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CRISE IVOIRIENNE : Quand l’UA feint d’ignorer le verdict des urnes

Publié le lundi 31 janvier 2011 à 02h25min

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Selon le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), un groupe de chefs d’Etat des cinq sous-régions d’Afrique, trouveront une solution à la crise ivoirienne. Les décisions qu’ils rendront d’ici à un mois, s’imposeront à toutes les parties ivoiriennes. Jean Ping, le président de la Commission africaine, soutient que cela ne remet pas en cause « la reconnaissance par l’UA de la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle du 28 novembre dernier ».

Toutefois, à Addis Abeba, Laurent Gbagbo semble parvenu à ses fins : diviser les Africains pour continuer de régner tout en riant sous cape. L’UA confirme donc ce que nous redoutions : un aveu d’impuissance drapé du principe de non-ingérence. Par ailleurs, l’absence du président élu à ce sommet illustre davantage la faiblesse de l’UA. Depuis les tiraillements autour du dossier du Sahara occidental, il y a une trentaine d’années, jamais l’organisation panafricaine n’aura été confrontée à une crise aussi ouverte. Et il est fort dérangeant que ces divergences apparaissent suite à des élections parmi les mieux contrôlées de l’histoire !

Avec ses indécisions et ses multiples reports, l’UA adresse ainsi des messages négatifs à tous ces pays qui doivent organiser des présidentielles durant cette année. En effet, dans un contexte de désaffection de l’électorat du fait même de l’incurie des gouvernants, on aura fort à faire dans le futur, pour convaincre les populations de l’importance du jeu démocratique. Il sera difficile de parvenir à les mobiliser si nos élites elles-mêmes agissent dans le sens contraire à l’idéal démocratique. Pourquoi faut-il qu’en Afrique, des élections perdues par la voie des urnes nous conduisent à un tel manque de maîtrise de soi ?

Au Nicaragua, les Sandinistes qui étaient parvenus au pouvoir après des années de lutte armée, s’étaient, par la suite, prêtés au jeu démocratique. Ils ont perdu les élections une fois, puis ont reconquis le pouvoir par les mêmes urnes. Aucun remous ! Il aura fallu en Afrique l’échec lamentable du camp Gbagbo face aux électeurs ivoiriens, pour qu’une partie de la classe politique africaine vacille, au risque de compromettre les acquis démocratiques ! Avec le nouveau délai d’un mois de négociation entre l’élu, Alassane Dramane Ouattara (ADO) et le perdant Laurent Gbagbo, le sommet d’Addis Abeba semble avoir oublié que les messagers de l’UA, le Premier ministre kényan Odinga, et le président en exercice, ont été comme les précédents négociateurs, proprement éconduits par Laurent Gbagbo. Est-on si sûr que celui-ci se pliera aux nouvelles exigences ? A leur tour, les Houphouëtistes, excédés, pourraient se radicaliser et se fermer à toute autre initiative.

Trop de mauvaise foi anime les élites africaines, de sorte que Laurent Gbagbo aura finalement réussi à faire passer sa thèse : l’ingérence étrangère. Craindrait-il que son départ du palais le conduise à s’expliquer devant les instances internationales pour tous les crimes de sang et économiques perpétrés sous son régime ? Il a mobilisé un service d’avocats célèbres pour assurer une telle défense. Quelles retombées auront alors les décisions de l’UA sur cette procédure ? Assurément, l’organisation joue sa crédibilité à travers le dossier ivoirien. La fameuse « solution africaine » n’en est pas moins une illustration de ce défaitisme. Pourtant, la communauté internationale s’est impliquée dans ce dossier à la demande même des leaders ivoiriens.

La crise ivoiriennne, faut-il le rappeler, est née du refus de Gbagbo de reconnaître sa défaite aux élections. Sans doute aurait-on mieux gagné à utiliser les sommes colossales investies dans ces élections, à reconstruire le pays et à panser les blessures des familles ? En tout cas, le dossier ivoirien figurait à l’ordre du jour des entretiens que le président en exercice du G8 et du G20, Nicolas Sarkozy, a eus hier, à Addis Abeba. Le président français l’a évoqué avec certains chefs d’Etat dont Goodluck Jonathan, président du Nigeria et président en exercice de la région Afrique de l’Ouest. Sarkozy a profité de l’occasion pour faire un vibrant plaidoyer en faveur de l’attribution d’un siège permanent pour le continent au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.

Les volte-faces de l’UA sont à rapprocher de la prise de position de quelques intellectuels de la diaspora africaine. Certains, dans un passé récent, avaient pourtant servi de repères à biens des générations par leurs écrits. Nul n’ignore le lobbying qu’ils exercent auprès de nombre de dirigeants du continent. Malheureusement, certaines analyses sont si poreuses qu’elles peuvent faire reculer le mouvement démocratique. Contre toute logique, prenant même le contre-pied de leurs propres écrits, certains se font aujourd’hui les thuriféraires de Gbagbo. Pourquoi une telle complicité ?

L’appartenance au gotha des opposants historiques des bords de la Seine et de la Tamise, entre autres, suffit-elle à expliquer des sorties aussi passionnées ? Comment oublier que sur le terrain, des patriotes ont donné de leur vie, et que d’autres continuent de se sacrifier pour qu’aujourd’hui les principes élémentaires de la démocratie républicaine, soient une réalité sur notre continent ? Tous ces porte-voix font honte à l’Afrique car ils font reculer la lutte des peuples ! Puisque ces individus sont loin du théâtre des opérations, et qu’il leur est si difficile de pouvoir discerner le vrai du faux, qu’ils se taisent donc. Sinon, qu’ils se rangent du côté de ceux qui défendent la vérité : celle des urnes. Parce que les thèses qu’ils défendent sont celles généralement brandies par les dictatures lorsqu’elles ont perdu les élections !

Au sein de l’UA même, le sentiment dominant est que les dirigeants d’Afrique australe font preuve d’une réelle méconnaissance de la Côte d’Ivoire et de Laurent Gbagbo. Des années durant, c’est presque toujours les propositions de sortie de crise de Laurent Gbagbo qui ont été retenues. Jamais cet homme n’a honoré ses engagements. A force de tergiverser, l’UA se fait chaque jour complice de massacres des populations innocentes, au point de couvrir des formes déguisées de génocide d’étrangers.

Par son inaction, elle fera bien perdre patience à certains pays qui ne voudront pas continuer à assister impassibles à ces meurtres gratuits qui se déroulent quotidiennement en Côte d’Ivoire sous Gbagbo. Et plus le temps passe, plus il faut craindre pour la vie des acteurs politiques ivoiriens adversaires du camp présidentiel. L’UA et tous ceux qui défendent Laurent Gbagbo doivent donc se sentir responsables de ce qui pourrait arriver à ces derniers. Par ses incessants atermoiements, l’UA s’offre en spectacle et donne ainsi raison aux critiques occidentaux qui traitent les Africains de « grands enfants » ! Une image qui n’a pas de quoi nous rendre fiers sur le chemin de la démocratie.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 1er février 2011 à 20:17 En réponse à : CRISE IVOIRIENNE : Quand l’UA feint d’ignorer le verdict des urnes

    Ouf enfin je cherchais un moyen depuis hier, lorsque j’ai aperçu par hasard cet article dont le titre est choquant de vous répondre.
    Cher journaliste vous qui avez rédigé cet article, Quand j’ai fini de vous lire, j’ai eu mal au cœur, c’est à croire qu’il y a encore beaucoup d’effort à faire nous ivoiriens pour faire comprendre à nos frères burkinabé que nous aimons tant, combien de fois ils se trompent sur la crise en côte d’ivoire.
    n’oubliez pas qu’en septembre 2002 il y a une tentative de coup d’état contre le président Laurent Gbagbo qui s’est par la suite muée en rébellion armée et qui a consacré la partition du pays en deux bien attendu des rebelles qui ont eu pour base arrière votre territoire le burkina faso. Deux options s’offraient à lui soit par la force libérer son pays soit par la négociation. Il opté pour la deuxième, dans les accords qu’il a signé avec la rébellion il demandé une seule chose, après avoir tout donné, c’est le désarment et la réunification du pays avant les élections. Si vous êtes sérieux et honnête avec vous même soit vous accepté l’accord soit vous refusé, soro a accepter le poste de premier ministre, sans jamais désarmer et cela sans qu’il ne soit contraint à quoique ce soit. Il n’a jamais été inquiété par la communauté dite internationale.

    Alors même qu’on parlait d’élection libre, transparente et ouverte à tous, si tant est qu’ils n’ont aucune mauvaise intention, qu’est-ce qu’ils les empêchait de désarmer pour montrer leur bonne foi ? Plutôt que de mettre la pression sur soro c’est sur le président gbagbo qu’on le fait.

    Vous parler de démocratie, où est-ce que vous appris que c’est avec les armes sur la tempe des gens qu’on instaure la démocratie, ou qu’on chasse les représentant des urnes de l’adversaire qu’on installe la démocratie. Pourquoi refuse-t-il maintenant qu’on recompte les voix.

    Mes frères burkinabés nous on vous aime même si c’est pas réciproque puisque vous avez hébergé des gens qui par suite sont venus endeuiller des familles entières ici.

    Que Dieu vous pardonne cela.

    Mais sachez que si vous avez un peu de mémoire, qu’en 2000 Gbagbo n’a pas eu besoin d’une coalition d’armée étrangère pour l’installer au pouvoir et vous savez qui était son adversaire, c’était le général Robert Guei, même pas un civil s’il vous plait. Avec lui toute l’armée, en une journée et demi aux mains nues il est parti du pouvoir.

    s’il vous plait laissez Alassane là où il est, il est plus connu de l’étranger qu’ici. Il n’a jamais été élu président en côte d’ivoire. Il est président élu de L’ONU. Il est président reconnu par l’ONU il va gérer toute la planète terre et son palais peut être au ciel.

    Merci de me comprendre et faite tourner un peu ma matière grise avant d’écrire ces genres d’articles ok ?

  • Le 2 février 2011 à 13:11, par Davy En réponse à : CRISE IVOIRIENNE : Quand l’UA feint d’ignorer le verdict des urnes

    Vous savez Mr le journaliste celui que vous soutenez Mr Allassane Outtara a commis trop d erreurs dans sa marche vers le fauteuil presidenciel.
    La premiere est venue de la ville de kong dont il dit etre " originaire" si vous connez Kong ce Mr n a pas de case dans cette ville mais qu a t il fait de tout ce argent qu il a amasse au temps de feu Felix H B ? cela donne l impression aux ivoiriens qu il vient pas pour construire la cote d Ivoire si il ne l a pas fait pour sa propre ville

    2eme erreur Les differents coups d etat qu il a organise celui avec le Gl Guei et ce qui est dirige par son premier ministre Soro. Dc les ivoiriens le voient comme un sanguinaire
    il a meme dit a Mr Bedie qu il rendra la Cote d ivoire ingouvernable la suite on le sait pour memoire sachez que Bedie ne supporte pas ADO mais il est aujourd hui contraint de peur que ses biens ne soient pas saisis en France...

    3eme Pourquoi ne pas demander aux rebelles de desarmer si tu es sur d avoir les electeurs de Bedie qui te rend deja majoritaire ? afin que Gbagbo ne puisse pas contester les resultats ?

    4eme Pourquoi nommer SORO Guillaume premier alors que ce dernier est connu comme le "Pere " de la rebellion en le faisant il a etabli une conivence entre les accusations de mr Gbagbo qui ne visent personne d autre que la rebellion et lui.
    Au tant d erreur qui aujourdhui jouent enormement contre lui....
    La solution
    Laisse la tete RDR a un autre afin qu on un president Ivoirien d origine nordiste,
    Vous savez le futur president Ivoirien apres LG entre 2020 viendra du nord mais que ADO comprenne qu il pourra pas etre president en Cote d ivoire surtout a cause de l age limite c est dommage mais c est aussi ca l histoire
    Merci Davy

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