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Législatives et municipales 2012 : Attention, avis de tempête !

Publié le vendredi 28 janvier 2011 à 01h48min

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À la suite de la présidentielle du 21 novembre 2010, deux autres scrutins (couplés) sont programmés dans le courant de l’année 2012. Mais à moins de quinze mois de ces échéances, la polémique refait surface au niveau de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). En cause, la volonté manifeste de l’équipe sortante dirigée par Moussa Michel Tapsoba de vouloir coûte que coûte jouer les prolongations, au risque, dit-on, de mettre en difficulté les nouvelles autorités qui prendront le relais.

Le temps presse ! C’est là le point essentiel des déclarations faites par l’opinion nationale au sujet de l’organisation des élections parlementaires et communales à venir. Selon toute vraisemblance, le bureau entrant de la Ceni risque de se heurter à deux gros écueils.
Le premier, c’est le délai relativement court dont celui-ci disposera pour assurer un respect effectif de l’agenda électoral. Etant entendu que le dernier scrutin tenu il y a à peine trois mois a révélé de sérieuses défaillances dans la conduite des opérations, lesquelles se sont achevées, comme chacun le sait, dans la confusion.

Rappelons que les uns et les autres, faute de pouvoir s’entendre sur un minimum consensuel, ont dû se résoudre à laver leur linge sale en public, en se trimbalant devant les tribunaux. Mais à l’évidence, et en dépit des décisions rendues, l’arête est restée coincée dans la gorge. D’où ce scepticisme affiché sans retenue.

La seconde raison, et non des moindres, c’est le couplage des municipales et des législatives. Une option sans doute économiquement rentable pour les caisses de l’Etat mais techniquement compliquée à réaliser dans les faits, notamment par une Ceni relookée, sans grande expérience, et qui aura à peine le temps de s’installer.

Dans ces conditions, la catastrophe est à craindre pour notre jeune processus démocratique, si rien n’est fait, préviennent les organisations de la société civile réunies autour de plusieurs cadres de concertation.

L’un d’entre eux opine ainsi qu’il suit : « Il apparaît clairement que pour pouvoir disposer d’un processus électoral performant et apte à l’organisation d’élections crédibles, le temps s’avère déjà limité... Au regard de ce qui précède, nous estimons pour notre part, que le premier trimestre 2011 demeure capital et mériterait d’être mis à profit pour opérer les ajustements et prendre les mesures nécessaires concernant la Ceni, afin d’éviter tous les écueils et les travers connus par le passé. »

Plus loin, ils ajoutent : « La Ceni actuelle semble avoir perdu sa capacité éthique d’organiser des compétitions électorales honnêtes, transparentes et justes », en raison de « ses nombreux déboires financiers », ajoutent les requérants.
Conclusion, ils réclament d’un ton ferme et sans concession « le renouvellement anticipé du bureau, la publication du rapport de l’IGF et, enfin, la réalisation d’un audit financier et organisationnel » pour mieux voir dans ce qui s’apparente, à leur yeux, à une caverne d’Ali Baba.

Pour l’heure, la requête (qui n’est d’ailleurs pas nouvelle), n’a pas reçu d’écho favorable auprès des responsables sortants de la Ceni. Au contraire, ces derniers s’autocongratulent et estiment que le bilan de leur action est positif. Rejetant en bloc toutes les critiques dont leur gestion est l’objet, ils maintiennent dangereusement le cap, au risque de passer pour des kamikazes.

C’est dans ce contexte de tension qu’est intervenu le changement à la tête du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD), suite au dernier remaniement gouvernemental, qui a vu la reconduction de Tertius Zongo au poste de premier Premier ministre du second quinquennat de Blaise Compaoré.

En effet, c’est un Jérôme Bougouma « repenti et pardonné », selon les mots employés par le chef du gouvernement en personne, qui est revenu au-devant de la scène.

N’en déplaise aux journaux burkinabè qui en auraient fait leurs choux gras, Tertius Zongo affirme, sans coup férir, que les « quelques problèmes » du ministre Bougouma ne seraient plus que de vieux souvenirs. Il n’en fallait pas plus pour que ce dernier soit réhabilité et ramené à la surface. Désormais, c’est bien lui, Jérôme Bougouma, qui tient le gouvernail dans ce secteur d’importance qu’est le « MATD », auquel incombe la conduite d’une partie des opérations électorales, dans ce Burkina en voie d’émergence.

Arborant un large sourire à son arrivée au palais présidentiel pour la traditionnelle rencontre de prise de contact du nouveau gouvernement, le successeur de Clément Sawadogo a exprimé son désir de s’attaquer rapidement aux deux chantiers électoraux qui, on le devine aisément, attendent d’être exécutés dans les règles de l’art, « conformément aux standards internationaux ».

Cependant et en dépit de l’attention dont il est l’objet de la part du coordonnateur de l’action gouvernementale, une question se pose au sujet du comeback de l’ex-ministre du Travail et de la Sécurité sociale.
Disposera-t-il de tous les ressorts et de l’autorité nécessaires à l’accomplissement effectif de sa mission, quant on se remémore les conditions dans lesquelles il a démissionné du gouvernement en février 2010 ?

On peut en être certain, ce ne sera pas facile pour l’intéressé. Car, depuis 1991 et le retour à la démocratie, c’est bien la toute première fois au Faso qu’un ministre politiquement affaibli par la controverse, démissionnaire, et en vacances volontaires par rapport à l’action publique, est remis en selle au département de l’Administration territoriale en si peu de temps, surtout à la veille de rendez-vous électoraux majeurs.

Au niveau des partis politiques, pas question pourtant d’être distraits. Pour eux c’est bel et bien l’ultime virage avant le moment de vérité. Et tandis que les autres s’entraînent à se crêper les chignons, eux battent discrètement campagne, en vue d’une éventuelle reconduction.

À l’Assemblée nationale, nos cent onze députés s’apprêtent ainsi à plancher de manière plus ou moins « honorable » sur les dossiers de la présente législature. Pas de doute, chaque parlementaire aura néanmoins les yeux rivés sur la carte électorale, autant que sur son électorat.

Du côté des élus locaux, c’est également le moment d’engranger les derniers acquis avant la sanction populaire. À Ouagadougou en particulier, « little Simon », lui, a déjà pris les devants en se positionnant confortablement : visites de chantier au pas de course, inauguration d’infrastructures, réhabilitation d’ouvrages, rencontres avec divers groupes sociaux, en un mot c’est un maire résolument engagé à fond qui a entamé l’année 2011.

Face aux médias qu’il recevait à l’Hôtel de ville lors de sa traditionnelle cérémonie de présentations de vœux, il a maintenu le flou sur ses intentions, se contentant simplement d’affirmer que personne au sein de son Conseil municipal n’était au chômage, avant son entrée en fonction. Traduction possible, il est prêt à toute éventualité au cas où les Ouagalais opteraient pour le changement.

A. Traoré

Journal du Jeudi

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