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Editions Sidwaya : L’émergence en marche…

Publié le lundi 24 janvier 2011 à 00h35min

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Les Burkinabè peuvent boire leur petit lait : les Etalons cadets sont champions d’Afrique de football. La troisième finale en six participations à cette compétition, a été la bonne. L’Histoire, la mémoire et la fierté nationale retiendront que le 22 janvier 2011, les Etalons cadets, les plus jeunes de notre écurie footballistique, ont été sacrés champions d’Afrique à Kigali, au Rwanda, lors de la 9e édition de la coupe africaine de cette catégorie. C’était dur. C’était fort. C’était beau.

Pour la première fois, le peuple burkinabè goûte au nectar d’une victoire continentale à cette épreuve. Que c’est bon ! C’est bon de lever fièrement la tête, de pointer le doigt en l’air, d’esquisser un pas de danse, d’arborer un sourire oblique et de dire : « Nous sommes les champions d’Afrique ! Nous sommes les meilleurs ! » Soyons en fiers. Sortis de nos entrailles valeureuses, ces intrépides gamins ont raconté, à Kigali, de la plus belle des manières, l’histoire et la vaillance de leurs pères. Quand l’enfant est intrépide et intelligent, tout le monde dit : « C’est notre enfant. S’il est cousu de vices, on affirme, c’est l’enfant du voisin ». Qui dira, en ce moment, que les Etalons cadets ne sont ses enfants ?

Félicitations aux Etalons cadets, à leurs encadreurs, aux supporteurs de toutes les catégories, au public sportif. Nous sommes fiers de « nos » enfants, qui nous permettent de nous aimer à travers eux, de croire en notre étoile, en tant que nation à travers leur succès, de nous représenter l’avenir à la dimension de notre drapeau flottant au premier rang dans le ciel de Kigali.

Quel fut le prix de cette belle victoire ? Nous ne saurions le dire en si peu de lignes. L’essentiel, c’est de retenir que cette victoire nationale repose sur un travail d’équipe, une équipe qui s’est mesurée positivement, dans la durée, avec l’obstacle. Des joueurs encadrés par une équipe de techniciens, encouragés par une équipe informelle de passionnés de football, dans une solidarité toujours agissante, pris en charge par des autorités politiques et administratives toujours disponibles.

On imagine, les grincements de dents, la fatigue, la mauvaise humeur, si ce n’est l’ingratitude, la médisance et la méchanceté que les acteurs de notre victoire ont parfois vécus. Il leur a fallu tout d’abord, remporter maintes victoires sur eux-mêmes, avant d’offrir au peuple burkinabè ce beau cadeau du nouvel an 2011, une année qui ne ressemble plus aux autres. Victoire de l’unité, de la solidarité, de l’effort et du renoncement, victoire aussi, de la persévérance. Feu Joseph Ouédraogo, surnommé Jo Wéder disait : « En football, nous avons toujours failli gagner ».

Cette fois-ci, "it is there " ! ( :« c’est dans la poche »). Qu’il repose en paix en savourant cette victoire sienne, au-delà des frontières de la mort. Nos pères aimaient à deviser : « Ce n’est pas en un seul jour qu’on parvient à forer le puits ». Plusieurs années d’efforts et de sacrifices accouchent d’une victoire. On prend acte. On se réjouit. On réajuste ses armes et, surtout, on continue à courtiser le sort et les muses d’autres victoires encore plus éclatantes. Unité, persévérance, mais aussi patriotisme. Parfois, quand manque ce sentiment fort d’appartenir à une patrie qu’on aime et qui sait au moins que vous êtes là à son service, on se démobilise. Dans une patrie, l’application des uns fait toujours le bonheur des autres.

Le patriotisme est dévouement, un dévouement qui ne peut pas toujours attendre d’être reconnu et récompensé, malheureusement. L’Histoire de l’Europe et de l’Afrique traditionnelle nous instruit sur ce paradoxe décevant que les bâtisseurs de nations ont toujours été les moins récompensés par les nations même que leur dévouement ont portées au jour. Qu’est-ce que la France a donné à De Gaulle pour avoir sonné l’hallali de la révolte contre l’occupation et de la victoire ? Sans doute, quelque chose, mais pas assez. Qu’est-ce que la Guinée et l’Afrique ont donné à Samory Touré pour leur avoir montré la voie au prix de sa vie ? Sans doute, quelque chose, mais pas assez. Et j’en passe…

« Si nous sommes émergents en football, pourquoi ne le serions-nous pas dans tous les autres domaines ? » Le tout serait d’accepter de payer le prix d’une telle émergence : l’unité, la solidarité, la persévérance, le patriotisme, le dévouement pour la cause commune. Etre grand, ce n’est pas forcément faire de grandes choses, mais sûrement, faire ses petits devoirs de grand cœur.

Dans ce sens, le chemin de l’émergence totale de notre nation offre à chacun de nous, l’occasion d’être grand. L’exemple nous vient de nos propres enfants et nous voudrions demander à nos compatriotes de croire encore plus en eux-mêmes, aujourd’hui plus qu’hier et demain, plus qu’aujourd’hui

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 24 janvier 2011 à 11:36 En réponse à : Editions Sidwaya : L’émergence en marche…

    votre raccourci de l’émergence ne sied pas dans le contexte burkinabè. Le Burkina ne peut être émergent à court terme car trop de préalables ne sont pas réunis. Se laisser griser par la victoire des étalons est une chose mais de là à rêver pour le pays, il ne faut pas se leurrer. Ou alors, le football n’est que l’opium du peuple.Du pain et des jeux pour le peuple ! Vive les cadets car eux au moins ne sont pas encore gagnés par les tares des adultes.

  • Le 27 janvier 2011 à 04:37 En réponse à : Editions Sidwaya : L’émergence en marche…

    Sakandé,

    Nous aimons tous le foot. Le sport de façon générale et nous sommes très heureux que nos cadets soient champions d’Afrique
    .
    Mais voir en cela une émergence constitue une myopie d’esprit.
    Tu ne sais même pas quel est l’avenir de ces enfants. Ils auront des villas à Ouaga 2000 et après ?

    La Gambie a été 2 fois successivement championne dans la même catégorie, qu’en dis tu ? Nous avons battu l’Afrique du Sud en éliminatoire, sont ils moins émergents ? Que diras tu quand ils seront champions du monde alors ?

    Toutes les occasions sont vraiment bonnes pour plaire au régime mais de grâce

    Vivent nos cadets

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