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PRESTATION DE SERMENT DE MBA OBAME AU GABON : L’effet domino de la crise ivoirienne

Publié le jeudi 27 janvier 2011 à 03h28min

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Après 41 ans passés au pouvoir, Omar Bongo Ondimba a tiré sa révérence début juin 2009. Cette disparition a donné le la à une guerre de succession. C’est ainsi qu’après un délai constitutionnel, une élection présidentielle a eu lieu le 30 août 2009. Selon les résultats définitifs validés par la Cour constitutionnelle, Ali Bongo Ondimba, fils du défunt président, a été élu avec 41,79% des voix devant l’opposant historique Pierre Mamboudou (2e avec 25,66%) et André Mba Obame (3e avec 25,33%). Arrivé troisième, Mba Obame revendique aujourd’hui la victoire.

Mieux, il s’est auto-proclamé président le mardi 25 janvier 2011, après une latence longuement larvée. Mais comment en est-on arrivé là ? Mba Obame n’a jamais reconnu les résultats. Il est soutenu en cela par un conseiller de l’Elysée qui, sur un enregistrement audiovisuel, aurait soutenu que Ali Bongo n’est pas, en réalité, vainqueur du scrutin du 30 août 2009. Wikileaks a également donné un coup de pied dans la fourmilière avec ses lancinantes révélations selon lesquelles Ali Bongo avait perdu les élections. S’il en est ainsi, Mba Obame a-t-il choisi la meilleure voie pour se faire entendre ?

En tout cas, sa démarche va à l’encontre des textes en vigueur. Mais lui ne l’entend pas de cette oreille. De fait, il s’estime être dans ses droits. "Le vote des Gabonais est plus fort que la décision d’une Cour constitutionnelle aux ordres (...) . Le Gabon doit être dirigé par celui que les Gabonaises et les Gabonais ont choisi", a déclaré Mba Obame dans son "adresse au peuple gabonais". En sus, il a cité et répété avec insistance un article de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen de 1793 qui dispose : "Quand le gouvernement viole le droit du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs".

A entendre Mba Obame, il semble s’inspirer de l’exemple tunisien, où une révolte populaire historique a renversé le président Zine El Abidine Ben Ali qui a régné pendant 23 ans. Il dit avoir pris le temps avant de faire sa déclaration. En tout cas, du temps, il en a pris, car il s’est fait investir un an et demi après les élections . De quoi intriguer et amener à s’interroger sur les réelles motivations de Mba Obame, d’autant qu’il n’est même pas arrivé en deuxième position. Veut-il provoquer une crise politique qui déboucherait sur une solution à la kényane, qui lui ferait récolter des strapontins ? Toujours est-il que sa tardive réaction dénote d’un mimétisme politique.

Il semble en effet s’inspirer de la dyarchie dont tente de sortir la Côte d’Ivoire depuis l’élection du 28 novembre 2010, oubliant que le Gabon n’est pas la Côte d’Ivoire. Obame est hors délai et, de ce fait, va à l’encontre de la décision de la Cour constitutionnelle. Son comportement frise la subversion. Et, au regard de la loi, il n’a pas d’argument. Toute chose qui rend sa démarche aussi vaine que le débat sur le sexe des anges. Il n’a pas explicitement demandé une révolte mais, sibyllin, il a dit être "prêt à tout". Reste qu’à bien y réfléchir, la conduite de Obame pose un problème substantiel : l’indépendance des Cours constitutionnelles dont les présidents sont généralement nommés par les chefs d’Etat. Ils sont donc interpellés. Ils doivent dire le droit, tout le droit et rien que le droit.

Boureima DEMBELE (Collaborateur)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 27 janvier 2011 à 10:51, par patriote En réponse à : PRESTATION DE SERMENT DE MBA OBAME AU GABON : L’effet domino de la crise ivoirienne

    Journaliste, avant de prendre parti,ou de juger le comportement de Mr Obame, il fallait chercher les informations. Un reportage sur la franceafrique diffusé sur France 2 a demontré que Ali ben n’a pa gagné les élections, et a renversé les chiffres avec le soutien de l’Elysée. Il ya eu plusieurs témoignages, les agents secrets de la France au Gabon, l"ambassadeur de la France au Gabon et autres acteurs de la Franceafrique.

    Qui a créer le droit ? c’est l’homme et il l’a créer dans son intérêt. Alors la cour constitutionnelle et autre ne sont pas crédible, mais le plus important c’est la voix du peuple.

    Si on condamne Gbagbo, alors condamnons aussi Ali Ben Bongo. Le Gabon n’est pas un royaume.

    Cordialement,

  • Le 27 janvier 2011 à 23:54, par house En réponse à : PRESTATION DE SERMENT DE MBA OBAME AU GABON : L’effet domino de la crise ivoirienne

    Monsieur Obame a attendu trop longtemp pour reagir. S’il aime son peuple, qu’il attende les prochaines elections dans son pays. Ce qu’il est entrain d’entreprendre ne fera que mettre le pays en mal. Et c’est la population qui va en souffrir. Le cas ici est beaucoup plus complexe que celui de la cote d’ivoire vu que monsieur Obame est troisieme, d’apres ’’les resultats’’ et surtout le long temps qu’il a mis avant d’agir. Leaders politiques faites passer la paix avant tout !

  • Le 28 janvier 2011 à 08:16, par sauvy En réponse à : PRESTATION DE SERMENT DE MBA OBAME AU GABON : L’effet domino de la crise ivoirienne

    Et voilà nous y sommes. La chienlit sera installée partout en Afrique, come quoi pour discréditer le choix de l’électeur, et retarder la marche du continent vers le développement. Les voix s’élevent déjà en Centreafrique pour préparer l’opnion à accepter 2 présidents. Et que dire des autres pays ou les élections seront organisées cette année 2011 ?
    Je n’hésite pas, chers internautes à déclarer que je suis contre l’action de Monsieur Mba Obame. Pourquoi a-il attendu la Côte-d’ivoire et la Tunisie pour lancer "sa révolution" et surtout plus d’un an après les élections dans son pays ? Élection ou il déclaré 3eme et non 2eme. Pour ceux qui vont comparer la situation gabonaise à celle de la Côte-d’ivoire, ayez l’honneteté de présenter les contextes et la situation qui sont totalement différents. En Côte d’Ivoire la Cours Constitutionelle n’a pas dit le droit (ref Art.63 & 64 du CE), ce qui n’est pas le cas chez vous. Je soutien la lecture du Journaliste. Merci de nous éclairer et ne pas vexer dans la désinformation, l’intoxiaction. Le respect mutuel s’il vous plait
    Que Dieu bénisse l’Afrique

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