Car c’est bien depuis deux dizaines d’années que nos démocraties n’en finissent pas de grandir. Et, au nom de cette croissance qui n’en finit pas (j’espère que ce n’est pas du gigantisme !), les classes dirigeantes font ce qu’elles veulent, les élections sont bâclées, les institutions républicaines sont des navires ivres, les biens de l’Etat sont contrôlés par une minorité de personnes, le tout sur le dos de populations pauvres et endolories. Hé, réveillez-vous ! Les Mohamed Bouazizi (suivez l’actualité) peuvent se déporter partout ! Je n’ai pas fini.

Si ce n’est pas pour justifier des insuffisances, c’est souvent pour masquer des forfaitures que nos dirigeants fourbissent leurs mots favoris. "Pour approfondir notre démocratie, pour l’enraciner, pour l’ancrer, la consolider, la solidifier, etc. nous allons refondre, ou réformer". Nous y voilà ! Les réformes. Le mot a jailli au Burkina, il a eu un écho chez Idriss Déby et chez bien d’autres chefs d’Etat, sous des appellations différentes. Mais après une vingtaine d’années de gestion d’un Etat, qu’y a-t-il encore à réformer, à approfondir ? Pourquoi faut-il réformer ? Et qu’est-ce que cela va donner ? Si c’est pour rejouer de vieux-jeunes disques démodés et ne rien proposer de nouveau, à quoi bon ?

Des questions qui apportent de l’eau au moulin de ceux qui pensent que ces réformes ne servent en réalité qu’à tordre le cou aux constitutions, tout couturées à force de "réformes", afin d’allonger indéfiniment des baux à la tête de l’Etat. Et ironie du sort, on utilise souvent les voies de la démocratie pour les trucider. La voix du peuple, c’est bien l’expression par essence de la démocratie. Alors, on en use sans retenue. Le référendum, c’est très très démocratique et à travers lui, on peut violer la loi allègrement et tranquillement sous le regard approbateur de la loi ! Pour revenir à nos moutons, entre nous, a-t-on vraiment besoin de retoucher une vieille voiture à bout de souffle, juste dans l’espoir qu’elle toussote encore sur quelques kilomètres ?

Pourquoi ne pas accepter la remplacer carrément par une autre plus neuve et susceptible d’apporter de meilleures perspectives si besoin est ? Car, qui parle de réformes ou de renouveau reconnaît implicitement que le système en place est sclérosé. Mais refuser de le changer totalement en donnant juste quelques coups de tournevis ici et là ne contribuera qu’à faire de l’alternance, une ligne d’horizon. En effet, c’est parce qu’il n’y a plus de souris dans une maison que les chats se jettent sur de pauvres criquets, sinon, je vous assure qu’ils auraient d’autres… rats à fouetter ! Alors, s’il vous plaît, chers dirigeants, si vos "approfondissements et apprentissages de la démocratie" ne servent qu’à creuser un trou au pouvoir pour y enfoncer le buste et solidifier le tout avec du béton armé, je vous assure qu’on peut s’en passer !

Le Fou

Le Pays