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UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : "Les lendemains de l’année académique 2009-2010 ne seront pas des plus sereins"

Publié le lundi 24 janvier 2011 à 00h35min

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L’auteur du texte ci-dessous s’insurge contre l’augmentation des frais d’inscription dans certaines filières à l’université de Ouagadougou. Selon lui, tout subodore une nouvelle année de troubles et d’agitations si cette nouvelle disposition n’est pas reconsidérée.

Au risque de passer pour un oiseau de mauvais augure, il y a fort à parier que les lendemains de l’année académique 2009-2010 ne seront pas des plus sereins à l’Université de Ouagadougou (UO). Après les agitations et perturbations des années 2008, 2009 et 2010, tous les ingrédients semblent réunis pour que 2011 soit, à l’instar des précédentes, chaude voire détonante. Comme un coup de massue, une vague d’augmentation des frais d’inscription frappe l’université de Ouagadougou. Les premiers concernés en sont encore à se remettre de leurs émotions. Appréciez ! Nonobstant l’admission au test d’entrée en première année de journalisme et communication, les étudiants devront s’acquitter, pour compter de cette année académique, de la somme de 250 000 F CFA en guise de frais d’inscription contre 15 000 F CFA les années antérieures.

Il en est ainsi pour le département de traduction-interprétariat où les frais d’inscription ont également pris l’ascenseur l’an dernier pour monter à 265 000 F CFA contre 15 000 F CFA précédemment. Au-delà de la carence de pédagogie et de concertation dont a fait preuve l’administration universitaire dans la mise en œuvre brutale de cette mesure de revue à la hausse des frais d’inscription, ce qui décontenance plus d’un, c’est la proportion astronomique dans laquelle se situe cette augmentation. Ce n’est pas sérieux, c’est inadmissible, révoltant, scandaleux, indécent et choquant !

Bien que variés, les qualificatifs pour désigner la mesure expriment un même sentiment d’indignation et de mécontentement. Pour notre part, nous estimons que si ce n’est pas de la provocation, un casus belli à l’attention de la communauté estudiantine et des structures de "défense des intérêts matériels et moraux des étudiants", ces agissements des autorités universitaires y ressemblent bien. Ne soyons pas dupes ! Bien que l’effectif de ces deux écoles ne vaut même pas 1% de l’effectif global de l’université de Ouagadougou, bien que ladite université soit striée et compartimentée en départements, instituts et UFR dotés de relatives autonomies, il faut être d’une déconcertante simplicité d’esprit pour ne voir en cette inflation des frais d’inscription qu’un acte isolé qui se cantonnera uniquement à ces deux départements de l’UFR/Lettres, art et communication.

Et pour cause, dotée de la personnalité juridique, l’université de Ouagadougou, faut-il le rappeler, est une entité placée sous l’administration d’un président lui-même tenu en sujétion vis-à-vis du gouvernement à qui il doit sa nomination. Comment alors ne pas voir en cette augmentation des frais d’inscription, une décision émanant du sommet ou, pour tout le moins, avalisée par les hautes autorités et visant, à terme, l’extension et la généralisation aux autres Unités de formations et de recherches (UFR) et universités ? L’application de la mesure à ces deux départements, dans un premier temps, passe alors pour une expérimentation visant à sonder le terrain.

Toujours est-il que des interrogations subsistent quant à l’opportunité de cette flambée artificielle des frais d’inscription. A quoi bon cette augmentation exponentielle quand on sait que l’étudiant burkinabè ne roule pas sur l’or ? A quoi bon cette augmentation en ces temps où le SYNADEC redonne de la voix relativement à la non-tenue de ses engagements par la partie gouvernementale ? Vise-t-elle à en rajouter à la tension ambiante, en invitant dans la danse les syndicats estudiantins au risque de compromettre gravement le processus de normalisation du calendrier académique fait de téléscopages, d’enchevêtrements et d’imbrications d’années académiques ? Une chose est sûre, dans ce climat de ni paix, ni guerre qui prévaut à l’UO, cette mesure ne sera pas pour rasséréner acteurs et observateurs du secteur de l’enseignement supérieur public.

L’atteinte de l’équilibre des finances dans les universités publiques, qui est sans nul doute l’objectif poursuivi par les initiateurs de cette politique, disons-le clairement, est une chimère. Avec la santé, les sports, les loisirs et l’action sociale, entre autres, l’éducation relève des secteurs dits sociaux auxquels doit être consacrée une part substantielle du budget de l’Etat. Même si l’on estime que ces secteurs ne génèrent pas de l’argent. A décharge pour ces secteurs réputés improductifs, il faut néanmoins faire remarquer que dans une société civilisée, tout ne se rapporte pas qu’à l’économique et au financier. Il faut savoir mettre l’humain au centre de tout. Financer l’enseignement supérieur public n’est pas faire œuvre de charité !

La communauté estudiantine, en tout cas, de même que tout esprit avisé, nous osons le croire, ne le conçoit pas comme tel. La prospective (et il existe bien un ministère chargé de la Prospective dans notre pays !) permet d’appréhender ce que gagne un Etat qui, plus, est sous-développé, à porter à bout de bras, entre autres, l’éducation et la formation de sa jeunesse. Comme elle a toujours su si bien le faire, la communauté estudiantine, mise en face de ses responsabilités, se doit de s’assumer devant l’Histoire et les générations à venir.

Au lieu d’offrir le spectacle d’étudiants geignant, larmoyant, pleurant, grinçant des dents, se roulant par terre et s’apitoyant sur leur infortune, nous nous devons de dire non, avec la dernière énergie, à l’augmentation hors de proportion des frais d’inscription dans les filières sus-mentionnées. Faire donc barrage à ce qui apparaît comme un plan cynique et inique visant, à terme, l’épuration de l’université publique des couches économiques modestes et/ou des pauvres, est une question d’honnêteté et de probité intellectuelles. Fermons la porte avant que n’entre le fantôme à l’université de Ouagadougou, à l’université de Koudougou et à l’université polytechnique de Bobo-Dioulasso !

GNAON Nedanlou Ismaël Narcisse, étudiant en 3e année de droit à l’université de Ouagadougou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 24 janvier 2011 à 01:53 En réponse à : UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : "Les lendemains de l’année académique 2009-2010 ne seront pas des plus sereins"

    Toi tu es vraiment naif.
    C’est maintenant seulement que tu as compris ce systeme educatif ? Moi j’ai quitte le pays il y a 15 ans pour poursuivre mes etudes a l’etranger. J’ai fini et j’ai meme trouve du travail ici aux USA. Au lieu de chercher a immigrer, vous passez tout votre temps depuis les annees 90 a vous plaindre du regime qui ne change point.

  • Le 24 janvier 2011 à 02:37 En réponse à : UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : "Les lendemains de l’année académique 2009-2010 ne seront pas des plus sereins"

    C’est qui meme qui est l’actuel presi de l’UO ? Je ne comprends pas les gens quoi. Comment on peut faire une augmentation de je ne sais combien pourcent....et quelles sont les raisons utilisees pour justifier cette augmentation...c’est ridicule..on dirait qu’ils ne veulent pas la paix..oubien c’est une maniere de s’assurer que ceux sont les enfants de riches qui auront acces...heyy...vraiment je ne sais meme plus quoi dire...il faudra qu’on nous justifie cette augmentation...

  • Le 24 janvier 2011 à 08:00 En réponse à : UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : "Les lendemains de l’année académique 2009-2010 ne seront pas des plus sereins"

    C’est une réelle description de la situation de nos Universités publiques que vous avez fait.MERCI.

  • Le 24 janvier 2011 à 08:49, par Tapsoba En réponse à : UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : "Les lendemains de l’année académique 2009-2010 ne seront pas des plus sereins"

    Je rêve ou quoi.L UO n est-elle plus un service publique ? Si l émergence consiste à prendre des décisions qui tendent,ni plus ni moins , à l exclusion sociale,disons le net,on est mal barré.

  • Le 24 janvier 2011 à 09:16 En réponse à : UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : "Les lendemains de l’année académique 2009-2010 ne seront pas des plus sereins"

    De 15000 à 250 000 ! Patisankana... Je m’imagine, fils d’un paysan pauvre, m’aventurer dans de telles filières... et comme l’auteur de l’article l’a souligné, cela n’est qu’un test pour la marchandisation de l’enseignement supérieur. Alors, que les pouvoirs décisionnaires ne s’étonnent pas que les étudiants veuillent lutter pour l’équité et la... décence !

  • Le 24 janvier 2011 à 09:26 En réponse à : UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : "Les lendemains de l’année académique 2009-2010 ne seront pas des plus sereins"

    Tout d’abords je tiens à saluer le courage de l’auteur pour son cri de coeur. Cependant, il est à remarquer que dans les université publiques des frais colossaux sont dégagés chaque année pour les formations à caractère professionnel dont fait partie les formations dont notre auteur fait cas ici. Et les frais dont l’auteur parle ne sont pas des frais d’inscription mais des frais de formation (Travaux pratiques, sortie de terrain, achat de consommables pour les impressions ...). Et toutes les filières professionnelles subissent la loi de ces besoins fondamentaux. Sans supporter les autorités universitaires, je pense qu’au niveau du conseil scientifique et du conseil de la vie universitaire (CFVU), il a été arrêté que pour les formations professionnelles, les frais de formations devraient être fixées par les responsables de chaque formation en fonction des exigences de la formation et que ces frais devraient être validés par les autorités universitaires pour éviter des sommes exorbitantes. Et en début d’année (à ma connaissance), les frais des formations dont l’auteur fait cas ont été revus à la baisse par les autorités universitaire par rapport à ceux fixés initialement par les responsables de ces formations. Que donc notre cher étudiant ne se panique pas, les frais d’inscription de l’université, s’ils devraient varier ne changeront pas de façon exponentielle. Cependant, comme cela a été toujours le cas, ceux qui voudront entreprendre des formations professionnelles devraient être prêt à payer des frais de formation. Bon courage à nos étudiants. Un enseignant

  • Le 24 janvier 2011 à 11:36, par Inconnu En réponse à : UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : "Les lendemains de l’année académique 2009-2010 ne seront pas des plus sereins"

    merci camarade ! très bon article et surtout, très bonne analyse. J’invite les camarades des autres UFRs à resserrer les rangs, à rester vigilants et motivés pour la cause de tous. Aujourd’hui, ça touche 1% de l’effectif de l’UO. Demain, ça touchera plus.c’est maintenant qu’il faut de mobiliser pour stopper l’hémorragie. Pour les étudiants qui ont peur de les évennements de 2008 se répètent, je leur dis tout simplement, "Vous avez le droit d’avoir peur, mais PENSEZ A VOS PETITS FRÈRES, A VOS ENFANTS QUI VIENDRONT PLUS TARD A l’UO...". Malheur à ceux qui ballonnent le peuple. Le jour viendra où ils payeront pour tout ce qu’ils ont faits !

  • Le 24 janvier 2011 à 13:57, par Momo En réponse à : UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : "Les lendemains de l’année académique 2009-2010 ne seront pas des plus sereins"

    Vous aussi, faîtes pardon. L’université de Ouagadougou n’est pas le seul horizon, y’a ailleurs aussi. On n’est plus dans un village mossi ou samo mais un village planétaire. La semaine dernière dans la chronique du fou, il attaquait les correcteurs qui n’ont que la maîtrise ou le DEA et doctorants pour un certain nombre d’entre eux. C’est comme cela partout dans le monde. En Europe, en Amérique du Nord, personne ne corrigerait 2000 copies. Dans beaucoup d’universités américaines et canadiennes au-délà de 70 élèves, les prof ont droit à un ou des assistants pour la préparation des documents pédagogiques et les correction du cours. En France, il y a des allocataires -moniteurs, des chargés de cours, des ATER... qui n’ont pas le doctorat mais fonds des TDs, participent aux jurys des diplômes. Nous ne sommes donc pas singuliers. Ouagadougou, c’est un point sur la carte et en termes d’excellence, l’UO s’y connait ; y’a qu’à voir les résultats du Cames. Les menaces et les grèves hypothèquent l’avenir et on ne peut se permettre ces plaisanteries. Une université rayonne et a des échanges avec l’extérieur pour se vivifier. Si vous allez en grève, personne ne peut établir de coopération d’enseignement et de recherches et petit à petit on est déclassé. Que voulons-nous ? Un gros lycée ? un centre d’excellence... Bref, il faut mettre balle à terre. Que les acteurs actuels se concertent et surpassent les malentendus, les rancœurs. Il faut surtout se donner un plan stratégique de l’enseignement supérieur si l’on veut réellement un Burkina émergent. Koudougou, Dédougougou, Bobo, Fada ne doivent pas être des satellites des UO mais des centres avec des personnalités différentes... y’a beaucoup à dire et je crois aussi que chacun a son mot à dire : les anciens de ces universités, la diaspora (dans les universités et centres de recherches à l’étranger qui peuvent faire profiter de leurs expériences), les politiques, la société civile... bref, tous ceux qui ont à cœur le take off du Burkina. Des états généraux, des forums... il va falloir se causer pour ne pas avoir à aller dans les bas-fonds jusqu’à sonder si nous avons du pétrole.

    • Le 24 janvier 2011 à 23:03, par Abou En réponse à : UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : "Les lendemains de l’année académique 2009-2010 ne seront pas des plus sereins"

      Momo, je ne sais pas si vous avez frequente a l’Uo ou dans certaines universites d’Afrique mais votre analyse manque d’experience non seulement du statut economique de nos pays mais aussi vous manquez d’une connaissance de base de l’Univ de Ouaga et de la qualite de l’enseignement. Si ce que cet etudiant dit est vraie et bienf fondee, alors je deplore la situation est tres deplorable. dans un pays ou la population survie a moins de 2 dollars par jour vous parler de 250000 pour les frais de scolarites ? Cela veut dire que nous nevoulons plus former des intellectuels c’est tout et qu’on en a marre des fils de pauvre qui constituent plus de 80% de la population. Moi j’ai frequenter l’univ de Ouaga et je sais ce que ca vaut. Je suis du moins d’accord avec vous quand vous interpeller les gens a la realite et leurs conseiller d’eviter les greves. je suis parfaitement d’accord que les greves ont beaucoup ralentis le systeme educatif. Les cites univ sont fermees aux etudiants, le FONER ne peut pas supporter tous les etudiants, il y’a manque d’emplois, le gouvernment est tres inexperimentee quant il sagit d’utiliser le potentiel humain : la jeunesses, les diplomes. Alors que se passe t-il ? beaucoup ont le Doctorat et sans emplois, d’autres ne peuvent meme pas franchir la licence pas parce qu’ils ne sont pas intelligents mais tous simplement le manque d’infrastructures, de resources academiques (librarie, bibliotheques, centres ... ). Si tu echoues a L’univ de Ouaga, ou iras tu ? a bobo c’est technique et a Koudougou c’est privee et encore plus chere. si non les gens ne viennent pas a Ouaga parce qu’ils veulent etre dans la capitale, c’est la seule univ accessible a tous. Et ils veulent augmenter les frais a 250,000. je ne suis pas contre une qlqcq augmentation de frais dans les circomstances incontournables mais de 15000 a 150000 ou 25000 c’est trop. Vous comparez nos univ a des univ canadiennes. Mon frere ou ma soeur momo de grace. J’etudis dans une de ces univ dont vous avez citee mais le revenue de la population et le statut economiq n’est pas a comparer. Et puis tu oublis beaucoup d’Americains ou canadiens sont endettes jusqu’au cou pendant au moins 20 afin d’aller a l’ecole. Nous on a pas cette opportunite ! nos pays sont pauvres et il y’a beaucoup d’etudiants. La corruption, les detournements de fonds font que la situation est statu quo, ca n’avance pas. Les professeurs sont vieux a la retraite mais reviennent enseigner par manque d’enseigants. Ils ne sont plus productif et a cause de la rugueur et des conditions ils n’ont former personne ou tres tres peu pour la releve !! Bref !! je m’arrete la.

  • Le 24 janvier 2011 à 16:37, par LeBurkidePuteau En réponse à : UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : "Les lendemains de l’année académique 2009-2010 ne seront pas des plus sereins"

    Des états généraux, des recommandations, des assises nationales, ce n’est pas ce qui a manqué pour sortir le système d’enseignement supérieur de l’ornière au Burkina. Autant le dire, nos universités sont de gros lycées en dehors des facs de médécine et de pharmacie, le reste, ça craint.
    le vrai problème du Burkina, c’est qu’on a à la tête du pays un anti-diplômé pour ne pas dire anti intellectuel.
    dans ces conditions, les tenants du pouvoir ne prennent jamais des décisions réfléchies et concertées au niveau de l’université.
    la mesure d’augmentation des frais de formation pour les filières professionnalisantes est aussi abruptes qu’inintelligentes. ça n’a pas commencé aujourd’hui, ça ne risque pas de s’arrêter tant qu’on a les mêmes dirigeants.

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