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AMENAGEMENT DES VOIES DE SORTIE DE OUAGADOUGOU : Les riverains demandent la célerité des travaux

Publié le jeudi 3 février 2011 à 02h24min

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L’Etat burkinabè s’est résolument engagé à fluidifier les principales voies de sortie, en vue d’éviter les encombrements et les accidents qui y sont légion. A l’instar de l’aménagement de la RN1 route de Bobo - Dioulasso, celle de la RN4, route de Fada, connaît en ce moment des travaux d’aménagement. Les travaux qui débutent depuis l’échangeur de l’Est s’achèvent au poste de police de Saaba. De tels grands travaux d’intérêt public ont causé de nombreux désagréments aux usagers et surtout aux riverains qui avaient installé des commerces en bordure de la voie. Ces derniers ont libéré les lieux et ont été réinstallés à d’autres endroits par les services techniques de la mairie de Bogodogo et de Nongrmassom. Constat fait ce mardi 18 janvier 2011.

A notre arrivée aux environs de 8 heures 30 minutes le 18 janvier 2011, nous avons été accueilis par une poussière insoutenable dans un concert de vrombissements de bulldozers et de remorques de l’entreprise OK. Ce constat est la preuve que les travaux ont bel et bien commencé et que dans quelques mois, le calvaire des riverains et des usagers de la voie ne sera qu’ un vieux souvenir. De ce calvaire, les riverains n’ont pas manqué de commentaires, eux qui souhaitent la fin des travaux le plus tôt possible pour reprendre leur petit commerce.

L’aménagement de la voie était nécessaire

"On ne peut pas faire des omelettes sans casser des oeufs". Ce dicton populaire est revenu dans la bouche de tous nos interlocuteurs. Preuve qu’ils approuvent la nécessité d’agrandir la voie mais souhaitent des mesures d’accompagnement. Pour Julien Yaméogo, artiste-décorateur, il n’y a pas de doute que l’aménagement de la voie est une très bonne chose. Cependant, il déplore la poussière et les retombées négatives sur le commerce "Nos marchandises sont exposées à la poussière maintenant, ce qui décourage les clients. L’autre handicap est la durée des travaux qui joue en notre défaveur" a-t-il lancé. Son voisin, juste à côté, Ablassé Diapama, vendeur d’huile à moteur, fait la même remarque. Il dit être d’accord avec les travaux en cours, tout en demandant à l’entreprise d’arroser très souvent la voie pour leur éviter la poussière. Un peu plus loin, un frigoriste plaide aussi pour l’arrosage car selon lui, cela évitera certaines maladies pulmonaires.

Un impact négatif sur le chiffre d’affaires

Le grand constat amer est l’impact sur le commerce que pratiquaient les riverains. "Avant, je pouvais vendre 60 à 100 litres d’huile par jour. Maintenant avec les travaux, je me retrouve avec 15 à 20 litres d’huile par jour". "Je pouvais avoir 5 000 à 10 000 F CFA par jour ; maintenant ce n’est plus possible". " Le chiffre d’affaires de ma buvette a beaucoup chuté". "Il n’ y a plus de marché ; avant je vendais jusqu’à 30 000, voire 35 000 F CFA de fruits ; maintenant, j’ai de la peine à avoir 5 000 F CFA par mois". Ce sont là les propos de quelques commerçants, notamment de Ablassé Diapama, Salfo Compaoré, peinturier, Désiré Namoano, propriétaire de buvette et de Fati Kaboré, vendeuse de fruits. Ils attribuent tous cet état de fait aux effets collatéraux de l’aménagement de la voie. Ils souhaitent que les travaux finissent vite car ils comptent sur leur petit commerce pour venir en aide à leur famille.

Cette situation critique du chiffre d’affaire n’ébranle pas Kady Ilboudo, une vendeuse de cadeaux, car dira - t-elle, ses cadeaux sont vendus par ses employés dans la ville. Julien Yaméogo, artiste-décorateur, dit ignorer là où sont partis ses camarades. Il précise toutefois que comme lui, beaucoup ont trouvé refuge jusque dans leurs habitations pour faire leur commerce. "Ceux qui sont partis loin nous inquiètent car nous ne savons pas comment ils se débrouillent", a t-il conclu.

Indulgence et compréhension sont demandées aux riverains

Cette voie en réfection separe deux arrondissements, à savoir Bogodogo et Nomgrmassom. Ce sont les services techniques de ces deux mairies qui se sont occupés du déguerpissement des riverains. Henri Sandaogo Kaboré, maire de Bogodogo, qui a conduit les travaux de déguerpissement de sa zone, a tenu à apporter quelques précisons. Pour lui, il n’y a pas d’amalgame car la mairie de Bogodogo a mis une commission en place qui a statué sur cette question et ce, en étroite collaboration avec les représentants des riverains. C’est ainsi qu’un recensement a été diligenté pour faire l’état des lieux. A ce titre, les résidents qui sont dans la partie non-lotie et qui ont été recensés ont vu leurs préoccupations prises en compte lors de l’attribution des parcelles, en conformité avec les critères d’attribution de la mairie. Cependant, pour ceux qui n’étaient pas attributaires de parcelles, Henri S. Kaboré dit qu’une solution est en train d’être trouvée pour leur permettre de se réinstaller. "Les difficultés n’ont pas manqué car au départ, les gens se demandaient où la mairie allait les mettre, mais vu l’urgence des travaux, l’intérêt public national en jeu, les uns et les autres ont fini par mettre de l’eau dans leur vin en libérant les lieux", a laissé entendre le maire.

Concernant les parcelles qui ont été attribuées aux riverains à ce jour, personne n’a encore construit. " Hier soir, moi - même j’étais sur les lieux et je vous assure qu’aucune brique n’a été élevée par un riverain déguerpi", a - t-il renchéri. A ceux qui se plaignent de n’avoir pas eu de parcelle, le maire affirme qu’il n’est pas sûr que si ces derniers avaient eu des parcelles, ils allaient pouvoir les construire. A en croire le maire, les choses ont été faites dans les règles de l’art pour apaiser la souffrance des riverains. Le maire a balayé du revers de la main les plaintes des riverains qui estiment avoir perdu leur chiffre d’affaires avec l’aménagement de la RN4. Pour le maire, ces riverains étaient d’abord installés anarchiquement en occupant le domaine public sans autorisation et ensuite, ils ne payaient pas leurs impôts. Au contraire, pour lui, c’est la mairie qui perdait de l’argent en termes de fiscalité car ses services ne collectaient pas d’impôts.

Il pense qu’ils doivent s’en prendre à eux-mêmes. "Ils ne peuvent pas être dédommagés parce qu’ils n’avaient pas de base légale", a justifié le maire. Pour ce qui est de la finition des travaux, il demande l’indulgence, la patience et la compréhension des usagers et des riverains. "Cette voie a causé beaucoup d’accidents mortels", a-t-il fait remarquer. Pour lui, cette voie, une fois finie offrira de meilleures commodités aux usagers et rendra la circulation plus fluide. Constat partagé par les riverains eux-mêmes Julien Yaméogo, artiste-décorateur, situé non loin de la voie qui soutient : "Mon souhait est que les travaux finissent vite pour permettre la fluidité de la circulation et nous éviter les victimes malheureuses dont nous sommes témoins au quotidien du fait de l’étroitesse de la voie".

Ambèternifa Crépin SOMDA (Stagiaire)

Le Pays

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