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Présidentielle nigérienne : Grosses tendances et petits calculs

Publié le vendredi 4 février 2011 à 03h22min

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On redoutait que ce soit l’occasion d’une grosse pagaille. Mais finalement, le premier tour de la présidentielle au Niger a été l’un des plus policés que le pays ait connu jusque-là. De ce point de vue, c’est un pari qui est sur le point d’être gagné par les acteurs politiques et le peuple. Certes, au moment où nous bouclions hier, les résultats de toutes les régions n’étaient pas tombés, mais les tendances se dessinaient nettement. Sauf tremblement de terre, semblent déjà assurés d’aller au second tour, Mahamadou Issoufou du PNDS Tarayya, qui occupe la première place, et Seïni Oumarou du MNSD Nassara.

Le premier, né en 1952, a été Premier ministre de 1993 à 1994, président de l’Assemblée nationale de 1995 à 1996 et député de 1999 à 2009. Il a été par quatre fois candidat aux élections présidentielles à partir de 1993. Mahamadou Issoufou est arrivé au deuxième tour en 1999 et en 2004, face à Mahamadou Tandja qui l’avait battu. Quant au second, Séïni Oumarou, il a occupé plusieurs postes ministériels et a même été l’avant-dernier Premier ministre de Mamadou Tandja. En 2009, il a présenté sa démission afin d’être candidat d’abord aux législatives. Hama Amadou, le 3e dans cette grande compétition électorale, sera certainement le faiseur de roi.

Certes, les noms des finalistes sont connus, mais difficile de déjà tracer le portrait-robot de celui qui sera le 9e président du pays d’Hamani Diori. Ce qui est par contre sûr, c’est que le 2nd tour promet de belles empoignades. Qui de Mahamadou Issoufou ou de Seïni Oumarou remportera la présidentielle ? Issoufou, cet ancien directeur de cabinet du président Kountché, ou Seïni, ce fidèle de Tandja [Ndlr : pour certains analystes, ce lien constitue son handicap ?

Déjà dans les états-majors, les tractations ont commencé et chacun y va de son pronostic. C’est déjà l’heure des grosses tendances et celle des petits calculs. Mais quelle que soit l’issue du scrutin, l’idéal serait que tout se passe très bien et sans contestations majeures. Car s’il y a un Etat qui a connu bien des turbulences politiques et qui veut aujourd’hui s’en passer, c’est bien le Niger. Ceux qui se rappellent les épopées de Seyni Kountché, de Mallam Wanké et de Mamadou Tandja ne diront pas le contraire.

Touchons du bois pour que, cette fois-ci et pour toujours, le pays emprunte les rails de la démocratie. Si tout marchait comme sur des roulettes, c’est à l’honneur du général Salou Djibo, ce tombeur de l’inventeur du concept pour s’éterniser au pouvoir dénommé Tazartché et signifiant continuer sans s’arrêter en langue haoussa. Ironie du sort, cette marche forcée n’a duré que 56 jours. Il a conduit ce processus de bout en bout et a, jusque-là en tout cas, respecté sa promesse d’officier qui était celle-là : faire du Niger un modèle de démocratie et de bonne gouvernance.

Le président sortant, l’homme du 18 février 2010, semblait si préoccupé de la réussite de ce premier tour que c’est de justesse s’il n’a pas porté les urnes sous les aisselles pour que tout se passât sans accrocs. « Je ne veux pas verser dans le triomphalisme mais je peux dire que je suis déjà satisfait du résultat déjà atteint », se réjouissait-il hier soir, au micro de Radio France Internationale (RFI). Vivement que la prochaine actualité lui donne raison et qu’il puisse rejoindre le très petit mais très admiré cercle des hommes d’Etat africains qui ont abandonné le pouvoir avant que le pouvoir ne les abandonne.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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