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Culture et développement : Les grands défis de Filippe Savadogo ?

Publié le vendredi 4 février 2011 à 03h20min

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Filippe Savadogo

“Les vingt dernières années ont vu le commerce des produits culturels connaître une croissance régulière dans le monde. Selon les données statistiques de l’UNESCO et du PNUD, ce secteur contribue au produit national brut (PNB) de certains pays à des taux variant entre 1% à 6% et crée des emplois à une hauteur parfois équivalente à celle de l’agriculture. Au Burkina Faso, la richesse culturelle constitue l’un des atouts favorables au maintien de la paix et contribue au développement économique et social.

L’impact économique des différentes manifestations culturelles reste indélébile et constitue une source d’emplois dans le pays. Malheureusement jusqu’à nos jours, la musique et la danse dites traditionnelles sont restées informelles et souffrent d’un manque d’appui et de modernisation. Pourtant le développement de l’art musical et la danse traditionnels burkinabè en art moderne renforce l’éclosion d’établissements touristiques, et permettra de créer encore plus d’emplois et de revenus.

Ce développement permettra aussi au ministère de la Culture d’avoir des normes, des modules de formations et des procédures écrites pour toute production nationale allant des pas de danse, des fabrications d’instruments, des productions de clips vidéos et autres produits culturels du domaine. Alors, le ministère de la Culture fait face ce défi de modernisation de la musique et la danse burkinabè dites traditionnelles.

La création d’une institution performante de formation en maniement des instruments de musiques dites traditionnelles constituera une véritable ouverture vers une vraie Académie de la musique et de la danse au Burkina Faso. Cette institution conduira aussi le pays vers la ligne de départ pour le véritable développement pour un « pays émergent ». En effet, cette partie dite traditionnelle de notre musique et de notre danse constitue le véritable véhicule de l’identité, des valeurs sacrées de dignité « burkiindi », d’honneur et de fierté nationale.

Par exemple, les danses du liwaga, du warba, le maniement du Loongho, du Bendré, du Gangaogo, de la flûte, du balafon, …doivent être écrites conformément aux instructions des spécialistes qui jusqu’à nos jours sont de plus en plus rares dans les villages. Après cinquante ans d’indépendance, le patrimoine culturel développé par le Larlé Naaba Ambga est en voie de disparition avec des archives mal conservées à la Radio nationale et l’absence d’un cadre législatif, réglementaire et un budget national assez soutenu pour la promotion des artistes traditionnels.

La formulation de modules de formation dans ce domaine qui pourront permettre de mettre à la disposition du marché national et international des diplômés allant du certificat au Doctorat en passant par les brevets doit être inscrit dans les grands défis du ministère de la Culture. Ceux-ci permettront au Burkina Faso d’offrir au marché mondial des artistes compétitifs au niveau international avec des produits spécifiques, purs, mûrs et proprement des villages burkinabè.

Malgré l’existence de la Semaine nationale de la culture dont l’un des objectifs est la promotion de l’art musical et la danse, le pays reste au dernier rang du développement musical et de la danse traditionnels dans le monde. Le besoin d’une institution capable de conduire à la production, au développement et à la commercialisation au niveau national et international des produits des futures Doctorants en warba, en Wirré, à la flûte, au kundé, au Tianhoun, au Gueguairai, au tamandeni ou au Ndoundouba se fait sentir de nos jours.

Face à ces grands défis, que peut faire le ministère de la Culture qui semble ignorer l’importance de Bazar musique sans lequel les quelques artistes n’ont plus de cassettes pour la consommation locale ? De nos jours, il est presque impossible de payer une cassette de musique burkinabè dite traditionnelle. Il n’existe pas de CD de danse de Liwaga, de Wiree, etc., sur le marché. Pourtant, le Burkina Faso dispose d’un ministère de la Culture qui aurait pu contribuer à la production, à la protection et au développement de cette partie sacrée de notre processus de développement.

Monsieur le ministre de la Culture, Bazar musique, la seule institution de promotion de la musique traditionnelle est fermée suite aux inondations du 1er septembre 2009 à Ouagadougou. Pourtant la musique burkinabè dite traditionnelle est parmi lesquelles le pays peut exporter avec fierté sans concurrence sur le marché international. C’est également cette musique et danse qui fera aussi la différence et encouragera le choix du Burkina Faso comme site touristique. Un tel défi ne pourra être relevé par une seule génération, certes, mais il faudra pourtant qu’une au moins entame le processus de son développement.

Certaines réalisations comme la création du Centre national des arts, du spectacle et de l’audiovisuel (CENASA), de Reem-doogo et l’existence de quelques artistes fabriqués par la demande exotique ne saurait être un justificatif de ce silence du gouvernement. L’effort de notre grand-père, le Larlé Naaba Ambga, doit être poursuivi. Si Monsieur le ministre s’impliquait davantage, peut-être que son nom restera à jamais dans l’histoire du développement culturel du Burkina Faso.

La musique et la danse traditionnelles burkinabè ont besoin d’une structure à l’image du Village artisanal de Ouagadougou qui fait la promotion de l’artisanat burkinabè. Malheureusement le ministère de la Culture ne semble pas encore prendre au sérieux ce gigantesque problème. Pourtant le Burkina Faso perd chaque jour dans un village, un expert comme le Larlé Naaba Ambga dont la contribution aurait permis la renommée de ce patrimoine si sacré et économique pour son épanouissement durable.

Cette disparition continue des personnes âgées pourtant sources du savoir dans les villages, constitue une perte sèche qui pourtant se répercute sur le PNB et par conséquent le progrès économique et social de tous. Monsieur le ministre, grâce à vous tous, les membres du gouvernement, le Président du Faso, les députés, les opérateurs économiques et autres passionnés de la culture pourront agir efficacement pour relever ce défi.

En tout cas la formation au maniement des objets d’art musicaux, à l’utilisation des instruments traditionnels, la professionnalisation de la musique et la danse dites traditionnelles, la commercialisation des produits de ce secteur, la connaissance des grandes évolutions de l’histoire de ces arts et la projection de construction d’un Opéra de Ouagadougou ne sauraient être envisagés comme de simples annexes du développement économique et social du Burkina Faso. Soutenir Bazar musique ne constitue que des préliminaires.

Pour la section culturelle : Dr Christian Saouadogo

Coordonnateur de l’Organisation pour la Promotion de la Santé - Education et Développement (Email : christdonaldh@yahoo.co.uk)

L’Observateur Paalga

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