soi-disant laïcité mais surtout taillé sur mesure et ayant pour seule vocation de servir l’ambition égocentrique d’un homme qui se sera en plus proclamé Guide d’un peuple et qui entend le demeurer pour le restant de ses jours ; car, enfin, que devient un guide lorsqu’il tire sur son peuple ? Pas plus qu’un chasseur myope.

Avec Kadhafi, on atteint le fond de la démesure, de la turpitude et de l’ignominie. Mais à vrai dire, on ne devait peut-être pas s’attendre à autre chose. L’homme a, depuis belle lurette, fini d’administrer la preuve qu’il sait exceller dans la mégalomanie, et se délecte volontiers d’une telle prouesse.

Ce qu’il ignore cependant est que, fort malheureusement, l’Histoire des hommes a donné de voir des excentriques de son acabit. Néron n’en fut pas le moindre. Mais tous, ont, à plus ou moins long terme, fini par céder, pourchassés et vaincus par la soif de liberté de peuples qui revendiquaient le droit de redevenir simplement des humains.

Cette aspiration-là, les peuples ne la négocient pas. Plus, ils paieraient le prix fort pour l’obtenir. Il faut tout simplement croire que toutes ces victimes ne seront pas tombées pour rien.

La tourmente qui s’est emparée du monde arabe et dont on ne voit pas aujourd’hui le commencement de la fin, tout simplement, l’atteste. Serait-ce là le « remodelage vertueux » dont parlait l’ex-président George Bush ? Si oui, il était temps qu’enfin il survienne. Mais on s’en doute, il ne s’imposera pas sans coup férir.

Car nous avons en présence deux tendances diamétralement opposées : d’un côté, celle de dirigeants cupides, avides, qui croient dur comme fer que les décennies passées à la tête des Etats transforment les peuples en bêtes de somme, et de l’autre, celle des peuples qui ont juré de secouer une fois pour toutes une chape de plomb qui s’est appesantie sur eux, leur ôtant jusqu’à leur dignité d’hommes, faisant d’eux des moins que rien qui crèvent de faim tandis que d’autres se repaissent avec délectation de leurs misères, de leur sueur et de leur sang.

Ces peuples-là auront toujours raison. Peu importe la barbarie ainsi que la sauvagerie des répressions, des mensonges, des manipulations, l’être humain qui se bat pour sa propre liberté jouit toujours de ressources insoupçonnées ; car, quelque part se trouve, fort heureusement, une certaine justice immanente qui l’assiste, le protège et se porte à son secours.

Ce sont bien les dictateurs dépassés qui se focalisent sur un sens contraire à celui d’une véritable Histoire en marche. Mais ils auront toujours leur lendemain de vilaines orgies pour quantifier l’ampleur de leurs dégâts et regretter avec amertume les luxueux fastes de leur gloire perdue.

La Rédaction

L’Observateur Paalga

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