LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Lutte contre la pauvreté : La solution est d’abord et avant tout africaine

Publié le mercredi 22 septembre 2004 à 07h19min

PARTAGER :                          

En marge de la 59ème session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies, un sommet est consacré à la lutte contre la pauvreté dans le monde. Initié par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, il envisage de mettre en place un fonds destiné à financer des actions concrètes contre la faim et la pauvreté.

Après donc le sommet de Ouagadougou, tenu en début septembre, voilà que les débats sur les moyens de sortir le continent africain de ses langes misérabilistes, se transportent à New York. Des déclarations de bonnes intentions, une fois de plus, ne manqueront sans doute pas de sanctionner les travaux. Le président français, Jacques Chirac, grand défenseur de la cause africaine comme à son habitude, a témoigné de sa solidarité en faveur des pays du Sud.

La France, le Brésil, l’Espagne et le Chili s’efforcent de faire progresser l’idée de nouvelles ressources et ont proposé d’étudier une série de pistes comme le recours à des prélèvements volontaires individuels à l’échelle mondiale, la mise en place de taxes internationales sur les transactions financières, les opérations de change, le commerce d’armes ou les émissions de C02 (gaz carbonique), ainsi que le recours à de nouveaux types d’emprunts ou aux droits de tirages spéciaux du FMI visant à financer des actions de lutte contre la pauvreté.

La convocation d’un tel sommet est louable en soi. Peut-être permettra-t-il de réveiller la conscience africaine et de sensibiliser les générations montantes à ne pas inscrire la misère dans le marbre de la fatalité.

Seulement, les pays développés à qui les dirigeants africains demandent de faire des efforts, de faire preuve de plus de générosité, ont eux aussi leurs problèmes conjoncturels et structurels. Alors que certains n’ont pas fini de faire face à la dure réalité de la" fracture sociale", d’autres sont préoccupés par la menace terroriste.

Dans un monde en pleine mutation, marqué par une "mondialisation qui tolère la prédation et l’accaparement de ses fruits par une minorité", dans un monde où les Etats, même dits puissants, n’ont pas encore trouvé de réponses adéquates aux grands maux comme le chômage des jeunes, l’insécurité, la pression fiscale, etc., l’Afrique saura-t-elle faire entendre sa voix ?

Ses supplications seront-elles écoutées alors que, depuis des décennies, l’Occident ne cesse de cracher dans le bassinet du continent, à travers l’aide au développement sans que cela apporte des progrès notables à la bonne marche de l’Afrique ? Aujourd’hui, la situation de misère ambiante est telle qu’il n’est même plus possible de ranger le continent dans le registre de pays en voie de développement. Qu’attendre finalement de l’Afrique ?

Pour sortir de l’ornière du sous-développement, il lui appartient de prendre des mesures internes. Pourquoi ne pas institutionnaliser des allocations chômage ? Les dépenses de prestige auxquelles se livrent parfois les dirigeants africains sont la preuve manifeste que l’Afrique regorge de richesses et que l’idée est réaliste et réalisable.

Si imposer des taxes au niveau mondial pour financer la lutte contre la pauvreté peut paraître une bonne chose, il reste évident que la bataille contre la pauvreté ne saurait être gagnée si les règles qui régissent le commerce mondial ne sont pas repensées et appliquées dans toute leur rigueur. Certes, on avance parfois que les dirigeants des pays riches sont prisonniers des multinationales. Que celles-ci les font et les défont.

Mais nul doute que si un cadre juridique minimum pour le commerce international était tracé de façon consensuelle et respecté par tous, cela constituerait une grande avancée dans la bataille contre la pauvreté. Le cultivateur du Sud qui voyait ses produits délaissés à cause des subventions accordées à ses homologues de l’Occident, retrouverait le sourire. Dans le même ordre d’idée, la bataille ne peut être gagnée tant que le problème de la détérioration des termes de l’échange persiste.
L’unipolarisation du monde a rendu plus ardu le combat contre la pauvreté. Ce sont les Etats-Unis qui dictent leur loi, qui décident de ce qui est bon pour l’ensemble de la planète.

Comment mettre fin aux subventions agricoles et permettre aux producteurs du Sud de tirer des marges substantielles de leur commerce à l’échelle internationale quand les Etats-Unis y opposent une fin de non recevoir, en violation même des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), parce qu’ils sont les plus puissants du moment ? De telles injustices sur la planète ne sauraient perdurer. Et c’est pourquoi l’Afrique doit parler d’une seule et même voix. La bataille sera sans doute longue et le chemin escarpé.

Mais, comme le croit Alpha Omar Konaré, président de la Commission de l’Union africaine, le rêve est permis. Pour cela, les Africains doivent se résoudre à poser d’une seule voix, les problèmes du continent face à ceux qui gèrent sans égard pour personne, la planète. Il faut que les dirigeants du continent noir apprennent à crever ensemble les grands abcès qui sont les effets pervers du système mondial imposé par les puissants du Nord. Cela est indispensable même si, parfois, ils doivent s’attendre à en assumer les conséquences en termes de représailles.

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique