LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Manifestations au Maghreb : Attention au copier-coller !

Publié le mardi 15 février 2011 à 01h04min

PARTAGER :                          

Il a suffit que deux despotes s’écroulent en deux mois pour qu’il y ait une espèce de fièvre révolutionnaire dans beaucoup de pays. Et depuis lors, toutes les populations rêvent d’un grand soir qui fera partir tous les satrapes de la planète. Et les dirigeants en tremblent d’effroi, tant ils redoutent le scénario tunisien ou égyptien.

Difficile en effet pour eux de ne pas penser à cet incendie ravageur qui pourrait se propager à une vitesse supersonique. Certes, ce sont des espaces de liberté qui se créent et c’est tant mieux si les peuples ont leur mot à dire. Beaucoup se mettent même à rêvasser de pareils séismes en Afrique noire.

Comparaison n’est pas raison, mais force est de constater que les cultures ne sont pas les mêmes et certaines couches sociales n’ont pas vocation de martyre. Avouons qu’il est difficile de changer le cours des choses en buvant la bière, ergotant sur la politique nationale confortablement adossé à un siège, tout en jetant des regards furtifs sur la serveuse du coin.

Comme il n’y a pas de citadelle inexpugnable, peut-être qu’en Algérie, la rue aura le dernier mot. Cependant, reconnaissons tout au moins une chose : on peut tout dire de Bouteflika sauf qu’il s’agit d’un despote. C’est vrai qu’il n’y a pas de démocratie parfaite, mais, contrairement à ses ex-pairs qui ont lâché le pouvoir, l’ancien ministre de Ben Bella n’est pas cet autocrate sanguinaire, à l’opposé de ce qu’ont tendance à faire croire bien des adeptes des raccourcis.

La nature du régime ainsi que celle de son dirigeant ne sont pas les mêmes que ceux chez qui les effluves de jasmin, une des fleurs reines de la parfumerie dans le monde, ont déjà fait des ravages. Deux raisons militent pour cela : d’un, le président algérien n’exerce pas la réalité du pouvoir.

Ce sont les généraux qui gèrent le pays. D’ailleurs, conscient de cette influence, il a tenté en vain de l’enrayer. Et on le déboulonnerait aujourd’hui que, fort probablement, rien ne changerait ; de deux, côté influence politique, pendant que Ben Ali avait sa Léila et Moubarak sa Suza et son Gamal, l’actuel président algérien n’a ni femme ni enfant.

Difficile donc de lui prêter de grandes ambitions dynastiques. Et pour ne rien gâcher, la santé économique de son pays plaide pour lui, même si, quelque part, sa politique de l’emploi n’a pas beaucoup suivi. Il n’est pas donné à n’importe quel dirigeant de payer la totalité de la dette extérieure de son pays, or l’actuel président algérien l’a fait. Des circonstances atténuantes, celui qui a été ministre sous Ahmed Ben Bella (à 25 ans, s’il vous plaît) en a. Si despote il est, il reste bien sympathique ; mais, comme la volonté du peuple est sans appel, peut-être qu’il partira. Cependant, attention au mimétisme intégral !

A vouloir adapter la sauce à tous les plats, arrive un moment où le repas est indigeste. En d’autres termes, il ne faudrait pas que chacun prétexte les chamboulements présents pour vouloir faire du « copier-coller » coûte que coûte. L’écriteau « Dégage ! » n’est pas partout salvateur.

Prendre les velléités de changement comme un effet de mode pourrait être préjudiciable à bien des égards ; une situation qui pourrait combler d’aise les adeptes de Bakounine, ce chantre de l’anarchie.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 20 février 2011 à 01:23, par Frank En réponse à : Manifestations au Maghreb : Attention au copier-coller !

    Vivement que ce type de copier coller nous arrive en afrique. Personne n’est né président de la république. On ne doit donc pas se cramponner au pouvoir. Bravo les maghrebiens.

  • Le 20 février 2011 à 01:24, par Frank En réponse à : Manifestations au Maghreb : Attention au copier-coller !

    Vivement que ce type de copier coller nous arrive en afrique noire. Personne n’est né président de la république. On ne doit donc pas se cramponner au pouvoir. Bravo les maghrebiens.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?