LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Compétition internationale de Business plan en entreprenariat social (GSVC) : L’institut 2iE amène l’Afrique pour la première fois en phases finales

Publié le lundi 7 février 2011 à 00h40min

PARTAGER :                          

Abdelnasser Kinefour, Atteib Mahamat et Katie Friedman, tous trois ingénieurs et étudiants à l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE), viennent de réaliser un exploit. Ils se sont qualifiés pour les phases finales de la Global Social Venture Compétition (GSVC), une compétition internationale de business plan qui regroupe les plus grandes écoles du monde. Ils ont su séduire le jury de cette grande compétition avec leur projet dénommé « Beti Halali » et représenteront la zone Europe Afrique et Moyen-Orient à l’’avant-dernière étape de cette compétition prévue le 04 mars prochain à Londres.

Le trio gagnant du 2iE qui est à deux pas de la grande finale mondiale de la GSVC prévue à Berkeley aux Etats-Unis, vient de démontrer que l’institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement est une école de classe internationale qui n’a rien à envier aux grandes écoles européennes.

Jeudi 03 février 2011. Il est 20h30 à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Abdelnasser Kinefour, Atteib Mahamat et Katie Friedman, les trois ambassadeurs du 2iE et de l’Afrique à la Global Social Venture Compétition (GSVC), viennent de fouler le sol de l’aéroport international de Ouagadougou. Ils sont accueillis en triomphe par un nombre important de leurs condisciples. Ils viennent de réaliser une prouesse : en décembre 2010, ils ont pris part à la Global Social Venture Compétition, une compétition internationale de business plan qui vise à valoriser les étudiants du monde entier qui ont fait le choix de mettre leurs compétences au service de projets d’entreprenariat social. Et leur effort n’aura pas été vain.

Ils sont les seuls représentants du continent africain qui prendront part aux phases finales de la GSVC. Avec leur projet social dénommé « Beti Halali » (« ma propre maison », en arabe tchadien), ils ont réussi à survoler la compétition face à des concurrents issus des plus grandes écoles du monde. Jamais, des étudiants issus d’un établissement d’enseignement supérieur du continent africain n’avaient franchi cette étape. Le projet « Beti Halali » proposé par le trio issu du 2iE a été présélectionné sur un total de 110 projets présentés à la GSVC. Le 2 février dernier, à la finale francophone de la GSVC tenue sur le Campus de l’ESSEC (l’Institut des Sciences Economiques et Commerciales) à Paris, l’équipe du 2iE a franchi une autre étape, en se hissant dans le lot des 6 porteurs de projets qui représenteront la zone Europe Afrique Moyen-Orient à l’avant dernière étape prévue au London Business School en Angleterre.

Elle a su convaincre le jury composé d’investisseurs et d’entrepreneurs sociaux de la pertinence et de la qualité de son projet et s’est ainsi imposée face à des étudiants issus de grandes écoles telles que l’Ecole centrale Paris, l’Université de Louvain, de HEC (Hautes études commerciales) ou encore de l’ESSEC. Quelques heures plus tard, les trois représentants du 2iE recevront leur attestation des mains de Roselyne Bachelot, Ministre française des Solidarités et de la Cohésion sociale.

Au 2iE, cette nouvelle est reçue avec beaucoup d’émotion… mais elle n’a surpris personne. Pour M. Paul Giniès, Directeur général du 2iE, cette performance vient une fois de plus confirmer la qualité de la formation de son institut. « C’est une grande fierté pour nous. Cette équipe est à l’image du 2iE avec sa diversité culturelle : deux Tchadiens et une Américaine… Cela montre que l’Afrique doit être considérée… et nous conforte dans notre philosophie. Entre vendre la misère de l’Afrique et vendre l’élite africaine, nous avons fait le bon choix. Nous avons choisi de vendre l’élite africaine et de promouvoir l’excellence. Pour nous au 2iE, ces jeunes ont déjà gagné la compétition. Ils ont réalisé une première en Afrique et dans le monde. Nous restons à leur service pour les amener le plus loin possible » nous confiera M. Giniès.

« Beti Halali », un projet alliant valeurs africaines et technologies modernes

Le projet entrepreneurial « Beti Halali » qui a fait le succès le trio gagnant du 2iE, est né d’un constat fait par Abdelnasser Kinefour et Atteib Mahamat sur l’accès au logement à N’Djamena, capitale du Tchad : au Tchad comme dans la plupart des pays de l’Afrique au sud du Sahara, il y a un véritable problème de logement. La plus grande partie de la population est pauvre dans ces pays ; les matériaux de construction importés pour la plupart sont chers et ne sont donc pas à la portée de la majorité. A cela s’ajoute l’inaccessibilité du crédit immobilier. Conséquence : les populations construisent des maisons en banco. Elles s’exposent ainsi aux aléas climatiques et aux déguerpissements liés l’agrandissement des villes.

Certains choisissent de vivre à location, mais cela leur revient très cher. Et ceux qui n’arrivent pas à honorer les frais du loyer, se voient expulsées.

Pour résorber ce problème de logement, Abdelnasser Kinefour et Atteib Mahamat proposent l’utilisation d’un matériau de construction nouveau fait à base d’éléments composites et offrant une bonne qualité environnementale et écologique. Ce nouveau matériau a pour avantage de réduire le coût de construction des logements de 50%, par rapport à la construction avec les matériaux traditionnels tel que le ciment. Mais le problème de logement du tchadien moyen n’est pas pour autant résolu. Il faut également lui faciliter la tache à travers un système qui lui permettra de sortir de la logique de l’assistanat. La solution est trouvée : la tontine qui est un système d’entraide qui marche bien en Afrique.

Pourquoi ne pas adapter ce système de solidarité au domaine de l’habitat ? Atteib Mahamat et son compagnon décident d’inclure ce système d’entraide économique africaine dans leur projet. C’est ainsi que naquit le projet « Beti Halali », ce projet social qui allie désormais valeurs culturelles africaines et technologies modernes. Pour mieux le conduire, les deux étudiants du 2iE décident de s’adjoindre une troisième personne. Le choix se porte sur Katie Friedman qui est ingénieur en matériaux, passionnée de l’entreprenariat social et également étudiante au 2iE. Katie a l’avantage d’avoir une riche expérience dans le domaine des projets en Afrique : elle a contribué à l’élaboration du projet « filtre en céramique » au Nigéria. Elle décide de rejoindre l’équipe. C’est ainsi que s’est formé le trio gagnant du 2iE et de l’Afrique toute entière.

La rencontre avec Katie Friedman donne une autre envergure au projet « Beti Halali » conçu au départ, « juste pour le concours entrepreneurial du 2iE. Les trois membres du groupe, partageant les mêmes principes, les mêmes convictions, décident de prendre part à la Global Social Venture Compétition (GSVC). Le résultat est là. La compétition n’est pas encore achevée, mais l’exploit a été réalisé.

Le 2iE, un encadrement de qualité

En allant à Paris pour la finale francophone le 2 février dernier, le trio gagnant du 2iE était convaincu de la pertinence de son projet. L’encadrement au niveau de l’école l’avait mis en pleine confiance. « A l’école ici, nous avons reçu les rudiments qui nous ont permis de nous rendre compte qu’on n’est pas si différent des étudiants des grandes écoles européennes, pour peu qu’on se mette au travail », se réjouit Abdelnasser Kinefour. Avec les matières telles que la comptabilité, le management et la création d’entreprise, « le 2iE nous a permis de mettre en valeur nos compétences qui étaient cachées », ajoutera Atteib Mahamat.

« Au-delà des enseignements techniques, le 2iE a ajouté du sel à notre formation », ont-ils remarqué. Ils se souviennent encore de cette phrase du DG du 2iE : « vous n’êtes pas seulement sensés faire des calculs, mais aussi réfléchir et apporter des solutions aux problèmes. Vous êtes une solution pour l’Afrique. Voyez tous les problèmes comme des opportunités et non des problèmes ».
La « dream team » du 2iE doit son succès également à l’équipe de management et d’entreprenariat du 2iE qui l’a accompagnée durant l’aventure ; Cette équipe composée de mademoiselle Elodie HANFF et Monsieur Frédéric Traoré, n’a jamais tari de conseils pour ces jeunes.
Les trois candidats savent déjà que la prochaine étape sera plus rude, mais ils restent optimistes pour la suite.

Leur succès à cette compétition vient de confirmer le fait que le 2iE offre une formation qui n’a rien à envier à celle offerte par les grandes écoles européennes. Aussi, une consigne a été donnée pour le reste de l’aventure : « il faut se remettre au travail tout de suite. L’heure n’est pas encore à la fête. C’est maintenant l’image du continent qu’il faut défendre avec pour seules armes, nos têtes, la conviction et le courage. On a déjà gagné, mais on va aller jusqu’au bout », assureront les trois ambassadeurs du 2iE.

A l’avant dernière étape de la compétition prévue à Londres le 4 mars prochain, le projet sera présenté en Anglais, une langue que le trio parle à merveille. Pour cette phase, Katie Friedman sera d’un très grand apport pour l’équipe. Elle se chargera de la traduction du projet dans la langue de Shakespeare.

Voici une fois de plus un exemple qui vient démontrer qu’il n’est plus nécessaire de quitter l’Afrique pour bénéficier de bonnes formations. Au 2iE, les étudiants bénéficient d’une ingénierie pédagogique conforme aux standards internationaux. Vivement que la « dream team » sur le boulevard de Berkeley nous ramènent le trophée ! Mais, il faut d’abord franchir l’étape de Londres. Pour y arriver, ils ont besoin du soutien de tous.

Moussa Diallo

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique