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Droit à la santé : "Les nouvelles mesures excluent des Burkinabè"

Publié le jeudi 27 janvier 2011 à 03h28min

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Le secrétaire général du SYNTSHA, dans cet entretien qu’il nous a accordé le mardi 25 janvier 2011 à la Bourse du travail, donne des éclairages sur la plate-forme revendicative de son organisation syndicale. Pour lui, les nouvelles mesures prises par le département de Seydou Bouda excluent des Burkinabè du droit à la santé.

Comment se porte le SYNTSHA ?

Notre syndicat se porte bien. Nous couvrons presque tout le territoire national. Nos sections mènent régulièrement leurs activités et beaucoup d’entre elles développent des luttes autour de revendications qui leur sont propres.

Vous avez lancé un mot d’ordre de grève pour défendre votre plate-forme revendicative. Quelles sont vos préoccupations ?

Ce sont de vieilles revendications qui portent sur les conditions de vie et de travail, la gestion des carrières et les questions de rémunération. Mais de nouvelles revendications se sont greffées à la plate-forme à savoir les affectations de nos camarades du CMA de Léo, les textes sur la nouvelle tarification des actes à l’hôpital et l’introduction de la médecine privée dans nos hôpitaux publics.

Expliquez-nous davantage ces nouvelles revendications.

Courant 2009, nos camarades de Léo ont mené une grève. Entre-temps, des affectations ont été opérées et nos camarades ont été mutés. Ceux-ci ont pu entrer en possession d’un document dans lequel le directeur régional de la Santé, après avoir dressé une liste d’agents à affecter, a conclu en disant que telle est la proposition que j’avais à faire pour résoudre le problème de la grève. Donc, nous estimons que ces affectations sont liées à la grève.

Concernant la nouvelle tarification, les coûts ont été multipliés par 2, voire 3. Nous avons tous les documents, et les textes parlent d’eux-mêmes. Les hospitalisations, par exemple, sont passées de 4500 à 9000 pour la 1re catégorie. N’est-ce pas une augmentation ?

Sur la question de l’introduction de la médecine privée dans nos hôpitaux, les textes disent que les médecins spécialistes et les chirurgiens-dentistes ont deux journées par semaine pour prendre, à titre privé, des malades et ils ont le droit de les hospitaliser.

Le patient, une fois à l’hôpital, a le choix entre le secteur privé et le secteur public et doit s’engager par écrit. Tout cela me fait sourire. Comment demander à un malade d’un hôpital public de choisir ses soins par engagement ?

Quel problème cette nouvelle mesure sur l’introduction de la médecine privée à l’hôpital public peut poser dans la mesure où les patients se soignent aussi dans les cliniques auprès des mêmes spécialistes ?

Est-ce qu’il est normal que nos hôpitaux publics soient utilisés pour des activités privées ? Les propriétaires des cliniques ont fait leurs investissements. Or ici, ce sont des investissements de l’Etat (matériel, eau, électricité, personnel, salaire) qui profitent au médecin. En réalité, le problème ne se trouve pas dans les avantages des médecins.

Le vrai problème, c’est que cette mesure porte un coup mortel au secteur public de santé. C’est pourtant le secteur public qui est accessible à des Burkinabè qui sont très nombreux à vivre en dessous du seuil de pauvreté. L’Etat doit veiller à la concrétisation de leur droit à la santé et on ne peut pas accepter qu’on exclue massivement les populations de ce droit.

Vous êtes en discussion en ce moment avec les autorités. Où en êtes-vous avec les négociations ?

On a discuté des conditions de travail et de la gestion des carrières. Il reste la question des rémunérations, la nouvelle tarification, l’introduction de la médecine privée et les affectations. Mais jusque-là, les choses n’avancent pas puisque le ministère de la Fonction publique n’était pas présent. Or d’habitude, les ministres de la Fonction publique, de l’Economie et des Finances, des Ressources animales et le secrétaire général du gouvernement participent aux travaux.

Donc jusque-là, vous n’avez rien obtenu ?

On ne peut pas dire qu’on a obtenu gain de cause puisque ce sont des engagements en attendant que le dossier soit examiné par la Fonction publique. Mais il y a des points sur lesquels le ministère dit avoir fait des efforts comme au niveau des urgences.

La partie gouvernementale dit qu’on n’exige plus le paiement aux urgences avant les soins. Nous avons estimé que ces efforts étaient insuffisants parce qu’il y a des examens complémentaires à faire.

En plus, même si les indigents sont exonérés, il faut savoir qu’une situation d’urgence n’attend pas qu’on établisse que le patient est une personne indigente.

Et si à l’issue des négociations, vous sortez bredouille ?

Notre grève du 26 au 28 janvier 2011 entre dans le cadre de la lutte pour nous faire entendre. Nous avons déposé notre préavis le 5 janvier et les autorités n’ont pas réagi tôt. Dans tous les cas, on va statuer sur l’attitude à adopter à l’issue des discussions.

Ouédraogo Adama Damiss

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 27 janvier 2011 à 18:05 En réponse à : Droit à la santé : "Les nouvelles mesures excluent des Burkinabè"

    courage à tous les travailleurs de la santé, le peuple vous soutint !

  • Le 31 janvier 2011 à 13:40 En réponse à : Droit à la santé : "Les nouvelles mesures excluent des Burkinabè"

    bonjour,
    ce n’est pas pour prendre parti mais demandez combien touche un medecin aux etats unis et un medecin burkinabé.!!
    si l’etat veut garder tous ses medecins qu’il accepte de bien les payer ; mais comme personne ne veut le faire ils sont obligés de trouver des parades pour remedier aux grognes de ceux-ci.
    comment voulez vous qu’un medecin vive avec un salaire de 140 000 par mois quand on sait combien des moins diplomés sont mieux payés dans le pays (banque et autre).
    certains diront qu’ils ont preté serment...mais ne nous voilons pas la face on n’a jamais entendu qu’il s’agissait d’un serment de pauvreté !!!
    donc à mon avis, l’alternative à ce problème est de reviser la situation financière des professionnels de santé et vous verrez que ces reformes ne seront plus necessaires.
    merci

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