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VIE EN "CELIBATERIUMS" A OUAGADOUGOU : Ces factures qui divisent

Publié le mardi 8 février 2011 à 00h35min

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La vie dans les "célibateriums" est considérée par bien de personnes comme une vie difficile eu égard aux nombreux désagréments que l’on peut y rencontrer. Cependant, certains estiment que partager une cour avec plusieurs personnes, renforce la solidarité. Pour savoir ce qu’en pensent certains citoyens de Ouagadougou, nous nous sommes rendus dans certains "célibatériums" le dimanche 16 janvier 2011. Le constat qui se dégage est que les personnes rencontrées trouvent unanimement que la gestion des factures communes d’eau et d’électricité, entraîne des disputes, voire des divisions dans les "célibatériums".

Vivre dans un "célibatérium" est une contrainte pour certains, mais une chose normale et agréable pour d’autres. "Pour moi, vivre dans un célibatérium est un avantage car cela renforce la solidarité entre les gens. C’est vrai que la gestion des factures d’eau ou d’électricité peut entraîner des disputes mais j’estime que c’est plus avantageux de vivre dans un "célibatérium", déclare Patrice Zinsou. Pour lui, la vie dans un célibatérium participe d’une bonne éducation des enfants car ils bénéficient de la somme des valeurs qu’incarnent les différentes personnes qui habitent la cour.

Mais pour Guy Ouédraogo, infirmier au secteur 14 de Ouagadougou, l’éducation des enfants dans un "célibatérium" est une chose difficile en raison de la diversité des cultures auxquelles ils sont confrontés. "Ce n’est pas facile de vivre dans un "célibatérium" parce que chaque habitant de la cour a sa manière de vivre. Certains veulent le calme pendant que d’autres préfèrent le bruit. Mais tout dépend de l’éducation des différentes personnes qui vivent dans la même cour, fait-il remarquer.

Les difficultés

Selon l’infirmier Guy Ouédraogo, les principales difficultés que l’on rencontre dans les "célibatériums" sont liées à la gestion des factures d’eau, d’électricité et la gestion de l’assainissement. Il a invité les bailleurs à offrir plus de confort aux locataires de leurs maisons car l’aspect de certaines cours laisse parfois à désirer. "Chez nous, tout se passe bien. Nous ne sommes pas nombreux dans la cour. Donc, nous nous comprenons", soutient Mme Martine Ouédraogo. Pour elle, l’éducation des enfants dans un "célibatérium" n’est pas une chose aisée car ils sont fortement influencés par la culture des différentes personnes qui y vivent.

Mme Ouédraogo est aussi consciente que la gestion des factures d’eau constitue parfois source de discorde. Pour sa part, son voisin Tasseré Nikièma trouve que la vie dans les "célibatériums" est difficile parce qu’on y rencontre beaucoup de désagréments. "Le souhait de tout un chacun, c’est d’avoir sa propre maison".

Le comportement de certains bailleurs

"C’est par contrainte que nous vivons dans un "célibatéreium", a-t-il signifié. Il a confié qu’en plus des désagréments que l’on peut avoir avec les voisins, certains bailleurs rendent la vie difficile aux locataires de leurs cours par leurs comportements notamment quand le mois tire vers sa fin. De son côté, Mme Abata Barry trouve également que c’est difficile de vivre dans un "célibatérium" parce qu’on y rencontre de nombreux problèmes. "On partage la cour avec des gens de diverses ethnies et de caractères différents. Cela fait que l’éducation des enfants est difficile mais on fait avec. Outre cet aspect, la gestion des factures d’eau et d’électricité, crée des difficultés", a mentionné Mme Barry.

Mais elle fait savoir que l’entente règne dans la cour où elle habite. Du reste, tout n’est pas qu’inconvénients, il y a aussi des avantages. Le fait de partager certaines charges et valeurs et de se soutenir dans des situations difficiles, constitue tant d’avantages pour Mme Barry. C’est aussi l’avis de son voisin, Jean Paul Koumikorgo, agent au ministère de l’Economie et des Finances. Pour ce dernier, les problèmes que l’on rencontre dans les célibatériums résident au niveau du partage des montants des factures d’eau et d’électricité. A propos de l’éducation des enfants, M. Koumikorgo estime que cela dépend de la façon dont chacun traite ceux-ci. "Si chacun considère les enfants comme les siens et les corrige lorsqu’ils commettent des bêtises sans que leurs parents ne trouvent à redire, il n’y aura pas de problème pour leur éducation.

Mais si les parents ne se comportent pas comme tel, le climat sera défavorable et leur éducation médiocre", a-t-il confié. Si beaucoup s’accordent à dire qu’il est difficile de vivre dans une cour commune, Mariam Sawadogo au secteur 29 de Ouagadougou, ne dira pas le contraire. Selon elle, quand on a beaucoup d’enfants comme c’est le cas chez elle, la vie dans un "célibatérium" devient plus difficile. "Avec les salaires non consistants des fonctionnaires, il est très difficile de pouvoir honorer toutes les charges. Et comme les factures d’eau ou d’électricité sont communes, leur gestion entraîne souvent des disputes lorsqu’un locataire n’arrive pas à payer sa part", a révélé Mme Sawadogo. Son souhait est d’avoir une cour unique où elle pourra vivre loin des regards d’autrui avec ses enfants. "C’est difficile de vivre dans un "célibatérium". Il y a des choses qu’on voit mais on ne peut pas les dénoncer au risque d’avoir des problèmes avec un voisin", s’exprime Mme Marietou Déné, habitante du secteur 29 de Ouagadougou.

L’insalubrité, source de mésententes

Selon elle, chaque habitant de la cour doit contribuer à assainir le cadre de vie car l’insalubrité est source de conflits. En tout cas, à notre passage chez Mme Déné, la cour était visiblement propre. Si certains estiment que vivre dans un "célibatérium" est une contrainte, l’étudiant Prince Nonkar juge cela normal et agréable. " Je ne trouve pas d’inconvénient à vivre dans un "célibatérium" parce que chacun mène sa vie comme il peut", a-t-il soutenu. Vivre en harmonie, c’est ce que chacun recherche. Toutefois, il faut souligner que bien de personnes rencontrent des difficultés dans les "célibatériums". Paulin Mbaïlassem, étudiant en marketing en est une.

"On devrait pouvoir vivre tranquillement dans un "célibatérium" mais malheureusement, je suis souvent dérangé. La cour est inondée d’enfants, cela fait que je suis obligé souvent d’aller bosser à l’école", explique t-il. Tchadien de nationalité, Paulin Mbaïlassem est également confronté aux problèmes des factures d’électricité et d’eau qu’il partage avec ses voisins. Mais heureusement, fait-il savoir, les voisins et voisines sont beaucoup compréhensifs, ce qui rend les choses moins difficiles. D’un "célibatérium" à un autre, la vie diffère mais tous les locataires reconnaissent la gestion difficile des factures d’eau et d’électricité communes. Selon Mme Kadisso Sanogo, vivre dans un "célibatérium" comporte des avantages et des inconvénients.

Etant donné que l’on vit avec des gens venus de divers horizons, les incompréhensions sont légions surtout en ce qui concerne la gestion des factures d’eau, a-t-elle indiqué. Un autre facteur qui entraîne des mésententes, a-t-elle ajouté, est l’assainissement du cadre de vie notamment des toilettes et des latrines. Mais à côté de ces éléments, on note comme avantage, la solidarité dont chacun fait montre lorsque des événements heureux ou malheureux surviennent, a laissé entendre Mme Sanogo. Pour elle, l’éducation des enfants est assez complexe dans un "célibatérium" car ils sont constamment en contact avec d’autres enfants.

"Quand on vit dans une cour unique, on peut empêcher ses enfants de sortir en fermant le portail, mais lorsque c’est dans un "célibatérium", on ne peut pas le faire parce qu’il y a d’autres personnes dans la cour. De même, on ne peut pas empêcher ses enfants de jouer avec d’autres enfants de la cour", a expliqué Mme Sanogo. La vie dans les "célibatériums" serait plus agréable si tous les bailleurs faisaient l’effort d’entretenir leurs maisons.

Des "célibatériums" vétustes

C’est ce que pense l’étudiant sénégalais Placide Mbaïbédé. Sans détour, il affirme que certains célibatériums sont très vétustes, ce qui n’est pas du tout hygiénique. Certains bailleurs louent également leurs maisons, a-t-il souligné, sans un contrat de bail. Toute chose qui limite le nombre de revendications des locataires. L’étudiant sénégalais a aussi déploré les nombreuses cohabitations que l’on rencontre dans les célibatériums. " C’est difficile que des gens qui n’ont pas reçu la même éducation cohabitent sans qu’il y ait des difficultés", a-t-il confié. A écouter les uns et les autres, on peut affirmer que vivre dans un "célibatérium", requiert un effort de compréhension doublé d’un esprit de tolérance.

Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 8 février 2011 à 18:51 En réponse à : VIE EN "CELIBATERIUMS" A OUAGADOUGOU : Ces factures qui divisent

    dommage que ce soit seulement les inconvenients qui sont mis en avant. Le but en fait de discrediter ce genre de logement qui possede neanmoins de bonss aspects. On vise a enfermer chacun dans son chez egoiste au mepris d’une certaine culture africaine. D’ailleurs on revient sur les differences culturelles, qui jusque la constituaient une richesse
    au lieu de devenir quelque chose de mauvais comme on le dit dans l’article. Bien dommage ! c’est ainsi que l’on perd sa propre culture
    SOME

  • Le 9 février 2011 à 21:12 En réponse à : VIE EN "CELIBATERIUMS" A OUAGADOUGOU : Ces factures qui divisent

    souvent les maisons sont vetuste car même si le bailleur y met les moyens les gens ne respectent rien, et en plus les Burkinabé ont une sale habitude en disant c’est" pas chez mon père"

  • Le 11 février 2011 à 18:52, par Bailleur En réponse à : VIE EN "CELIBATERIUMS" A OUAGADOUGOU : Ces factures qui divisent

    moi je suis un propriétaire d’1 Célibatérium. Les Célibatériums sont construits par des gens modestes ( pas de riche) pour des gens modestes ( dans le mm sens). C’est vrai que les habitants des célibatériums rencontrent bcp de problèmes pour les factures d’électricité et surtout d’eau. Pour l’électricité moi j’ai mis des compteurs cash power pour chaque locataire et là le seul problème qu’on a souvent c’est les redevances que peuvent laisser un locataire après son départ.pour l’eau j’ai demandé à l’ONEA de mettre 3 compteurs d’eau pour chaque 2 maisons et ça limite les dégats. En fait les bailleurs doivent faire un effort pour améliorer le cadre de vie mais sans compter sur la mauvaise foi de certains locataires qui dégradent énormement les batiments et qui laissent en partie d’importantes factures d’eau.

  • Le 11 février 2011 à 18:54, par Bailleur En réponse à : VIE EN "CELIBATERIUMS" A OUAGADOUGOU : Ces factures qui divisent

    moi je suis un propriétaire d’1 Célibatérium. Les Célibatériums sont construits par des gens modestes ( pas de riche) pour des gens modestes ( dans le mm sens). C’est vrai que les habitants des célibatériums rencontrent bcp de problèmes pour les factures d’électricité et surtout d’eau. Pour l’électricité moi j’ai mis des compteurs cash power pour chaque locataire et là le seul problème qu’on a souvent c’est les redevances que peuvent laisser un locataire après son départ.pour l’eau j’ai demandé à l’ONEA de mettre 3 compteurs d’eau pour chaque 2 maisons et ça limite les dégats. En fait les bailleurs doivent faire un effort pour améliorer le cadre de vie mais sans compter sur la mauvaise foi de certains locataires qui dégradent énormement les batiments et qui laissent en partie d’importantes factures d’eau.

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